lundi 15 juillet 2024

L'Incroyable Histoire de la littérature française

L'Incroyable Histoire de la littérature française,

Catherine Mory et Philippe Bercovici,
Ed. Les Arènes BD, 2022


Mot de l'éditeur :

" C'est drôle, érudit, dense, scrupuleusement juste et documenté... Jubilatoire. " La Vie

Savez-vous que :

Hugo faisait tourner les tables ?
Balzac a pensé devenir cultivateur d'ananas ?
Voltaire appelait ses contes des couillonnades ?
Pascal a inventé la première calculette ?
Baudelaire se teignait les cheveux en vert ?
Duras a caché un résistant nommé François Mitterrand ?

Au diable statues vermoulues, perruques poussiéreuses et pourpoints défraîchis : L'Incroyable Histoire de la littérature française raconte, à travers des anecdotes truculentes, la vie et les oeuvres des plus grands auteurs français du XVIe au XXe siècle. Cet album passionnant s'adresse aussi bien aux novices qu'aux férus de littérature. Il transformera à jamais votre vision des écrivains qui, bien que géniaux, restent avant tout... des êtres humains.

Quand une BD s'empare avec humour des classiques et nous présente les génies français dans leur plus simple appareil...
Un livre qui donne envie d'en ouvrir beaucoup d'autres !


Dealer : Livres in room, Saint-Pol-de-Léon


Ma lecture :

L'Incroyable Histoire de la littérature française retrace, comme son titre l'indique, l'histoire de la littérature française, du XVIème au XXème siècles, à travers une trentaine d'auteurs classiques, c'est-à-dire étudiés en classe. Et les auteurs étudiés en classe sont, par définition, souvent soporifiques car lus sous la contrainte à un âge où ne comprend pas tout à faire la dimension de l'œuvre, à moins d'avoir des professeur géniaux. J'ai ai eu parfois, d'ailleurs ;)

Tout ça pour dire que Catherine Mory, professeur de lettres, s'associe au dessinateur Philippe Bercovici, pour nous reparler des grands auteurs et de leurs grandes oeuvres en dehors du carcan de l'école et avec beaucoup d'humour et de second degré. Victor Hugo, Balzac ou Flaubert ne passaient pas leur vie attablés devant leurs manuscrits, une plume à la main. Ils étaient avant tout des être humains avec, finalement, quelques travers croustillants. La littérature et ses auteurs sont descendent de leurs piedestaux, sans trahir leur génie, mais pour redevenir des hommes des hommes ordinaires.

J'ai pris beaucoup de plaisir à redécouvrir certains romans. En effet, chaque auteur a son chapitre biographique qui contient quelques résumés d'oeuvres comme Thérèse Raquin, Bel Ami, ou encore le poème Le dormeur du Val, d'Arthur Rimbaud. 

Une bande dessinée où humour et érudition font un mariage d'amour : celui de la littérature française !
A faire lire à ceux qui ont quitté les bancs de l'école et à ceux qui les usent encore, pour démystifier les auteurs étudiés en classe.

A noter que la collection "L'incroyable histoire de" propose une farandole de thématiques : la médecine, le vin, la mythologie, la cuisine, de quoi rassasier moultes appétits !

vendredi 12 juillet 2024

Stoner

Stoner,

John E. Williams,
Ed. Le Dilettante, 2011
(Version originale, USA, 1965)


Mot de l'éditeur :

Fils de paysan, William Stoner débarque à l'université du Missouri en 1910 pour y étudier l'agronomie. Délaissant ses cours de traitement des sols, il découvre les auteurs, la poésie et décide de se vouer à la littérature, quitte à décevoir les siens. Devenu professeur alors que la Première Guerre mondiale éclate, cet homme solitaire et droit traversera le siècle et les tumultes de sa vie personnelle avec la confiance de celui qui a depuis longtemps trouvé son refuge : les livres.

“Un livre à l'amertume intense, économe de ses mots et d'un pessimisme implacable. C'est un diamant noir.ˮ
L'Express

PRIX MÉMORABLE DES LIBRAIRES INITIALES 2011
Traduit de l'anglais [États-Unis] par Anna Gavalda.


