lundi 15 juillet 2024

L'Incroyable Histoire de la littérature française

L'Incroyable Histoire de la littérature française,

Catherine Mory et Philippe Bercovici,
Ed. Les Arènes BD, 2022


Mot de l'éditeur :

" C'est drôle, érudit, dense, scrupuleusement juste et documenté... Jubilatoire. " La Vie

Savez-vous que :

Hugo faisait tourner les tables ?
Balzac a pensé devenir cultivateur d'ananas ?
Voltaire appelait ses contes des couillonnades ?
Pascal a inventé la première calculette ?
Baudelaire se teignait les cheveux en vert ?
Duras a caché un résistant nommé François Mitterrand ?

Au diable statues vermoulues, perruques poussiéreuses et pourpoints défraîchis : L'Incroyable Histoire de la littérature française raconte, à travers des anecdotes truculentes, la vie et les oeuvres des plus grands auteurs français du XVIe au XXe siècle. Cet album passionnant s'adresse aussi bien aux novices qu'aux férus de littérature. Il transformera à jamais votre vision des écrivains qui, bien que géniaux, restent avant tout... des êtres humains.

Quand une BD s'empare avec humour des classiques et nous présente les génies français dans leur plus simple appareil...
Un livre qui donne envie d'en ouvrir beaucoup d'autres !


Dealer : Livres in room, Saint-Pol-de-Léon


Ma lecture :

L'Incroyable Histoire de la littérature française retrace, comme son titre l'indique, l'histoire de la littérature française, du XVIème au XXème siècles, à travers une trentaine d'auteurs classiques, c'est-à-dire étudiés en classe. Et les auteurs étudiés en classe sont, par définition, souvent soporifiques car lus sous la contrainte à un âge où ne comprend pas tout à faire la dimension de l'œuvre, à moins d'avoir des professeur géniaux. J'ai ai eu parfois, d'ailleurs ;)

Tout ça pour dire que Catherine Mory, professeur de lettres, s'associe au dessinateur Philippe Bercovici, pour nous reparler des grands auteurs et de leurs grandes oeuvres en dehors du carcan de l'école et avec beaucoup d'humour et de second degré. Victor Hugo, Balzac ou Flaubert ne passaient pas leur vie attablés devant leurs manuscrits, une plume à la main. Ils étaient avant tout des être humains avec, finalement, quelques travers croustillants. La littérature et ses auteurs sont descendent de leurs piedestaux, sans trahir leur génie, mais pour redevenir des hommes des hommes ordinaires.

J'ai pris beaucoup de plaisir à redécouvrir certains romans. En effet, chaque auteur a son chapitre biographique qui contient quelques résumés d'oeuvres comme Thérèse Raquin, Bel Ami, ou encore le poème Le dormeur du Val, d'Arthur Rimbaud. 

Une bande dessinée où humour et érudition font un mariage d'amour : celui de la littérature française !
A faire lire à ceux qui ont quitté les bancs de l'école et à ceux qui les usent encore, pour démystifier les auteurs étudiés en classe.

A noter que la collection "L'incroyable histoire de" propose une farandole de thématiques : la médecine, le vin, la mythologie, la cuisine, de quoi rassasier moultes appétits !

vendredi 12 juillet 2024

Stoner

Stoner,

John E. Williams,
Ed. Le Dilettante, 2011
(Version originale, USA, 1965)


Mot de l'éditeur :

Fils de paysan, William Stoner débarque à l'université du Missouri en 1910 pour y étudier l'agronomie. Délaissant ses cours de traitement des sols, il découvre les auteurs, la poésie et décide de se vouer à la littérature, quitte à décevoir les siens. Devenu professeur alors que la Première Guerre mondiale éclate, cet homme solitaire et droit traversera le siècle et les tumultes de sa vie personnelle avec la confiance de celui qui a depuis longtemps trouvé son refuge : les livres.

