jeudi 27 août 2015

Le père de la petite

Le père de la petite,
Marie Sizun,
Ed. Arléa, 2008


Mot de l'éditeur :
Paris, 1944. Une petite fille de quatre ans vit dans l'insouciance de la guerre, seule avec sa mère fantasque qu'elle adore. Lorsque revient le père, qu'elle n'a jamais vu, prisonnier de guerre libéré, l'existence de celle qu'on appelle " la petite " est bouleversée. Pour cet intrus qui lui prend sa mère et entend imposer son autorité, elle éprouve d'abord de la haine, de l'effroi aussi devant sa dureté, sa violence, son étrangeté. Puis, avec tout l'excès dont est capable un enfant, elle se met à l'aimer d'un amour absolu, excessif, un peu fou. Mais elle va être à l'origine d'un drame familial dont l'ombre se dessinait dès les premières pages du livre. Qu'est-ce qu'un père ? C'est la question qui court tout au long de cette remontée des souvenirs, poignants mais distanciés, écrits à la troisième personne et dans une grande économie de style. La réponse, lumineuse, nous sera donnée dans les tout derniers mots du texte.


Dealer : Bibliothèque de Sibiril


Ma lecture :
Un petit livre, de petits chapitres sur une petite fille. Le narrateur nous plonge dans son âme de petite fille qui ne comprend pas grand chose à la guerre, sur ce père qui va en revenir mais qu'elle n'a jamais vu. Qu'est-ce qu'un père, d'ailleurs ? Question centrale de ce roman. De ses quatre premières années à vivre à deux avec sa mère, elle va du jour au lendemain devoir partager cette mère, cette épouse, avec cet homme, ce mari, ce père. La petite a des souvenirs d'autrefois où le père n'était pas présent, n'avait même pas vraiment de place, à part sa photo sur le buffet. Des souvenirs ou des rêves ? On l'embrouille, cette petite....
Joli roman, court, mais joli.

lundi 24 août 2015

Les enfants des Justes

Les enfants des Justes,
Christian Signol,
Ed. Albin Michel, 2012


Mot de l'éditeur :
En 1942, dans le département de la Dordogne, la ligne de démarcation croise le cours de l’Isle. La ferme des Laborie est à deux pas de la rivière et Virgile, n’écoutant que son cœur, ne refuse jamais sa barque à ceux qui tentent de passer en zone libre. Lorsqu’on propose à Virgile et à Victoria qui n’ont jamais pu avoir d’enfants, de cacher Sarah et Elie, deux gamins juifs perdus dans la tourmente, ils accueillent les petits réfugiés comme un don du ciel. Au fil des jours, malgré les trahisons, les dénonciations, les contrôles incessants, la Résistance s’organise dans le Périgord jusqu’aux reflux des troupes allemandes dans le sang et la terreur.
Avec une sensibilité, une justesse de ton qui bouleversent, Christian Signol évoque cette période douloureuse de l’Histoire où, comme les Laborie, de nombreux Français n’hésitèrent pas à mettre leur vie en jeu avec la simple certitude d’accomplir leur devoir de citoyen, d’être humain.
Ce roman auquel l’auteur tient tant est un superbe hommage à la mémoire de ces Justes qu’on ne peut oublier.



Dealer : Bibliothèque de Sibiril


Ma lecture :
Du Christian Signol, je n'aurais jamais cru en lire un "à mon âge". C'est un peu le Franck Mickaël des romanciers français, si je peux me permettre. L'auteur qu'on conseille volontiers aux lecteurs retraités car ses histoires fonctionnent et plaisent, indéniablement.
Ceci étant dit, je voulais absolument lire un roman sur les Justes, et Christian Signol a, en tout cas, le mérite d'en avoir écrit un des seuls sur ce sujet.
C'est donc l'histoire de Virgile et Victoria Laborie, deux paysans de Dordogne, qui, pendant la guerre, deviennent passeurs vers la Zone Libre puis cachent deux enfants juifs. Le couple n'est jamais parvenu à procréer et ces deux enfants vont, véritablement, changer leur vie.
Comment deux paysans, reclus dans leur propriété vont, plus qu'accomplir leurs devoirs de citoyens, avoir un comportement extraordinaire et faisant front à l'Occupation, aux dangers que la Guerre amène, ... Comment des êtres humains sont devenus, quoiqu'ils en disent, des Héros.
Un beau roman sur l'humanité.

