Chroniques de l'asphalte,
Samuel Benchetrit,
Ed. Grasset, 2023
Mot de l'éditeur :
Douze ans après le dernier tome des Chroniques de l'Asphalte, nous retrouvons la bande de copains vivant dans une cité HLM au milieu des années 80. Les voici ici confrontés à l'art sous toutes ses formes : émerveillés, obsédés et influencés par la culture, encore omniprésente dans les quartiers à cette époque.
Au fil des chroniques, nous suivons Karim, Daniel, Dédé, Samuel et les autres, à la représentation d'un spectacle de danse contemporaine, au tournage du clip "l'Aziza" de Daniel Balavoine, au premier one man show de Smaïn...
L'un essaie d'apprendre un poème de Verlaine grâce à une drôle de méthode ; un autre, à la voix de crécelle, de séduire une fille qui n'aime que le chanteur de U2 Bono ; un autre, de regarder Canal+ sans décodeur ; un autre de devenir Rasta après avoir été Skinhead... Les photo-clubs sont ouverts, les salles de cinéma pleines, le bicentenaire de la révolution va être fêté, on joue à L'agence tout risque dans les caves, les casses de voitures et les parkings, les mères regardent Véronique et Davina à la télé pour faire du sport, les pères regardent aussi, sans faire de sport.
Il y a celui qui rate le film du dimanche soir pour se débarrasser de cendres encombrantes, celui qui a failli mourir le jour où Coluche est mort... Et cette question fondamentale : Qui est le mieux coiffé, de Jean-Pierre Foucault et de Patrick Sabatier ? Peut-être Michel Drucker !
Dealer : Seconde main
Ma lecture :
J'ai découvert Samuel Benchetrit en 2001 avec la pièce Comédie sur un quai de gare que j'ai pu voir jouer au théâtre Hébertot avec les Trintignant père et fille et Patrick Lizana. C'était à la fois drôle, tendre et poétique.
Presque un quart de siècle plus tard, l'auteur n'a rien perdu de son humour tendre et poétique. Dans ses Chroniques de l'asphalte dont je viens de lire le quatrième tome, il revient sur son enfance en banlieue. Tours HLM, copains dans le hall, le collège, les cours de photos, le pressing, la décharge, la télé, ... Il dresse le portrait des figures du quartier qui ont marqué son enfance, comme Abdelkrim qui n'a finalement pas joué dans le clip de Balavoine ; Dédé devenu fou à force de regarder Canal + en crypté ; Gus, Jacky et Boban qui jouent à K-2000, L'agence tous risques ou Mac Gyver, ... En bon dramaturge, il offre un rôle, une nouvelle à chacun.
Bref, une farandole de personnages, de situations, de drames, de quotidiens, de poésie, de tendresse et d'humour. J'ai beaucoup aimé sa plume, fidèle à lui-même, légère et pourtant vive, avec son air de ne pas y toucher, lui, ce véritable touche à tout. Sa voix a des airs de Petit Nicolas, sûrement pour le côté tendre de l'enfance, même si elle n'était pas si tendre que cela, mais parfois cruelle.
Bref, c'était un plaisir de revenir dans cette cité des années 80 aux couleurs, aux codes et à la culture pop de l'époque. Un voyage dans le temps avec Samuel Benchetrit aux commandes de la DeLorean !