“Un livre à l'amertume intense, économe de ses mots et d'un pessimisme implacable. C'est un diamant noir.ˮ
L'Express

PRIX MÉMORABLE DES LIBRAIRES INITIALES 2011
Traduit de l'anglais [États-Unis] par Anna Gavalda.


Dealer : Livre surprise, Espace Culturel Plougastel (29)


Ma lecture :

J'ai découvert ce roman tout à fait par hasard. J'ai tout bonnement acheté un des livres surprise que propose l'Espace Culturel de Plougastel (29) avec pour seules indications, quatre mots-clés : histoire de vie, université, amour impossible, bouleversant. Une fois l'emballage ouvert, le titre et l'auteur se révèlent : Stoner, de John Williams. Je n'en avais jamais entendu parler.
Et pour cause, sorti aux Etats-Unis en 1965, sans grand bruit, mais en le qualifiant de trésor caché de la littérature américaine, il n'a été traduit, par Anna Gavalda, qu'en 2011 !

Bref. Lecture à l'aveugle.
L'aventure, quoi !

Début du XXème siècle.
Stoner est voué à reprendre la ferme familiale dans le Missouri. Il n'a, d'ailleurs, jamais réfléchi à autre chose. Mais quand l'Université de Colombia ouvre une section d'agronomie, le conseiller rural le pousse à s'inscrire. Et son destin bascule. Une option de littérature anglaise va le faire tomber amoureux des lettres. Il n'étudiera plus l'agronomie mais va se révéler dans la littérature qu'il étudiera jusqu'à devenir, lui-même, professeur d'université. Rien que ça.

Et entre temps, il va épouser une femme dont il se rendra compte, dès la nuit de noce approximative, que son mariage est voué à l'échec. Ils resteront malgré tout ensemble, par convenance et praticité et élèveront discrètement leur fille. Stoner est un roman d'histoire de vie, proche de l'autobiographie. Et son personnage éponyme est tout à fait intéressant, tantôt héros puisqu'il sort de sa voie toute tracée pour expérimenter une nouvelle destinée, tantôt antihéros puisque, somme toute, il ne s'implique pas assez dans cette destinée, comme s'il vivait à côté de sa vie. Il est attachant, énervant, passif, maladroit, touchant, triste. C'est ça, William Stoner est triste, ce qui recouvre d'un voile triste le roman tout entier. Mais n'est-ce pas là, le génie ? Dans ce roman triste, Stoner brille par son amour de la littérature à qui il vouera sa vie entière, quitte à être un mari transparent, victime de sa femme elle aussi transparente en plus d'être acariâtre. Ses maladresses apportent, malgré lui, des touches d'humour et d'émotions au roman. De plus, retrouver les bancs de l'université ne fût pas pour me déplaire. 

Bref, merci Espace Culturel pour la découverte de cette plume oubliée et de la littérature américaine.
Une écriture faussement simple au service d'un héros, lui aussi, faussement simple. 
Impossible à oublier tant ce roman est bouleversant !

mercredi 10 juillet 2024

125 et des milliers

125 et des milliers,

125 personnalités racontent 125 victimes de féminicides,
Dirigé par Sarah Barukh,
Ed. Harper Collins, 2023


Mot de l'éditeur :

125 personnalités racontent 125 victimes de féminicides

Salomé avait 21 ans, était étudiante en sociologie et anthropologie, et voulait devenir institutrice.
Marie-Alice, 53 ans, était chercheuse en biotechnologie et féministe convaincue.
Myriam, 37 ans, était championne d’équitation, diplômée de Saint-Cyr et mère d’un bébé de 14 mois.
Gülcin, 34 ans, mère de quatre enfants, avait déposé plainte et écrit au procureur de la République.

