mardi 22 avril 2025

La fugue

La fugue,

Aurélie Valognes,
Ed. JC Lattès, 2025


Mot de l'éditeur :

On a tous un jour eu envie de partir, de claquer la porte, de tout quitter.

Inès, mariée, deux enfants, arrivée à la moitié de sa vie, se sent arrivée nulle part. Elle porte, gère, s’oublie. Et on l’oublie. Emprisonnée dans une existence qui ne lui correspond plus, un jour, elle part.

Dans la solitude d’une nature sauvage, elle trouve un lieu à elle : une maison, où le temps semble s’être arrêté, et qu’elle décide de retaper. En pansant les cicatrices de la maison, Inès va commencer à soigner les siennes. Parce que partir, c’est parfois la seule manière de se revenir.

Un hymne à la vie qui peut toujours recommencer, à la sororité qui permet d’avancer. Le nouveau roman d’une écrivaine qui ne cesse de se réinventer pour mieux nous raconter.


Ma lecture :

Parfois je me blottis encore dans ma lubie automnale, celle de lire des romans consacrés à des maisons. La fugue, d'Aurélie Valognes, nous ouvre les portes de sa maison et du cœur enrhumé d'Inès, le personnage principal.

Inès a en effet quitté sa vie d'avant pour venir se terrer dans ce bout de Bretagne, le Finistère, là où finit la terre. Ses enfants sont grands et indépendants, et son mari ne semble plus vraiment la voir. Alors elle a décidé de renaître au milieu des embruns. 
Elle est frappée de plein fouet par l'ambivalence de la Bretagne : l'hostilité et l'accueil chaleureux. En effet, la météo et les habitants du hameaux peuvent être lunatiques, froids et distants. Mai une tempête permet parfois de tout balayer et de retrouver la chaleur du soleil capricieux, une main tendue, des confessions chuchotées. Et Inès est là, au milieu de tout cela, à savoir écouter, se faire entendre, se faire une place.

Je connais très mal Aurélie Valognes, mais ce roman était une belle occasion de renouer avec cette nouvelle voisine de quelques kilomètres ;)
Le roman s'écoule sur quatre saisons, le temps qu'il faut à Inès pour renaître et s'épanouir dans sa nouvelle vie entourée de ses nouvelles amies parfois sauvages qu'elle a su apprivoiser. Et surtout, elle a fait de sa nouvelle maison un espace à elle sans oublier les traces laissées par son ancienne propriétaire. Un espace partagé avec d'autres femmes car cette maison est la maison de la sororité et des défis du cœur.
J'ai été séduite par la plume douce de l'autrice, sa sensibilité. J'ai été happée dès les premières pages, dès la fabuleuse description de la rencontre entre Inès et sa maison. 

Evidemment, ce roman de maison et de femmes n'est pas sans rappeler la maison de Jane Birkin que l'autrice vient de s'offrir et qu'elle partagera bientôt en "maison des écrivaines".
Un très beau projet humain et littéraire !


vendredi 18 avril 2025

À propos d'un village oublié

À propos d'un village oublié,

Véronique Mougin,
Ed. Flammarion, 2025

 

Mot de l'éditeur :

Oh, ce ne fut pas grand-chose, presque rien, à les entendre. Quand la traque commença, en 1940, les habitants de Mirabelle firent ce qu'ils purent pour aider Marguerite Stzurmpf. Pas grand-chose : une place au chaud dans le grenier et une assiette en plus, ni vu ni connu. Presque rien : un berceau pour son enfant, un coup de main pour les faux papiers, bouche cousue. Ce sont, en vérité, de précieux éclats de bonté que partage Véronique Mougin dans ce roman, mettant en scène les anonymes qui permirent à sa grand-mère d'échapper à la déportation. "Mes voisines, et le pasteur bien sûr, le fermier, plus la secrétaire de mairie... Dis donc, chérinette, tu réussiras à caser tous mes Justes, dans ton bouquin ?" On l'aura compris : il arrivera qu'au fil des pages retraçant son sauvetage Marguerite elle-même ajoute son grain de sel, malicieuse et têtue, mais après tout c'est son histoire, et y a-t-il jamais trop de mots pour dire le courage et la gratitude ?


Dealer : Espace Culturel Quéven


Ma lecture :

Véronique Mougin interroge ce qu'il reste de la mémoire de sa grand-mère pour en tirer la bouture de son roman : À propos d'un village oublié. 