mardi 18 août 2015

Kinderzimmer




Kinderzimmer,
Valentine Goby,
Ed. Actes Sud, 2013


Mot de l'éditeur :
En 1944, le camp de concentration de Ravensbrück compte plus de quarante mille détenues. Dans les baraquements, chaque femme doit trouver l'énergie de survivre, au plus profond d'elle-même, puiser quotidiennement la force d'imaginer demain. Quand elle arrive là, Mila a vingt ans. Elle est enceinte mais elle ne sait pas si ça compte, si elle porte une vie ou sa propre condamnation à mort. Sur ce lieu de destruction, comme une anomalie, une impossibilité : la Kinderzimmer, une pièce dévolue aux nourrissons, un point de lumière dans les ténèbres. Ce roman virtuose écrit dans un présent permanent, quand l'Histoire n'a pas encore eu lieu, rend compte du poids de l'ignorance dans nos trajectoires individuelles.


Dealer : Bibliothèque de Sibiril


Ma lecture :
J'ai découvert Valentine Goby avec L'Echappée, qui traite de la même période, celle de la guerre 39-45. Son écriture est parfois déroutante, mais l'histoire, son personnage Mila sont tellement forts !
Mila, donc, Résistante française, 20 ans, code des messages secrets sous forme de partitions de musique. Il ne faut pas, mais elle a une relation avec un autre Résistant : elle tombe enceinte. Peu de temps après, les choses tournent mal et la voilà embarquée par la Gestapo. Destination finale : Ravensbrück, camp de concentration pour femmes. Enfin, le nom de cet endroit, elle l'apprendra plus tard. En attendant, il faut survivre avec ce bébé inconnu dans ce ventre qui, au fil des jours, grossit à peine à mesure que son corps dépérit. Un bébé dans un camp de concentration : une lumière dans le plus profond de l'horreur ? Cela pense inconcevable, comment un bébé peut-il naitre et survivre dans un tel endroit ? Comment même une grossesse peut-elle être menée à terme dans ces conditions effroyables ? Et pourtant, pas moins de 800 bébés sont nés et seuls 40 ont survécu à Ravensbrück, dont trois français. Valentine Goby raconte, imagine, avec beaucoup de témoignages, le destin de l'un d'eux, James.
Un très beau roman sur une sombre histoire qu'on préfèrerait croire tout à fait fictionnelle...
A lire, oui !

jeudi 6 août 2015

Le fabuleux voyage d'un jeune homme en combinaison spatiale dans un combi Volkswagen

Le fabuleux voyage d'un jeune homme en combinaison spatiale dans un combi Volkswagen,
Scarlett Thomas,
Ed. Terra Nova, 2015


Mot de l'éditeur :
Luke a vingt-cinq ans et il est allergique au soleil. Depuis sa naissance, il est coincé dans sa chambre. Le monde ne vient à lui que par la télévision, Internet et grâce aux visites de Julie. De son côté, Julie est terrifiée par les catastrophes d'avion, les accidents de la route et les bactéries potentiellement mortelles. Au point qu'elle n'ose surtout pas quitter sa ville natale. Un jour, Luke apprend qu'une sorte de gourou, à l'autre bout de l'Angleterre, peut le guérir. Avec Julie, ils prennent alors la plus importante des décisions : faire face à leurs peurs et affronter le monde extérieur. Avec quatre amis et une combinaison spatiale bricolée pour protéger Luke de la lumière du jour, ils partent dans un vieux combi. Cet incroyable voyage de tous les dangers va changer leur vie... 