Et pourtant…

En France, une femme est assassinée par son compagnon ou ex-compagnon tous les deux jours et demi, soit en moyenne 125 femmes par an.
Qui sont-elles ? Quelle est leur histoire ? Comment en sont-elles arrivées là ?
Pour une fois, les victimes ont un visage. 125 personnalités de la littérature, des mondes politiques et artistiques, prennent la plume pour raconter ces vies détruites et ce que les chiffres ne disent pas.
À travers l’analyse de son parcours de femme touchée par la violence et ses entretiens avec des policiers, psychiatres, avocats, associations, philosophes…, Sarah Barukh cherche à comprendre l’emprise, les schémas communs aux féminicides et le rôle de la société dans ces assassinats.
Un livre hommage pour se souvenir et faire réfléchir à notre implication à tous, collectivement. 125 voix et des milliers se lèvent pour que ces meurtres cessent.


Dealer : Dialogues, Brest


Ma lecture :

L'autrice Sarah Barukh a réuni 125 personnalités pour évoquer le destin de 125 femmes victimes de féminicides. 

mardi 9 juillet 2024

Pour l'amour de Lauren

Pour l'amour de Lauren,

Karine Lambert,
Ed. Presses de la cité, 2019


Mot de l'éditeur :

Au nom de la vérité, Gemma, New-Yorkaise, a fait voler en éclats son quotidien trépidant de femme d'affaires. Sous le charme de la Normandie, elle part sur les traces de son aïeule, Philippine, grâce à ceux qui l'ont connue.
Par amour, celle-ci a tout quitté, sa famille, sa Normandie. Pour Ethan, un beau GI rencontré à l'été 1944, Philippine a rejoint sa belle-famille en Louisiane. Passé le choc de la découverte du Nouveau Monde, le bonheur s'offrira-t-il à la jeune exilée, mariée, enceinte, loin des traditions de son pays natal ?
Gemma veut savoir : quelle était la vie de Philippine, là-bas, à La Nouvelle-Orléans ? Pourquoi est-elle rentrée en France ? Seule ?
Entre deux continents, deux époques, portraits croisés de deux femmes entières qui vibrent à l'unisson. Pour l'amour d'une petite fille, Lauren...


Ma lecture :


Passionnée par le sujet des war brides évoqué dans Les amants de l'été 44, j'ai eu envie de poursuivre ma lecture de cette saga en deux tomes.  

Dans le premier tome, nous quittions Philippine sur le bateau à destination des Etats-Unis, bateau uniquement affecté pour les war brides comme elle, pleines d'espoirs et d'inquiétudes...
En effet, le sort de ces jeunes femmes, éblouies par l'amour et le rêve américain, est fascinant, romanesque et parfois tragique. Certaines reprennent aussitôt le bateau vers Le Havre, leurs prétendants les ayant oubliées. Les plus chanceuses convolent avec leurs maris mais déchantent souvent. La vie qui les attend n'est pas tout à fait ce à quoi elles aspiraient. Elles se retrouvent sur un continent inconnu avec des coutumes, une religion, une langue tout à fait différentes. Parfois elles se retrouvent au fin fond du Nevada, du Nebraska ou du Texas. Le choc des cultures est saisissant !

Notre héroïne, Philippine, emménage avec son mari dans la villa familiale qui tombe en décrépitude en Louisiane. Elle cohabite alors avec une famille, une culture et une gastronomie inconnues qui la laissent perplexe. Son mari aussi, n'est plus le GI sauveur mais un GI traumatisé par la guerre. L'alcool va bientôt réveiller ses démons... La famille reste nostalgique des heures glorieuses des plantations de de coton, de la vie fastueuse qu'ils menaient, de leurs esclaves à leurs pieds.

J'ai aimé cette découverte de l'Amérique par des yeux tout fait naïfs, ceux de Philippine, jeune Normande qui n'a jamais quitté sa campagne. Elle découvre une culture qu'elle n'aurait jamais imaginé : elle rencontre par exemple en même temps des Noirs et le racisme et ne comprends pas la ségrégation.
Trouvera-t-elle sa place dans un pays dont elle ne possède pas les codes ?

Ce roman a double temporalité dresse des destins tout à fait fascinants !