Sa grand-mère a en effet été une enfant cachée pendant la seconde guerre mondiale. Elle doit, avec sa mère, son frère et son cousin, son salut à un village, Mirabelle. Rien ne prédestinait les habitants de ce village de montagne à cacher, dans leurs greniers, leurs caves ou à la vue de tous, des familles et enfants juifs. Et pourtant, boulangers, fermiers, chatelains, maire, gendarmes vont, en silence, fermer les yeux, fermer les portes. Des grains de sable dans la machine nazie. Suffisants pour la faire caler.

L'autrice rend compte, comme des chroniques, de chaque rouage ayant aidé à préserver la lumière dans les ténèbres. Avec gratitude, elle rend cette lumière aux habitants de Mirabelle pour leur courage silencieux, leur résistance discrète et évidente. Pas un n'a reçu de médaille car aucun ne voulait s'enorgueillir de ces lauriers. Il n'y a pas de gloire, c'était la guerre. Et malgré la guerre, les cœurs battaient encore assez forts pour contrer un système de pierres.

J'ai beaucoup aimé la structure du roman : des bribes de conversations d'outre-tombe entre cette grand-mère déjà décédée et sa petite-fille, puis, façon roman chorale, cette guerre qui se déroule, d'une porte à l'autre. 
Et ce que j'ai le plus aimé, l'écriture de l'autrice. Douce, sensible et poétique, teintée d'humour pour ne pas pleurer.

Un magnifique travail de mémoire et de gratitude. Un travail de vie.
Bravo !

jeudi 17 avril 2025

La griffe du diable

La griffe du diable,

Lara Dearman,
Ed. Robert Laffont, 2017


Mot de l'éditeur :

« Je n'ai pas peur du noir… juste de ce qui s'y cache. »

Poursuivie par ses démons, Jennifer Dorey a quitté Londres pour retourner dans sa maison d'enfance avec sa mère, à Guernesey, où elle est devenue reporter au journal local. Elle pensait pouvoir souffler un peu. Elle avait tort.

Quand le cadavre d'une jeune femme s'échoue sur une plage, la journaliste mène sa propre enquête et exhume plusieurs morts similaires qui s'étendent sur une cinquantaine d'années. Plus troublant encore, toutes les victimes avaient sur le bras des marques semblables à un symbole gravé sur un rocher de l'île : les « griffes du diable », dont la légende veut qu'elles aient été laissées par Satan lui-même…

Une île si proche de la France et pourtant si méconnue : Découvrez Guernesey, ses habitants, son folklore, ses plages, ses petits meurtres.
Une enquête de Jennifer Dorey au cœur des îles anglo-normandes, pour tous les fans de Peter May.
Bientôt adapté en série TV.


Ma lecture :

Même pour une journée passée à Guernesey, je voulais une lecture dédiée. Et j'ai trouvé, grâce à Babelio, ce thriller : La griffe du diable.

Jenny revient sur son île natale de Guernesey, après avoir passé quelques années à Londres en tant que journaliste, pour retrouver du calme, loin du tumulte de la capitale. Embauchée au journal local, Les nouvelles de Guernesey, elle enquête sur un meurtre : une jeune fille a été découverte sur une plage. La journaliste découvre alors d'autres meurtres similaires ayant eu lieu sur la cinquantaine d'années passées. Elle va y déceler d'étranges similitudes, la menant des sciences occultes à la Seconde Guerre mondiale. 

J'ai beaucoup aimé ce polar insulaire où tout le monde se connaît mais où les secrets sont bien gardés derrière les portes clauses, les caves ou les greniers. J'ai retrouvé des lieux découverts à Guernesey, comme les piscines extérieures de La Valette (voir photos). L'autrice retranscrit bien l'esprit de l'île, un peu à part, pas tout à fait anglaise, pas non plus française. Les sorcières et les esprits maléfiques ont bien marqué Guernesey comme ce rocher portant l'empreinte de la griffe du diable. Et que dire de ces bunkers qui hantent encore l'île depuis l'Occupation (les îles anglo-normandes ont été les seuls territoires britanniques occupés pendant la Seconde Guerre mondiale, laissant une amertume aux îliens) ?

J'ai également aimé la construction du thriller, façon Camilla Lackberg, où les scènes passées éclairent peu à peu la scène de crime. Chaque personnage, enquêteurs ou meurtrier, a voix au chapitre pour donner au roman une complexité diabolique.
Et sans oublier cette héroïne féminine, Jenny, en proie à ses démons et pourtant prête à en découdre. 