Dealer : Livre surprise, Espace Culturel Plougastel (29)


Ma lecture :

J'ai découvert ce roman tout à fait par hasard. J'ai tout bonnement acheté un des livres surprise que propose l'Espace Culturel de Plougastel (29) avec pour seules indications, quatre mots-clés : histoire de vie, université, amour impossible, bouleversant. Une fois l'emballage ouvert, le titre et l'auteur se révèlent : Stoner, de John Williams. Je n'en avais jamais entendu parler.
Et pour cause, sorti aux Etats-Unis en 1965, sans grand bruit, mais en le qualifiant de trésor caché de la littérature américaine, il n'a été traduit, par Anna Gavalda, qu'en 2011 !

Bref. Lecture à l'aveugle.
L'aventure, quoi !

Début du XXème siècle.
Stoner est voué à reprendre la ferme familiale dans le Missouri. Il n'a, d'ailleurs, jamais réfléchi à autre chose. Mais quand l'Université de Colombia ouvre une section d'agronomie, le conseiller rural le pousse à s'inscrire. Et son destin bascule. Une option de littérature anglaise va le faire tomber amoureux des lettres. Il n'étudiera plus l'agronomie mais va se révéler dans la littérature qu'il étudiera jusqu'à devenir, lui-même, professeur d'université. Rien que ça.

Et entre temps, il va épouser une femme dont il se rendra compte, dès la nuit de noce approximative, que son mariage est voué à l'échec. Ils resteront malgré tout ensemble, par convenance et praticité et élèveront discrètement leur fille. Stoner est un roman d'histoire de vie, proche de l'autobiographie. Et son personnage éponyme est tout à fait intéressant, tantôt héros puisqu'il sort de sa voie toute tracée pour expérimenter une nouvelle destinée, tantôt antihéros puisque, somme toute, il ne s'implique pas assez dans cette destinée, comme s'il vivait à côté de sa vie. Il est attachant, énervant, passif, maladroit, touchant, triste. C'est ça, William Stoner est triste, ce qui recouvre d'un voile triste le roman tout entier. Mais n'est-ce pas là, le génie ? Dans ce roman triste, Stoner brille par son amour de la littérature à qui il vouera sa vie entière, quitte à être un mari transparent, victime de sa femme elle aussi transparente en plus d'être acariâtre. Ses maladresses apportent, malgré lui, des touches d'humour et d'émotions au roman. De plus, retrouver les bancs de l'université ne fût pas pour me déplaire. 

Bref, merci Espace Culturel pour la découverte de cette plume oubliée et de la littérature américaine.
Une écriture faussement simple au service d'un héros, lui aussi, faussement simple. 
Impossible à oublier tant ce roman est bouleversant !

mercredi 10 juillet 2024

125 et des milliers

125 et des milliers,

125 personnalités racontent 125 victimes de féminicides,
Dirigé par Sarah Barukh,
Ed. Harper Collins, 2023


Mot de l'éditeur :

125 personnalités racontent 125 victimes de féminicides

Salomé avait 21 ans, était étudiante en sociologie et anthropologie, et voulait devenir institutrice.
Marie-Alice, 53 ans, était chercheuse en biotechnologie et féministe convaincue.
Myriam, 37 ans, était championne d’équitation, diplômée de Saint-Cyr et mère d’un bébé de 14 mois.
Gülcin, 34 ans, mère de quatre enfants, avait déposé plainte et écrit au procureur de la République.

Et pourtant…

En France, une femme est assassinée par son compagnon ou ex-compagnon tous les deux jours et demi, soit en moyenne 125 femmes par an.
Qui sont-elles ? Quelle est leur histoire ? Comment en sont-elles arrivées là ?
Pour une fois, les victimes ont un visage. 125 personnalités de la littérature, des mondes politiques et artistiques, prennent la plume pour raconter ces vies détruites et ce que les chiffres ne disent pas.
À travers l’analyse de son parcours de femme touchée par la violence et ses entretiens avec des policiers, psychiatres, avocats, associations, philosophes…, Sarah Barukh cherche à comprendre l’emprise, les schémas communs aux féminicides et le rôle de la société dans ces assassinats.
Un livre hommage pour se souvenir et faire réfléchir à notre implication à tous, collectivement. 125 voix et des milliers se lèvent pour que ces meurtres cessent.