Comme pour le tome précédent, écriture plate et efficace mais sans saveur, pour un sujet, en revanche, vraiment passionnant nourri par des recherches évidentes.
Le job est réussi car je l'ai lu pour son sujet : les war brides, et j'ai appris un tas de choses !

jeudi 4 juillet 2024

Les amants de l'été 44

Les amants de l'été 44,

Karine Lebert,
Ed. Presses de la cité 2018


Mot de l'éditeur :

Gemma Harper est une jeune New-Yorkaise ambitieuse dont les certitudes vacillent à la mort de sa mère. C’est au cœur d’une Normandie inconnue que ses pas vont la guider à la découverte de ses origines cachées, liées à celles de Philippine, femme au destin romanesque durant la Seconde Guerre mondiale.

2000, Gemma est une jeune New-Yorkaise vive, séduisante, pragmatique, travaillant avec passion dans l’entreprise familiale de produits alimentaires. A la mort de sa mère, elle découvre que sa « vraie » grand-mère était française ; elle décide alors de partir, seule, sur ses traces. Ce voyage à la recherche de ses origines la conduit en Normandie. En sillonnant la région, Pont-l’Evêque, Le Havre, Barfleur, Colleville, l’Américaine recueille les témoignages de ceux qui ont connu Philippine. Tout commence en 1944, quand, en faisant du marché noir à Deauville, la jeune Normande rencontre Ethan, un GI, cajun de Louisiane.

Deux destins de femmes, deux continents, deux époques… L’une est en quête, la seconde se raconte. Gemma trouvera un nouveau sens à sa vie et comprendra comment Philippine a payé le prix de sa liberté. Avec en filigrane cette question douloureuse : pourquoi a-t-elle abandonné sa fille aux Etats-Unis ?


Ma lecture :

Après avoir effleuré le sujet des war brides dans le dernier roman de Tatiana de Rosnay, j'ai eu envie de creuser un peu plus. Deux lectrices Booksta m'ont conseillé Les amants de l'été 44... 

lundi 1 juillet 2024

Pars vite et reviens tard

Pars vite et reviens tard,

Fred Vargas, 
Ed. Viviane Hamy, 2001


Mot de l'éditeur :

Joss, crieur de profession, déclame pour les habitants leurs petites annonces et de mystérieux messages en ancien français. Pendant ce temps, le commissaire Adamsberg reçoit une jeune femme s'inquiétant de l'apparition de dessins énigmatiques sur treize portes de son immeuble. Entre ces messages et ces dessins : cinq cadavres morts par strangulation et recouverts de charbon de bois. La panique s'installe alors que s'insinue la peur de la peste noire...

On retrouve dans cette énigme policière, les personnages en marge que la romancière affectionne et au-delà de l'intrigue, c'est aussi son regard, acerbe, tendre ou amusé sur les travers de notre société qui nous attache.


Dealer : Boîte à livres


Ma lecture :

Quand j'ai découvert ce roman dans ma boîte à livres, j'ai cédé à la tentation d'ouvrir ce classique de la littérature policière française. En effet, je n'avais jamais encore lu Fred Vargas...

Difficile de lire un roman encensé sans en attendre beaucoup, ce qui pipe diablement la lecture.
Le pitch en deux mots : une série de cadavres est découverte en même temps que des signes tagués sur des portes d'appartements. Mise en garde ? Signature ? Le commissaire Adamsberg n'en même pas large. Alors quand on vient lui apprendre que le crieur, Joss Le Guen, reçoit des missives énigmatiques écrites en vieux français ou en latin, il peine à trouver un sens à ces événements.

Vous avez bien lu crieur. Joss Le Guen est crieur de rue, à l'ancienne. Il reçoit dans sa boîte aux lettres des messages à crier devant un public, chaque jour à 18h10. Moyennant finance, n'importe qui peut faire crier une annonce, un amour disparu, un vers de poésie. Ou des textes plus étranges, comme ceux qu'il reçoit de plus en plus souvent, de plus en plus violents. Pourquoi ?