C'est chouette de découvrir des romans quand on allie lecture et tourisme : on fait de belles découvertes ! Il avait tout pour me plaire :
#ile #angleterre #sorcière #secondeguerremondiale #bunker #crime #mystère

Je compte lire le deuxième roman de cette série !


jeudi 10 avril 2025

Une vie comme ça

Une vie comme ça,

Karine Reysset,
Ed. Bruno Doucey, 2025


Mot de l'éditeur :

la mémoire est un puzzle chatoyant
dont il manque une grande partie des pièces

clouer les souvenirs sur le papier
à peine retrouvés ils s’envolent
comme des papillons de nuit

les souvenirs m’échappent
et j’ai peur de disparaître


Dealer : SP Karine Reysset (merci, merci !)


Ma lecture :

J'ai lu toute la littérature adulte de Karine Reysset, et la plupart de ses romans jeunesse, je peux donc dire que je la connais bien. Elle fait même partie de mes auteurs de référence. Alors j'ai accueilli cette idée de recueil de poésie avec un grande joie.  

La variante du dragon

La variante du dragon,

Christophe Lambert, 
Ed. Bayard Jeunesse, 2024
Dès 12 ans


Mot de l'éditeur :

Washington, 1943. Markus Eisenberg, dix-huit ans, est un juif originaire d'Allemagne émigré aux USA avec sa mère et sa tante suite à la « nuit de cristal » où son père a trouvé la mort. Marqué par ce drame, Markus rêve de se venger des nazis. Il s'est donc engagé volontairement dans l'armée et attend d'être envoyé en Europe. Mais son supérieur a un autre projet pour lui...

Il lui apprend l'existence d'un camp de prisonniers très particulier, situé non loin de Washington : le camp 11-42, où sont retenus des soldats et scientifiques allemands. L'état-major a choisi d'employer la manière douce à l'égard de ces « invités de marque » dont on estime qu'ils ont des renseignements importants à donner. Des jeunes gens maîtrisant parfaitement la langue de Goethe sont chargés de sympathiser avec eux et de leur tirer les vers du nez, une fois leur confiance gagnée.

Markus a donc été choisi pour rencontrer l'officier Hans Reinhardt, haut gradé des services secrets allemands capturé peu de temps auparavant à bord d'un sous-marin au large des Caraïbes. On a essayé de le faire parler sans succès : interrogatoires musclés, intimidation... rien ne fonctionne. Apparemment, il n'a qu'une seule passion dans la vie, en dehors de son Fuhrer bien aimé : les échecs...

Cette même passion qui habite Markus depuis son enfance. À contre-coeur, le garçon accepte la mission.


Dealer : Emprunté secrètement à mon fils


Ma lecture :

Lors d'un café littéraire au collège, mon fils a emprunté ce roman à un copain comme lui, féru d'échecs. Je n'ai pas résisté à l'envie de le lire !

Direction Washington en 1943. Markus, dix-huit est juif allemand émigré aux Etats-Unis après le décès de son père lors de la Nuit de Cristal. Il s'est ensuite enrôlé dans l'armée américaine pour le venger mais ce n'est pas en Europe qu'on a besoin de lui mais à Washington, auprès de prisonniers nazis dont Hans Reinhardt. Leur point commun ? La passion des échecs. Sa mission ? Battre ce haut dignitaire nazi sur l'échiquier afin de le faire parler. Markus va devoir s'entraîner dur pour y arriver et à se faire aider d'un coach de la rue, Olek. Il y passe ses journées et ses nuits, à imaginer ouvertures et défense quitte à mettre son amour de côté, la belle Rita.

Markus mènera-t-il à bien sa mission ?

J'ai trouvé ce roman jeunesse, à partir de 12 ans, vraiment très intéressant et j'ai découvert un pan de l'Histoire, celui des chaperons missionnés pour tirer les vers du nez de hauts prisonniers nazis et interrompre divers attentats et autres plans stratégiques. Ces chaperons étaient le plus souvent de jeunes juifs enrôlés dans l'armée américaine.
Le sujet et le contexte : les échecs dans la Seconde Guerre mondiale, m'ont bien sûr fait penser au Joueur d'échecs, de Zweig. J'ai aussi retrouvé l'adrénaline des parties de la série Le jeu de la Dame.

