O Verlaine,
Jean Teulé,
Ed. Julliard, 2004
Mot de l'éditeur :
Alcoolique, amant frénétique et désordonné, bigame maltraité, Paul
Verlaine oscilla jusqu'au tombeau entre l'ignoble et le sublime. C'est à
la toute fin de sa vie, au moment de la pire déchéance morale et
matérielle, qu'une soudaine vague de sympathie naquit en sa faveur parmi
la jeunesse du Quartier latin. En quelques semaines, il devint leur
idole.
Fol amoureux de ce personnage magnifique et terrifiant, Jean
Teulé a choisi de raconter cette période extravagante à travers le
regard d'un adolescent de Béziers qui monta à pied à Paris dans le seul
but de rencontrer Verlaine...
Dealer : dans mes étagères depuis des lustres
Ma lecture :
J'ai réussi à caser ce roman de Jean Teulé dans mon #pumpkinautumnchallenge, dans une catégorie invitant à lire de la poésie, ou autour de la poésie.
Jean Teulé, donc, fait du poète Paul Verlaine (1844-1896) le personnage de son roman éponyme O Verlaine ! Nous connaissons tous certains de ses vers qui blessent nos cœurs d'une langueur monotone, mais, pour ma part en tout cas, je ne savais pas grand chose de sa vie, à part ses frasques avec Rimbaud.
Notre rencontre avec le poète se fait via un adolescent, monté de Béziers jusqu'à Paris afin de rencontré Paul Verlaine. Son oncle lui a offert un recueil de ses poèmes, et depuis, le petit paysan s'est pris de passion pour le poète. Avec lui, nous découvrons Paris et ses faubourgs à la recherche du maître. Nous pataugeons dans la misère de la capitale, dans la crasse, errons autour des hôtels de passes pour, enfin, entrer dans la chambre miteuse de Verlaine. O Verlaine, il n'est pas beau à voir, allongé dans son lit, puant l'alcool, rongé par des maux douteux et tenant des propos, déjà , incohérents. En fait, il s'en doute fort bien, il vit ses derniers jours, sa dernière saison, l'Automne.
La gouaille de Jean Teulé se prête bien à l'ambiance du roman, une ambiance de crasse et de décrépitude, un peu comme dans les romans anglais à la Dickens. Entre deux chapitres, l'auteur intercale parfois un poème de Verlaine. Ils arrivent comme des étoiles, des petites lanternes dans un univers noir, glaçant. Lui qui écrivait si bien l'amour perdu et la nostalgie vivait dans une souffrance, une misère absolues. Il virevolte, ou vivote, entre ses deux maîtresses et ses amis avec qui il fait le tour des bistrots à la recherche d'absinthe. Le peu d'argent qu'il reçoit de ses vers fond dans ses verres. On ne lui épargne rien, même s'il a sa bande d'étudiants admirateurs, il vit sans le sou, plus ignoré que lu, et même l'Etat lui refuse une bourse de secours.
O Verlaine ne restera pas mon roman préféré de Jean Teulé, je m'étais vraiment amusée dans la folie de Charly 9. Peut-être souffre-t-il de longueurs qui éteignent les belles pages noires et folles du poète ? J'ai malgré tout aimé ce Paris sombre des artistes maudits qui nourrira les derniers jours de Paul Verlaine.