La fugue,
Aurélie Valognes,Ed. JC Lattès, 2025
Mot de l'éditeur :
On a tous un jour eu envie de partir, de claquer la porte, de tout quitter.
Inès, mariée, deux enfants, arrivée à la moitié de sa vie, se sent arrivée nulle part. Elle porte, gère, s’oublie. Et on l’oublie. Emprisonnée dans une existence qui ne lui correspond plus, un jour, elle part.
Dans la solitude d’une nature sauvage, elle trouve un lieu à elle : une maison, où le temps semble s’être arrêté, et qu’elle décide de retaper. En pansant les cicatrices de la maison, Inès va commencer à soigner les siennes. Parce que partir, c’est parfois la seule manière de se revenir.
Un hymne à la vie qui peut toujours recommencer, à la sororité qui permet d’avancer. Le nouveau roman d’une écrivaine qui ne cesse de se réinventer pour mieux nous raconter.
Ma lecture :
Parfois je me blottis encore dans ma lubie automnale, celle de lire des romans consacrés à des maisons. La fugue, d'Aurélie Valognes, nous ouvre les portes de sa maison et du cœur enrhumé d'Inès, le personnage principal.
Inès a en effet quitté sa vie d'avant pour venir se terrer dans ce bout de Bretagne, le Finistère, là où finit la terre. Ses enfants sont grands et indépendants, et son mari ne semble plus vraiment la voir. Alors elle a décidé de renaître au milieu des embruns.
Elle est frappée de plein fouet par l'ambivalence de la Bretagne : l'hostilité et l'accueil chaleureux. En effet, la météo et les habitants du hameaux peuvent être lunatiques, froids et distants. Mai une tempête permet parfois de tout balayer et de retrouver la chaleur du soleil capricieux, une main tendue, des confessions chuchotées. Et Inès est là, au milieu de tout cela, à savoir écouter, se faire entendre, se faire une place.
Je connais très mal Aurélie Valognes, mais ce roman était une belle occasion de renouer avec cette nouvelle voisine de quelques kilomètres ;)
Le roman s'écoule sur quatre saisons, le temps qu'il faut à Inès pour renaître et s'épanouir dans sa nouvelle vie entourée de ses nouvelles amies parfois sauvages qu'elle a su apprivoiser. Et surtout, elle a fait de sa nouvelle maison un espace à elle sans oublier les traces laissées par son ancienne propriétaire. Un espace partagé avec d'autres femmes car cette maison est la maison de la sororité et des défis du cœur.
J'ai été séduite par la plume douce de l'autrice, sa sensibilité. J'ai été happée dès les premières pages, dès la fabuleuse description de la rencontre entre Inès et sa maison.
Evidemment, ce roman de maison et de femmes n'est pas sans rappeler la maison de Jane Birkin que l'autrice vient de s'offrir et qu'elle partagera bientôt en "maison des écrivaines".
Un très beau projet humain et littéraire !