Bref, une belle découverte !


mercredi 9 avril 2025

Ainsi soit-elle

Ainsi soit-elle,

Benoîte Groult,
Ed. Grasset, 1975


Mot de l'éditeur :

En tête des espèces recensées sur notre globe s'inscrit l'humaine, bien sûr, incarnée dans l'homo sapiens. De nos jours, un chœur de voix de plus en plus fortes proclame qu'il n'est pas l'unique représentant présentable de l’espèce, que sa compagne la mulier (la femme) est sapiens aussi et a le droit d'occuper une place au soleil égale à la sienne, même si par tradition il la considère comme sa « moitié ».

« La tradition, voilà le mot clef qui a servi à justifier depuis des siècles la condition des femmes; une tradition établie par les hommes et renforcée par des lois, également conçues par les hommes. Il était fatal que le jour où les femmes prendraient conscience de cette injustice, elles se révolteraient contre le sort qui leur est fait, un sort que la vie quotidienne masque encore à quelques-unes d'entre elles, privilégiées, aveugles ou Ignorantes. » Le livre de Benoîte Groult vient à point dessiller les yeux de celles-ci ou renseigner celles-là et les hommes également afin que tous comprennent que le féminisme n'est pas une névrose ou une le mode mais une nécessité vitale, qu'« il faut enfin guérir d'être femme. Non pas d'être née femme, mais d'avoir été élevée femme dans un univers d'hommes », comme l'écrit Benoîte Groult, avant de rappeler les conditionnements de toutes sortes imposés aux femmes depuis les temps bibliques pour le seul confort et le seul bénéfice de l'autre sexe.

Une documentation solide, un humour parfois corrosif mais souvent réjouissant font de cet exposé sobre et objectif un des meilleurs ouvrages sur la question féminine.


Dealer : Boîte à livres de les 40 ans


Ma lecture :

Je continue de piocher dans ma fabuleuse boîte à livres reçue pour mes 40 ans. 
Pioche du jour : Benoîte Groult. Je ne l'avais encore jamais lue, de peur que ce soit trop corsé. Pourtant le corsage, Benoîte Groult l'a fait sauter depuis belle lurette !  

Ainsi soit-elle, ouvrage féministe de référence, donc, publié en 1975. Deux ans après la loi Veil. J'avais peur, à l'instar de sa couverture, que le texte soit devenu désuet. Mais malheureusement, pas du tout. Certains termes ont évolué, par exemple, elle parle de fraternité féminine sans en être satisfaite. Le serait-elle du très à la mode "sororité" ?

Son ouvrage commence comme une conversation avec le lecteur et avec elle-même au détour d'un voyage de Paris vers le Finistère qu'elle chérit. Et doucement, elle glisse vers le rapport hommes/femmes par des observations très quotidiennes et factuelles comme le comportement automobile. Puis son discours devient plus franc, plus militant avec une pudeur qui l'empêche de côtoyer les écueils des "chiennes de garde" de son époque. Il faut dire que Benoîte Groult use d'un certain sens de l'humour qui rend son ouvrage très plaisant à lire.
La journaliste est une des premières à dénoncer, nous ne sommes qu'en 1975, les mutilations féminines, comme les excisions, pour, selon les hommes, conférer les femmes dans leur vertu et ne pas les rendre ivres et... autonomes dans le plaisir sexuel. Edifiant !

Sans en abuser, et uniquement pour la comparaison rhétorique, elle met en parallèle misogynie, antisémitisme et racisme en se basant sur l'histoire des femmes, depuis le Moyen-Age. Là aussi, cette analogie est assez effarant ! L'autrice va loin pour bouleverser les consciences et réveiller des consciences féministes.

Cet ouvrage fête des 50 ans. Et son propos est toujours d'actualité. Est-ce une bonne nouvelle ? Franchement pas. Les choses bougent très lentement, à cause de la culture, la société, le fameux patriarcat. La linguistique a fait émerger de nouveaux termes comme sororité ou féminicide mais n'a réglé, ce n'est pas le rôle de la linguistique, aucun problème. 
Les mots changent-ils avant les maux ?

Franchement, ouvrez ce livre de Benoîte Groult et avec elle, faites le point sur la condition féminine aujourd'hui. 


mercredi 2 avril 2025

La Sage-femme d'Auschwitz

La Sage-femme d'Auschwitz,

Anna Stuart,
Ed. City, 2023


Mot de l'éditeur :

Dans le camp d'extermination d'Auschwitz, Ana est chargée de donner naissance aux enfants des autres prisonnières, qui sont ensuite confiés à des familles allemandes. La sage-femme avec l'aide de son amie Ester trouve l'idée de tatouer secrètement les bébés avec les numéros de leurs mères déportées, espérant ainsi qu'ils se retrouvent un jour. Récit inspiré d'une histoire vraie.