Adamsberg et son équipe vont se plonger dans l'histoire de la peste noire qui sévissait à Paris dans les années 30. Il semblerait que les cadavres retrouvés aient été piqués par des puces pestiférées. Cette maladie serait revenue ?
Avant qu'une panique envahisse pour de bon la capitale, le chrono est lancé pour retrouver le coupable...

Je n'ai pas été éblouie par ma lecture, mais j'ai aimé cette ambiance de polar au cœur de Paris. Les personnages sont hauts en couleurs et leurs particularités les rend attachants. J'ai adoré l'idée du crieur ! L'autrice saupoudre son roman policier de poésie, c'est un régal !

Bilan : un roman policier servi par des personnages bien campés. L'autrice explore l'Histoire de Paris et de la Peste pour donner du fonds à son polar. Enfin, les épices poétiques et les petites touches d'humour titillent les papilles ! Une belle découverte, mais à cause de sa renommée, je m'attendais à un peu plus de goût.

mercredi 26 juin 2024

Poussière blonde

Poussière blonde,

Tatiana de Rosnay
Ed. Albin Michel, 2024


Mot de l'éditeur :

« Pauline avait conscience qu'elle n'était qu'un être ordinaire aspiré dans l'orbite d'une femme qui, elle, n'avait rien d'ordinaire... Être femme de chambre, c'était précisément cela : faire intrusion sans le vouloir dans l'intimité d'autrui, voir le contenu des corbeilles à papier, remarquer les titres des livres, lire les premières phrases des cartes, lettres et petits mots qui traînent. Tout était là, en pâture ; la vie entière de quelqu'un, dissimulée dans une chambre d'hôtel. »

Un matin, Pauline est appelée pour nettoyer la suite 614 du Mapes Hotel. Alors qu'elle pense trouver une chambre vide, une femme apparaît, hagarde : Mrs. Arthur Miller, alias Marilyn Monroe, dont le séjour à Reno marque la fin de son mariage avec le célèbre dramaturge et le tournage infernal d'un film à la légende noire, Les Désaxés.

Avec pour décor l'immensité aride du désert du Nevada et ses chevaux sauvages, les mustangs, Poussière blonde raconte le choc d'une rencontre inoubliable entre deux femmes que seul le hasard pouvait réunir.


Dealer : Salon du livre, Vannes (56)


Ma lecture : 

Couverture dorée.
Portrait de Marilyn.
Aucun doute sur le sujet du dernier roman de Tatiana de Rosnay.

dimanche 23 juin 2024

Une vie française

Une vie française,

Jean-Paul Dubois,
Ed. Seuil, 2005


Mot de l'éditeur :

Petit-fils de berger pyrénéen, fils d'une correctrice de presse et d'un concessionnaire Simca à Toulouse, Paul Blick est d'abord un enfant de la Ve République. L'histoire de sa vie se confond avec celle d'une France qui crut à de Gaulle après 58 et à Pompidou après 68, s'offrit à Giscard avant de porter Mitterrand au pouvoir, pour se jeter finalement dans les bras de Chirac.

Et Paul, dans tout ça ? Après avoir découvert, comme il se doit, les joies de la différence dans le lit d'une petite Anglaise, il fait de vagues études, devient journaliste sportif et épouse Anna, la fille de son patron. Brillante chef d'entreprise, adepte d'Adam Smith et de la croissance à deux chiffres, celle-ci lui abandonne le terrain domestique. Devenu papa poule, Paul n'en mène pas moins une vie érotique aussi intense que secrète et se passionne pour les arbres, qu'il sait photographier comme personne.

Une vraie série noire – krach boursier, faillite, accident mortel, folie – se chargera d'apporter à cette comédie française un dénouement digne d'une tragédie antique. Jardinier mélancolique, Paul Blick prend discrètement congé, entre son petit-fils bien-aimé et sa fille schizophrène.