Dealer : Dialogues, Brest


Ma lecture :

L'autrice Sarah Barukh a réuni 125 personnalités pour évoquer le destin de 125 femmes victimes de féminicides. 

mardi 9 juillet 2024

Pour l'amour de Lauren

Pour l'amour de Lauren,

Karine Lambert,
Ed. Presses de la cité, 2019


Mot de l'éditeur :

Au nom de la vérité, Gemma, New-Yorkaise, a fait voler en éclats son quotidien trépidant de femme d'affaires. Sous le charme de la Normandie, elle part sur les traces de son aïeule, Philippine, grâce à ceux qui l'ont connue.
Par amour, celle-ci a tout quitté, sa famille, sa Normandie. Pour Ethan, un beau GI rencontré à l'été 1944, Philippine a rejoint sa belle-famille en Louisiane. Passé le choc de la découverte du Nouveau Monde, le bonheur s'offrira-t-il à la jeune exilée, mariée, enceinte, loin des traditions de son pays natal ?
Gemma veut savoir : quelle était la vie de Philippine, là-bas, à La Nouvelle-Orléans ? Pourquoi est-elle rentrée en France ? Seule ?
Entre deux continents, deux époques, portraits croisés de deux femmes entières qui vibrent à l'unisson. Pour l'amour d'une petite fille, Lauren...


Ma lecture :


Passionnée par le sujet des war brides évoqué dans Les amants de l'été 44, j'ai eu envie de poursuivre ma lecture de cette saga en deux tomes.  

Dans le premier tome, nous quittions Philippine sur le bateau à destination des Etats-Unis, bateau uniquement affecté pour les war brides comme elle, pleines d'espoirs et d'inquiétudes...
En effet, le sort de ces jeunes femmes, éblouies par l'amour et le rêve américain, est fascinant, romanesque et parfois tragique. Certaines reprennent aussitôt le bateau vers Le Havre, leurs prétendants les ayant oubliées. Les plus chanceuses convolent avec leurs maris mais déchantent souvent. La vie qui les attend n'est pas tout à fait ce à quoi elles aspiraient. Elles se retrouvent sur un continent inconnu avec des coutumes, une religion, une langue tout à fait différentes. Parfois elles se retrouvent au fin fond du Nevada, du Nebraska ou du Texas. Le choc des cultures est saisissant !

Notre héroïne, Philippine, emménage avec son mari dans la villa familiale qui tombe en décrépitude en Louisiane. Elle cohabite alors avec une famille, une culture et une gastronomie inconnues qui la laissent perplexe. Son mari aussi, n'est plus le GI sauveur mais un GI traumatisé par la guerre. L'alcool va bientôt réveiller ses démons... La famille reste nostalgique des heures glorieuses des plantations de de coton, de la vie fastueuse qu'ils menaient, de leurs esclaves à leurs pieds.

J'ai aimé cette découverte de l'Amérique par des yeux tout fait naïfs, ceux de Philippine, jeune Normande qui n'a jamais quitté sa campagne. Elle découvre une culture qu'elle n'aurait jamais imaginé : elle rencontre par exemple en même temps des Noirs et le racisme et ne comprends pas la ségrégation.
Trouvera-t-elle sa place dans un pays dont elle ne possède pas les codes ?

Ce roman a double temporalité dresse des destins tout à fait fascinants !

Comme pour le tome précédent, écriture plate et efficace mais sans saveur, pour un sujet, en revanche, vraiment passionnant nourri par des recherches évidentes.
Le job est réussi car je l'ai lu pour son sujet : les war brides, et j'ai appris un tas de choses !

jeudi 4 juillet 2024

Les amants de l'été 44

Les amants de l'été 44,

Karine Lebert,
Ed. Presses de la cité 2018


Mot de l'éditeur :

Gemma Harper est une jeune New-Yorkaise ambitieuse dont les certitudes vacillent à la mort de sa mère. C’est au cœur d’une Normandie inconnue que ses pas vont la guider à la découverte de ses origines cachées, liées à celles de Philippine, femme au destin romanesque durant la Seconde Guerre mondiale.

2000, Gemma est une jeune New-Yorkaise vive, séduisante, pragmatique, travaillant avec passion dans l’entreprise familiale de produits alimentaires. A la mort de sa mère, elle découvre que sa « vraie » grand-mère était française ; elle décide alors de partir, seule, sur ses traces. Ce voyage à la recherche de ses origines la conduit en Normandie. En sillonnant la région, Pont-l’Evêque, Le Havre, Barfleur, Colleville, l’Américaine recueille les témoignages de ceux qui ont connu Philippine. Tout commence en 1944, quand, en faisant du marché noir à Deauville, la jeune Normande rencontre Ethan, un GI, cajun de Louisiane.