Dealer : Père Noël


Ma lecture : 

Je ne voulais pas lire ce roman, très méfiante avec les titres racoleurs tels que le tatoueur/le violoniste/la sage-femme/la bibliothécaire d'Auschwitz. On ne plaisante pas, on n'édulcore pas, on ne romance pas la Shoah. 

Mais ce roman est inspiré d'une histoire vraie, celle d'une sage-femme, Stanisława Leszczyńska, emprisonnée à Auschwitz et qui a fait naître plus de 3000 bébés. C'est le personnage d'Ana, chrétienne polonaise, qui arrive au camp en 1943 avec Ester, sage-femme formée sur le tas dans le ghetto juif de Lodz. Elles ne se quitteront jamais. A travers leurs voix, nous assistons au quotidien du camp. A la barbarie, à l'horreur, mais aussi à la solidarité salutaire.

J'ai trouvé le parcours d'Ana vraiment poignant et juste. Exerçant son métier, donner la vie dans un camp de la mort, et dans cet antagonisme, ose tenir tête à Mengele et à ses subalternes. Elle fait preuve d'un caractère fort et résilient.
Je me suis également attachée au personnage d'Ester, plus romanesque mais qui, justement, offre le terme de roman au récit consacré à Leszczyńska, sans jamais trahir la grande ligne de l'Histoire ni édulcorer la Shoah. Pour survivre aux drames et à l'inhumain, l'espoir de retrouver son jeune mari la poussera à dépasser ses propres douleurs pour se consacrer aux autres. C'est dans cette solidarité, cette sororité puisqu'il s'agit d'une section de femmes, que la lumière se maintient au sein de leurs sombres baraquements. 

Malgré quelques passages romanesques, et qui ne nuisent pas à l'Histoire, je suis agréablement surprise par ce roman. On sent bien que l'autrice a voulu préserver la vérité tout en y insérant une histoire.
Et, je ne pensais pas le dire, mais j'ai hâte de lire la suite !

vendredi 28 mars 2025

Shell Shock

Shell Shock,

Meurtres au Central Guttenberg,
Michaëla Watteaux,
Ed. Black Lab, 2025


Mot de l'éditeur :

Jeanne Duluc, jeune journaliste socialiste et féministe, s’est fait embaucher en ce début d’automne 1925 au Central téléphonique Gutenberg afin d’enquêter sur les difficiles conditions de travail des demoiselles du téléphone. L‘une d’entre-elles, Tatiana, est alors sauvagement assassinée. Ce meurtre, qui porte pour signature un masque déposé sur le visage défiguré de la victime, n’est pas sans rappeler celle du « Tueur des Halles », qui terrorise les femmes de la capitale depuis plusieurs mois. L’enquête est confiée à Paul Varenne, inspecteur dépendant à la cocaïne et à l’opium à la suite de ses blessures de guerre. Varenne ne croit pas à l’hypothèse du Tueur des Halles, ni même à la culpabilité de Mangrin, le gardien du Central téléphonique, rescapé des tranchées, sur lequel se portent les soupçons. C’est alors que survient un deuxième meurtre.

Dans le Paris des Années folles où se croisent artistes, écrivains, anciens combattants gueules cassées, dans un siècle où les femmes revendiquent l’égalité sociale, Varenne se lance dans une course éperdue pour identifier le tueur en série, alors que d’aucun autour de lui ne semblent finalement pas pressés de voir l’affaire élucidée.


Dealer : SP Black Lab / La Bande


Ma lecture :

Paris, Années 20, Féminisme, Enquête, Gueules Cassées, Crime : il n'en fallait pas plus pour me convaincre.
Et cette couverture ! Et je ne vous parle pas du soin apporté à la mise en page, avec les polices de chapitres retro. 

mercredi 26 mars 2025

Le téléphone carnivore

Le téléphone carnivore,

Jo Nesbo,
Ed. Gallimard,  2023


Mot de l'éditeur :

Un ado étrange, un autre qui disparaît, aspiré par le combiné d'une cabine téléphonique à l'orée de la forêt.
Qui pour croire une fable pareille, hormis la mystérieuse Karen.Et pourtant... Si le téléphone sonne, répondrez-vous à l'appel ?