Si l'on retrouve ici la plupart des " fondamentaux " de Jean-Paul Dubois – dentistes sadiques, femmes dominatrices, mésalliances et trahisons conjugales, sans parler des indispensables tondeuses à gazon –, on y découvre une construction romanesque dont l'ampleur tranche avec le laconisme de ses autres livres. Cet admirateur de Philip Roth et de John Updike est de retour avec ce roman dont le souffle n'a rien à envier aux grandes sagas familiales, dans une traversée du siècle menée au pas de charge.


Ma lecture :

Olivier Adam évoque souvent Jean-Paul Dubois comme son maître littéraire. Et je ne l'avais encore jamais lu. Souvent croisé sur les étals, mais jamais ouvert.
C'est chose faite.
Et...pourquoi ne l'avais-je jamais fait avant ? 

vendredi 21 juin 2024

La visite au Struthof, camp méconnu

La visite au Struthof, camp méconnu,

Yaël Hassan & Marc Lizano,
Ed. Nathan, 2024


Mot de l'éditeur :

Transmission, devoir de mémoire, patrimoine : cette BD jeunesse intergénérationnelle nous plonge dans l`histoire du Struthof, le seul camp de concentration nazi existant sur le territoire français actuel.Le collège de Simon, élève de 3ème, propose d`organiser une sortie scolaire au Struthof, ancien camp de concentration nazi. En manque d`accompagnateurs, Simon sollice sa grand-mère maternelle, Rose. C`est l`occasion pour cette dernière de se plonger dans cette sombre partie de l`Histoire à laquelle ses parents et ses grands-parents ont été durement confrontés. Et c`est au travers de vieux albums d`archives et d`épais carnets rédigés par sa mère que Rose prépare la visite du camp pour accompagner au mieux Simon.

La BD alternera d`une part les extraits du journal de Mathilda, la mère de Rose, et d`autre part la préparation de cette visite par Simon et son amie Nadia.


Dealer : Livres in room, Saint-Pol-de-Léon


Ma lecture : 

J'ai visité le camp de concentration du Struthof en juillet 2021, en Alsace. J'ai visité. Comme on visite une église ou un musée. Peut-être les deux à la fois. Ou peut-être aucun des deux. Il serait plus judicieux de dire : je me suis rendue dans un lieu de mémoire. Moi, avec mon sac à dos et mes chaussures de rando, j'ai franchi la porte d'un camp dont on ne ressortait généralement pas. Ou en tout cas indemne. D'un côté, je ne suis pas non plus ressortie indemne. L'Histoire m'a frappée en pleine face. La barbarie m'a giflée.
Le camp de Struthof est le seul camp de concentration avec crématoire bâti sur le sol français. Un sol français alors, en 1941, annexé par l'Allemagne. Aujourd'hui les baraquements ont disparu. La potence, battue par les vents, règne sur le vide. C'est une sensation saisissante.

Alors quand j'ai vu que Yaël Hassan dont j'admire le travail, avait écrit cette bande dessinée avec Marc Lizano, j'étais certaine qu'elle me rappellerait ma visite et la graverait sur le papier.
En effet, la classe de Simon, élève de 3ème, doit visiter le Struthof et il demande à sa grand-mère de les accompagner. L'occasion de revenir sur l'histoire familiale, douloureusement liée au camp.
La bande dessinée offre alors une visite dans le présent éclairée par ce témoignage du passé. Cess ombres du passé.

Aujourd'hui plus que jamais, cette bande dessinée est nécessaire. Elle témoigne de la barbarie que les extrémismes sont capables de faire. Elle témoigne de ce que la haine peut anéantir. Elle témoigne d'un passé qu'on ne ne doit jamais oublier.

Merci.

Et, dimanche 30 juin et 7 juillet, on vote !


A suivre, des photos de ma visite du Struthof.