Deux destins de femmes, deux continents, deux époques… L’une est en quête, la seconde se raconte. Gemma trouvera un nouveau sens à sa vie et comprendra comment Philippine a payé le prix de sa liberté. Avec en filigrane cette question douloureuse : pourquoi a-t-elle abandonné sa fille aux Etats-Unis ?


Ma lecture :

Après avoir effleuré le sujet des war brides dans le dernier roman de Tatiana de Rosnay, j'ai eu envie de creuser un peu plus. Deux lectrices Booksta m'ont conseillé Les amants de l'été 44... 

lundi 1 juillet 2024

Pars vite et reviens tard

Pars vite et reviens tard,

Fred Vargas, 
Ed. Viviane Hamy, 2001


Mot de l'éditeur :

Joss, crieur de profession, déclame pour les habitants leurs petites annonces et de mystérieux messages en ancien français. Pendant ce temps, le commissaire Adamsberg reçoit une jeune femme s'inquiétant de l'apparition de dessins énigmatiques sur treize portes de son immeuble. Entre ces messages et ces dessins : cinq cadavres morts par strangulation et recouverts de charbon de bois. La panique s'installe alors que s'insinue la peur de la peste noire...

On retrouve dans cette énigme policière, les personnages en marge que la romancière affectionne et au-delà de l'intrigue, c'est aussi son regard, acerbe, tendre ou amusé sur les travers de notre société qui nous attache.


Dealer : Boîte à livres


Ma lecture :

Quand j'ai découvert ce roman dans ma boîte à livres, j'ai cédé à la tentation d'ouvrir ce classique de la littérature policière française. En effet, je n'avais jamais encore lu Fred Vargas...

Difficile de lire un roman encensé sans en attendre beaucoup, ce qui pipe diablement la lecture.
Le pitch en deux mots : une série de cadavres est découverte en même temps que des signes tagués sur des portes d'appartements. Mise en garde ? Signature ? Le commissaire Adamsberg n'en même pas large. Alors quand on vient lui apprendre que le crieur, Joss Le Guen, reçoit des missives énigmatiques écrites en vieux français ou en latin, il peine à trouver un sens à ces événements.

Vous avez bien lu crieur. Joss Le Guen est crieur de rue, à l'ancienne. Il reçoit dans sa boîte aux lettres des messages à crier devant un public, chaque jour à 18h10. Moyennant finance, n'importe qui peut faire crier une annonce, un amour disparu, un vers de poésie. Ou des textes plus étranges, comme ceux qu'il reçoit de plus en plus souvent, de plus en plus violents. Pourquoi ?

Adamsberg et son équipe vont se plonger dans l'histoire de la peste noire qui sévissait à Paris dans les années 30. Il semblerait que les cadavres retrouvés aient été piqués par des puces pestiférées. Cette maladie serait revenue ?
Avant qu'une panique envahisse pour de bon la capitale, le chrono est lancé pour retrouver le coupable...

Je n'ai pas été éblouie par ma lecture, mais j'ai aimé cette ambiance de polar au cœur de Paris. Les personnages sont hauts en couleurs et leurs particularités les rend attachants. J'ai adoré l'idée du crieur ! L'autrice saupoudre son roman policier de poésie, c'est un régal !

Bilan : un roman policier servi par des personnages bien campés. L'autrice explore l'Histoire de Paris et de la Peste pour donner du fonds à son polar. Enfin, les épices poétiques et les petites touches d'humour titillent les papilles ! Une belle découverte, mais à cause de sa renommée, je m'attendais à un peu plus de goût.

mercredi 26 juin 2024

Poussière blonde

Poussière blonde,

Tatiana de Rosnay
Ed. Albin Michel, 2024


Mot de l'éditeur :

« Pauline avait conscience qu'elle n'était qu'un être ordinaire aspiré dans l'orbite d'une femme qui, elle, n'avait rien d'ordinaire... Être femme de chambre, c'était précisément cela : faire intrusion sans le vouloir dans l'intimité d'autrui, voir le contenu des corbeilles à papier, remarquer les titres des livres, lire les premières phrases des cartes, lettres et petits mots qui traînent. Tout était là, en pâture ; la vie entière de quelqu'un, dissimulée dans une chambre d'hôtel. »

Un matin, Pauline est appelée pour nettoyer la suite 614 du Mapes Hotel. Alors qu'elle pense trouver une chambre vide, une femme apparaît, hagarde : Mrs. Arthur Miller, alias Marilyn Monroe, dont le séjour à Reno marque la fin de son mariage avec le célèbre dramaturge et le tournage infernal d'un film à la légende noire, Les Désaxés.