Richard Elauved, quatorze ans et mal dans sa peau, est recueilli, après la mort de ses parents, par son oncle et sa tante dans une petite ville où il s’ennuie ferme, ne fréquentant que Tom, bègue et moqué de tous.
Le jour où ce dernier se volatilise, on accuse Richard de l’avoir poussé dans la rivière. Personne ne le croit quand il raconte que le téléphone de la cabine publique où il avait entraîné son camarade pour faire des blagues a dévoré l’oreille, puis la main, le bras et… le reste du corps de Tom.
Personne sauf l’énigmatique Karen, qui l’encourage à mener une investigation jugée superflue par la police. Envoyé en centre de redressement, Richard réussit à s’enfuir avec la complicité de jumeaux maléfiques et aboutit à un manoir abandonné dans la forêt, où se succèdent des phénomènes paranormaux qui semblent tous dirigés contre lui.
Avec Le téléphone carnivore, Jo Nesbø signe un premier roman d'horreur ambitieux et d'une remarquable efficacité.


Dealer : Bibliothèque de Sibiril


Ma lecture :

Je n'avais jamais lu Jo Nesbo, mais cette couverture et ce titre ont attisé ma curiosité : Le téléphone carnivore. Ca en jette ! Cet auteur norvégien, plutôt habitué aux thrillers, livre là son premier roman d'épouvante.

Une ville américaine où rien ne se passe. Un enfant, Richard, catapulté là à vivre chez son oncle et  sa tante depuis le décès accidentel de ses parents. Et son seul ami, Tom, aspiré sous ses yeux par le téléphone situé à l'orée de la forêt. Ca sent les années 80. Ca sent l'encens de Stephen King, celui qui distille doucement se parfums jusqu'à vous étouffer.

Bref, il ne se passait rien à Ballantyne jusqu'à ce que Richard y pose ses valises. Et que les problèmes grouillent autour de lui. Plutôt désagréable avec ses camarades, il peine à s'intégrer et les rares personnes qu'il fréquente finissent par disparaître. Le voilà interné en hôpital psychiatrique où, là aussi, des choses étranges se déroulent sous ses yeux...

Ce serait cruel de vous en dire plus !
Mais j'ai beaucoup cette ambiance de petite ville américaine des années 80 aux effluves de Stephen King. L'horreur devient psychologique et la fin... La fin est vertigineuse ! A vous faire aspiré par un téléphone au fin fon d'une forêt !

Etes-vous prêts ?


lundi 24 mars 2025

Le procès Mein Kampf

Le procès Mein Kampf,

Harold Cobert, 
Ed. Les Escales, 2025


Mot de l'éditeur :

L'histoire vraie et rocambolesque de la publication de Mein Kampf en France.

1934. La France s'est relevée de la Première Guerre mondiale mais l'incertitude plane quant aux véritables intentions d'Adolf Hitler, chancelier de l'Allemagne depuis 1933. Son manifeste, Mein Kampf (" Mon combat"), qu'il a écrit lors de son emprisonnement, rencontre un immense succès dans son pays. Mais, en France, on n'en connaît que des extraits et sa traduction ayant été interdite par le Führer lui-même, le texte entier reste inédit. Programme politique bientôt mis en œuvre ou simple écrit de jeunesse, que peut bien contenir Mein Kampf pour que les Français ne soient pas autorisés à le lire ? Hitler, qui ne cesse de clamer sur la scène internationale une paix désormais éternelle entre l'Allemagne et la France, chercherait-il à dissimuler des desseins et des intentions plus sombres ? Cette interdiction de publier intrigue pour des raisons bien différentes.

Tout oppose d'anciens combattants proches de l'Action Française à des militants de la cause juive, et pourtant ils vont s'unir dans leur désir de voir le manifeste illégalement traduit en français. Et c'est ainsi que naît une union sacrée, presque contre-nature, entre des adversaires quasi irréductibles mais rassemblés par une même cause.

Le Procès Mein Kampf raconte avec brio la folle histoire de la publication de ce texte en français et du retentissant procès qu'elle a entraîné, portée par le flamboyant avocat Philippe Lamour.


Dealer : Livres in room, Saint-Pol-de-Léon


Ma lecture :

Sujet ô combien intéressant que la publication de Mein Kampf, recueil des pamphlets les plus désastreux d'Hitler.  

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