Camp du Struthof (Photos personnelles, juillet 2021)



Camp du Struthof (Photos personnelles, juillet 2021)
Portail d'entrée


Camp du Struthof (Photos personnelles, juillet 2021)
Le Mémorial aux Héros et Martyrs de la Déportation



Camp du Struthof (Photos personnelles, juillet 2021)
Chambre à gaz





lundi 17 juin 2024

La clandestine de Jersey

La clandestine de Jersey,

Jenny Lecoat,
Ed. Mercure de France, 2022


Mot de l'éditeur :

À l'heure du déjeuner, en voyant la queue devant le mess des officiers, le lieutenant Kurt Neumann décida d'aller fumer une cigarette et d'attendre un peu. Il était sur le point d'en allumer une quand il vit quelque chose et s'immobilisa, la flamme de son briquet agitée par la brise. Une jeune fille pâle et très mince, aux cheveux blonds doré relevés en chignon, venait d'apparaître entre deux bâtiments administratifs, l'air un peu perdue. Ce qui le frappa le plus, ce furent ses yeux. Ils étaient immenses, couleur de la mer à Rozel Bay, avec le regard effrayé d'un petit animal et aussi une lueur de défi.Pour lui, c'est aussitôt le coup de foudre. Pour elle, ce sera un peu plus long. Mais il s'agit d'un amour impossible, interdit. Kurt est officier de la Wehrmacht et appartient aux troupes qui occupent les îles anglo-normandes depuis juin 1940. Et Hedy Bercu, réfugiée venue d'Autriche en 1938 pour fuir l'Anschluss, est juive. D'abord discrète, leur liaison va devenir ultra-secrète quand Hedy, pour échapper à la déportation, doit littéralement disparaître. Elle vivra cachée jusqu'à la fin de la guerre chez Dorothéa Le Brocq, une habitante de Jersey - qui risquait sa vie en l'hébergeant - et sans jamais sortir, avec pour seules et rares visites celles de son amoureux, sur qui la police secrète a de plus en plus de soupçons...Cette histoire est authentique. Et Dorothea Le Brocq a été honorée bien plus tard au titre de Juste parmi les Nations.


Dealer : de seconde main



Ma lecture :

Je veux toujours lire des romans en lien avec mes lieux de villégiature. J'étais très contente de trouver La clandestine de Jersey qui se déroule donc à Jersey, en pleine Occupation.
L'autrice Jenny Lecoat revient sur une histoire vraie : une jeune femme juive, Hedwig Bercu, a été cachée sur l'île par Dorothea Weber-Le Brocq, d'ailleurs reconnue comme Juste après guerre.  

dimanche 16 juin 2024

Le monde sans fin

Le monde sans fin,

Christophe Blain & Jean-Marc Jancovici,
Ed. Dargaud, 2021


Mot de l'éditeur :

La rencontre entre un auteur majeur de la bande dessinée et un éminent spécialiste des questions énergétiques et de l’impact sur le climat a abouti à ce projet, comme une évidence, une nécessité de témoigner sur des sujets qui nous concernent tous. Intelligent, limpide, non dénué d’humour, cet ouvrage explique sous forme de chapitres les changements profonds que notre planète vit actuellement et quelles conséquences, déjà observées, ces changements parfois radicaux signifient. Jean-Marc Jancovici étaye sa vision remarquablement argumentée en plaçant la question de l’énergie et du changement climatique au coeur de sa réflexion tout en évoquant les enjeux économiques (la course à la croissance à tout prix est-elle un leurre ?), écologiques et sociétaux. Ce témoignage éclairé s’avère précieux, passionnant et invite à la réflexion sur des sujets parfois clivants, notamment celui de la transition énergétique. Christophe Blain se place dans le rôle du candide, à la façon de son livre "En cuisine avec Alain Passard" et de "Quai d’Orsay" signé avec l’expertise d’un coauteur : un pavé de 120 pages indispensable pour mieux comprendre notre monde, tout simplement !