Avec pour décor l'immensité aride du désert du Nevada et ses chevaux sauvages, les mustangs, Poussière blonde raconte le choc d'une rencontre inoubliable entre deux femmes que seul le hasard pouvait réunir.


Dealer : Salon du livre, Vannes (56)


Ma lecture : 

Couverture dorée.
Portrait de Marilyn.
Aucun doute sur le sujet du dernier roman de Tatiana de Rosnay.

dimanche 23 juin 2024

Une vie française

Une vie française,

Jean-Paul Dubois,
Ed. Seuil, 2005


Mot de l'éditeur :

Petit-fils de berger pyrénéen, fils d'une correctrice de presse et d'un concessionnaire Simca à Toulouse, Paul Blick est d'abord un enfant de la Ve République. L'histoire de sa vie se confond avec celle d'une France qui crut à de Gaulle après 58 et à Pompidou après 68, s'offrit à Giscard avant de porter Mitterrand au pouvoir, pour se jeter finalement dans les bras de Chirac.

Et Paul, dans tout ça ? Après avoir découvert, comme il se doit, les joies de la différence dans le lit d'une petite Anglaise, il fait de vagues études, devient journaliste sportif et épouse Anna, la fille de son patron. Brillante chef d'entreprise, adepte d'Adam Smith et de la croissance à deux chiffres, celle-ci lui abandonne le terrain domestique. Devenu papa poule, Paul n'en mène pas moins une vie érotique aussi intense que secrète et se passionne pour les arbres, qu'il sait photographier comme personne.

Une vraie série noire – krach boursier, faillite, accident mortel, folie – se chargera d'apporter à cette comédie française un dénouement digne d'une tragédie antique. Jardinier mélancolique, Paul Blick prend discrètement congé, entre son petit-fils bien-aimé et sa fille schizophrène.

Si l'on retrouve ici la plupart des " fondamentaux " de Jean-Paul Dubois – dentistes sadiques, femmes dominatrices, mésalliances et trahisons conjugales, sans parler des indispensables tondeuses à gazon –, on y découvre une construction romanesque dont l'ampleur tranche avec le laconisme de ses autres livres. Cet admirateur de Philip Roth et de John Updike est de retour avec ce roman dont le souffle n'a rien à envier aux grandes sagas familiales, dans une traversée du siècle menée au pas de charge.


Ma lecture :

Olivier Adam évoque souvent Jean-Paul Dubois comme son maître littéraire. Et je ne l'avais encore jamais lu. Souvent croisé sur les étals, mais jamais ouvert.
C'est chose faite.
Et...pourquoi ne l'avais-je jamais fait avant ? 

vendredi 21 juin 2024

La visite au Struthof, camp méconnu

La visite au Struthof, camp méconnu,

Yaël Hassan & Marc Lizano,
Ed. Nathan, 2024


Mot de l'éditeur :

Transmission, devoir de mémoire, patrimoine : cette BD jeunesse intergénérationnelle nous plonge dans l`histoire du Struthof, le seul camp de concentration nazi existant sur le territoire français actuel.Le collège de Simon, élève de 3ème, propose d`organiser une sortie scolaire au Struthof, ancien camp de concentration nazi. En manque d`accompagnateurs, Simon sollice sa grand-mère maternelle, Rose. C`est l`occasion pour cette dernière de se plonger dans cette sombre partie de l`Histoire à laquelle ses parents et ses grands-parents ont été durement confrontés. Et c`est au travers de vieux albums d`archives et d`épais carnets rédigés par sa mère que Rose prépare la visite du camp pour accompagner au mieux Simon.

La BD alternera d`une part les extraits du journal de Mathilda, la mère de Rose, et d`autre part la préparation de cette visite par Simon et son amie Nadia.


