A peine un peu de bruit,
Karine Reysset,
Ed. L'école des loisirs, 2006
Mot de l'éditeur :
"Soudain, les flûtes de champagne sur le vaisselier se mettent à tinter, à chanter. Pourtant nous sommes tous les cinq autour de la talle, les fenêtres sont fermées et il n'y a pas le moindre courant d'air. Maman sourit: - C'est Loïc qui nous fait un signe, il veut participer " Loïc est là. Partout et à chaque instant. Charlotte le sent, le respire. Il veille sur elle, et Charlotte, l'aînée de la famille, veille sur sa mémoire. Elle lui rend souvent visite et vient s'asseoir sur le petit carré d'herbe dans le cimetière. Si bien que, un beau jour, elle finit tout naturellement par pousser la porte de l'église voisine. Elle s'y sent bien. Pieu doit veiller sur Loïc aussi. C'est dans l'église qu'elle viendra le voir désormais. Jusqu'au déménagement...
Ma lecture :
Ce petit livre m'attendait dans mes étagères depuis quelques temps. En fait, je l'avais déjà lu il y a une dizaine d'années, emprunté dans une bibliothèque rennaise. Je me le suis offert l'année dernière après la lecture du roman de Karine Reysset : Trois mois et un jour.
A peine à peu de bruit est un roman jeunesse, prologue, genèse, de son roman qui sortira quinze ans plus tard, Trois mois et un jour.Charlotte est collégienne et cache une blessure invisible : la mort subite de son petit frère alors qu'elle n'avait que 6 ans. Loïc n'avait que trois mois (et un jour). Depuis, Charlotte lui parle, va le voir dans son petit jardin au cimetière, se console dans sa nouvelle foi chrétienne, feuillette les rares photos que la famille, unie dans ce deuil, possède. Ce n'est pas un deuil morbide mais éclairé, pour garder la mémoire fragile de ce petit frère disparu. Et c'est bien cela l'important, garder cette mémoire.
Karine Reysset signe là un roman sincère et poignant sur la mort de son petit frère et pose ses mots pour ne pas l'oublier. L'émotion est très belle car garder présent cet absent sans sombrer dans le pathos mais tendre vers la lumière de la vie est un combat quotidien. Le deuil d'une vie. Cette émotion est présente dans beaucoup de romans de Karine Reysset, comme une obsession, comme un promesse tenue. Celle de toujours faire un peu de bruit pour lui...
Je regarde le travail d'écriture, derrière ce petit roman, le personnage narrateur que l'auteur utilise pour parler à la première personne. Elle se cache à peine derrière son personnage et ce "Je", quelques années plus tard, s'imposera, l'affranchira, la libèrera dans Trois mois et un jour. Tout comme le "tu", nécessaire pour évoquer, invoquer ce petit frère.
Bref, c'est toujours une aventure émotionnelle de lire ses mots. Merci Karine Reysset.
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?