Dealer : Bibliothèque de Sibiril


Ma lecture :
Ah, la mode des titres à rallonge et énigmatiques... Je suis tombée en plein dans ce piège commercial.
Non, je n'ai pas particulièrement aimé ce roman, bien que je ne l'eus pas détesté non plus. Comment dire... L'histoire est intéressante, elle fait embarquer six jeunes dans un vieux combi VW, six jeunes ayant des choses à régler avec eux-même. Nous avons Luke, allergique à la lumière du soleil ; Julie, qui entretient nombre de phobies ; David, qui a un cancer des testicules ; Charlotte, dont le petit ami s'est suicidé ; Leanne et Chantel, deux cousines qui cherchent leurs destins. Le pitch est bien posé, mais, pour moi en tout cas, la mayonnaise n'a pas pris (la chantilly non plus, d'ailleurs). Et puis, quelle grossière traduction !
Sérieuse déception, donc, car le potentiel était grand.

mardi 4 août 2015

Fils de ploucs

Fils de ploucs
T1 : Le pays, les gens, la vie (Ar vro, ãn dud, ar vuez)
Jean Rohou
Ed. Ouest-France, 2005


Mot de l'éditeur :
La Bretagne, tout le monde connaît, mais ce qu'on en dit est parfois surprenant. Longtemps retardataires et méprisés, les Bretons sont aujourd'hui très dynamiques et très appréciés, mais dans les deux cas, on explique souvent leur comportement par une nature mythique. Ironisant sur bon vieux temps, celtitude et bretonnité, Jean Rohou fait revivre les lieux, les personnages et la vie de son enfance. Il les confronte à l'existence d'aujourd'hui et à celle d'époques plus anciennes, montrant la diversité des Bretons et de leurs moeurs à travers les temps et les lieux. Il analyse la vie des couples et des maisonnées, la mentalité des paysans, l'importance des femmes, le rôle de l'alcool et de la danse, l'attitude face au sexe. Un témoignage exceptionnellement riche, personnel et solidement documenté ; un récit allègre, émouvant et ironique, qui invite à la réflexion critique et à une juste connaissance du passé,- indispensable à la construction de l'avenir.

 Né en 1934, Jean Rohou ignorait le français en arrivant à l'école. Il fut le premier petit paysan de Plougourvest à entrer au collège de Morlaix. Jusqu'à 23 ans, il était étudiant pendant l'année scolaire et paysan pendant les vacances. Il a enseigné à l'université de Rennes de 1961 à 1994, et publié une vingtaine d'ouvrages sur Racine, le XVIIe siècle et les méthodes d'analyse des textes littéraires.


Dealer : Prêt d'ami : merci Greg pour ce trésor !


Ma lecture :
J'ai longtemps vu cet ouvrage dans les librairies ou bibliothèques bretonnes, mais je ne l'ai même jamais feuilleté.  La couverture austère peut-être ? Puis un ami Rennais expatrié en Ile-de-France m'a convaincue et me l'a prêté. Je lui dois là une belle découverte !
Jean Rohou ne fait pas que raconter son enfance à Plougourvest (situé à 15km de chez moi) dans les années 30-40-50, il la documente avec des faits historiques et remonte parfois au-delà du Moyen-Age. J'y ai appris beaucoup de choses sur "mes" ancêtres. Quand on parle du pays du Léon (Finistère Nord : Saint-Pol-de-Léon, Roscoff), on entend les mouettes, on voit les champs d'Artichauts, on imagine l'austérité des gens, on entend sonner la Cathédrale, on y sent une odeur iodée, ou de crêpes, ou de cidre, ou de fumier aussi ... Jean Rohou met à plat ses racines, les racines du Léon. L'ouvrage fait plus de 500 pages, et malgré une documentation parfois très pointue, on ne s'ennuie pas et il nous emmène chez lui, en Lannurien (Plougourvest). Ses anecdotes sont enrichissantes et toujours fondées dans leur contexte historico-social. Il dessine tout simplement, mais parfaitement, l'Autrefois.
C'est un document à lire par les Léonards et les Nord-Finistériens pour connaître leur histoire, leurs parcours.
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