Dealer : Livres in room, Saint-Pol-de-Léon


Ma lecture : 

J'ai visité le camp de concentration du Struthof en juillet 2021, en Alsace. J'ai visité. Comme on visite une église ou un musée. Peut-être les deux à la fois. Ou peut-être aucun des deux. Il serait plus judicieux de dire : je me suis rendue dans un lieu de mémoire. Moi, avec mon sac à dos et mes chaussures de rando, j'ai franchi la porte d'un camp dont on ne ressortait généralement pas. Ou en tout cas indemne. D'un côté, je ne suis pas non plus ressortie indemne. L'Histoire m'a frappée en pleine face. La barbarie m'a giflée.
Le camp de Struthof est le seul camp de concentration avec crématoire bâti sur le sol français. Un sol français alors, en 1941, annexé par l'Allemagne. Aujourd'hui les baraquements ont disparu. La potence, battue par les vents, règne sur le vide. C'est une sensation saisissante.

Alors quand j'ai vu que Yaël Hassan dont j'admire le travail, avait écrit cette bande dessinée avec Marc Lizano, j'étais certaine qu'elle me rappellerait ma visite et la graverait sur le papier.
En effet, la classe de Simon, élève de 3ème, doit visiter le Struthof et il demande à sa grand-mère de les accompagner. L'occasion de revenir sur l'histoire familiale, douloureusement liée au camp.
La bande dessinée offre alors une visite dans le présent éclairée par ce témoignage du passé. Cess ombres du passé.

Aujourd'hui plus que jamais, cette bande dessinée est nécessaire. Elle témoigne de la barbarie que les extrémismes sont capables de faire. Elle témoigne de ce que la haine peut anéantir. Elle témoigne d'un passé qu'on ne ne doit jamais oublier.

Merci.

Et, dimanche 30 juin et 7 juillet, on vote !


A suivre, des photos de ma visite du Struthof.


Camp du Struthof (Photos personnelles, juillet 2021)



Camp du Struthof (Photos personnelles, juillet 2021)
Portail d'entrée


Camp du Struthof (Photos personnelles, juillet 2021)
Le Mémorial aux Héros et Martyrs de la Déportation



Camp du Struthof (Photos personnelles, juillet 2021)
Chambre à gaz





lundi 17 juin 2024

La clandestine de Jersey

La clandestine de Jersey,

Jenny Lecoat,
Ed. Mercure de France, 2022


Mot de l'éditeur :

À l'heure du déjeuner, en voyant la queue devant le mess des officiers, le lieutenant Kurt Neumann décida d'aller fumer une cigarette et d'attendre un peu. Il était sur le point d'en allumer une quand il vit quelque chose et s'immobilisa, la flamme de son briquet agitée par la brise. Une jeune fille pâle et très mince, aux cheveux blonds doré relevés en chignon, venait d'apparaître entre deux bâtiments administratifs, l'air un peu perdue. Ce qui le frappa le plus, ce furent ses yeux. Ils étaient immenses, couleur de la mer à Rozel Bay, avec le regard effrayé d'un petit animal et aussi une lueur de défi.Pour lui, c'est aussitôt le coup de foudre. Pour elle, ce sera un peu plus long. Mais il s'agit d'un amour impossible, interdit. Kurt est officier de la Wehrmacht et appartient aux troupes qui occupent les îles anglo-normandes depuis juin 1940. Et Hedy Bercu, réfugiée venue d'Autriche en 1938 pour fuir l'Anschluss, est juive. D'abord discrète, leur liaison va devenir ultra-secrète quand Hedy, pour échapper à la déportation, doit littéralement disparaître. Elle vivra cachée jusqu'à la fin de la guerre chez Dorothéa Le Brocq, une habitante de Jersey - qui risquait sa vie en l'hébergeant - et sans jamais sortir, avec pour seules et rares visites celles de son amoureux, sur qui la police secrète a de plus en plus de soupçons...Cette histoire est authentique. Et Dorothea Le Brocq a été honorée bien plus tard au titre de Juste parmi les Nations.


Dealer : de seconde main



Ma lecture :

Je veux toujours lire des romans en lien avec mes lieux de villégiature. J'étais très contente de trouver La clandestine de Jersey qui se déroule donc à Jersey, en pleine Occupation.
L'autrice Jenny Lecoat revient sur une histoire vraie : une jeune femme juive, Hedwig Bercu, a été cachée sur l'île par Dorothea Weber-Le Brocq, d'ailleurs reconnue comme Juste après guerre.  

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