Mot de l'éditeur : Bibliothèque de Sibiril (29)


Ma lecture :

Je quitte mes sentiers battus pour réfléchir quelques instants, et pour de bon, sur notre monde du côté de l'écologie. 

vendredi 14 juin 2024

Hôpital souterrain

Hôpital souterrain,

Hervé Jaouen,
Gallimard, 1990


Mot de l'éditeur :

Une petite fille, Angeline, a disparu lors d'une visite avec ses parents du fameux hôpital souterrain construit par les prisonniers russes à Jersey pendant la Seconde Guerre mondiale.
Mais Jersey n'est pas qu'un symbole de la hantise de Hitler d'un débarquement anglais sur l'île; Jersey fut aussi terre de sorcières — des familles entières ont même émigré à Salem au XVIIe siècle. Et si l'on ajoute que le père et la mère de l'enfant ne s'entendaient pas, que la mère retourne en France alors que le père reste sur place pour participer aux recherches, on voit que l'accident ou l'enlèvement d'Angeline peut être facilement, et dangereusement, inclus dans la catégorie des maléfices.

Hervé Jaouen, Breton et auteur de romans noirs, nous livre avec Hôpital souterrain son roman le plus émouvant.


Dealer : Dans mes étagères depuis des lustres


Ma lecture :

J'ai lu thriller d'Hervé Jaouen il y a une vingtaine d'années. Thriller...ce terme est trop moderne pour Hervé Jaouen, à qui on associe plutôt le terme de polar, plus de son temps. Mais même si ce roman a plus de trente ans, il n'a pas pris un ride !  

mercredi 5 juin 2024

La vie devant soi

La vie devant soi,

Romain Gary,
Sous le pseudonyme d'Emile Ajar,
Ed. Mercure de France, 1975
(Prix Goncourt 1975)


Mot de l'éditeur :

Quartier de Belleville, années 70. Momo, 10 ans vit chez Madame Rosa, une ancienne prostituée qui a créé « une pension sans famille pour les gosses qui sont nés de travers », c'est à dire qu'elle accueille des enfants de prostituées pour les protéger de l'assistance publique ou des "proxinètes", comme dit Momo. Le jeune garçon raconte son quotidien à hauteur d'enfant émaillant son récit de réflexions sur la vie :
"Les gens tiennent à la vie plus qu'à n'importe quoi, c'est même marrant quand on pense à toutes les belles choses qu'il y a dans le monde."
"La vie fait vivre les gens sans faire tellement attention à ce qui leur arrive."
Si Momo a la vie devant lui, Madame Rosa, quant à elle, est hantée par ses souvenirs d'Auschwitz, se laissant gagner peu à peu par la maladie. Si son médecin insiste pour qu'elle soit hospitalisée, elle le refuse catégoriquement, soutenue par Momo :
"Moi je trouve qu'il n'y a pas plus dégueulasse que d'enfoncer la vie de force dans la gorge des gens qui ne peuvent pas se défendre et qui ne veulent plus servir."
L'enfance, la mort, la vieillesse, le milieu des prostituées et des émigrés s'entremêlent savamment pour former une œuvre atypique, pimentée de trouvailles langagières hors norme, drôles et décalées.
Les derniers mots du roman sonnent comme une promesse : "Il faut aimer".


Dealer : Gibert Joseph


Ma lecture :

Lire un classique fait toujours un peu peur. Surtout un Goncourt. Goncourt...on en parle tout de suite ? Romain Gary est le seul auteur à l'avoir remporté deux fois car la seconde fois, il a utilisé ce pseudonyme d'Emile Ajar pour publier La vie devant soi. Il est donc également l'auteur de la plus grande supercherie littéraire, qu'il a avouée dans sa lettre de suicide. Je dirai plutôt qu'il était un génie littéraire, libre de tout carcan éditorialiste. Chapeau l'artiste.

Bref.

Revenons à Momo, héros de La vie devant soi.
Ce garçon de 10 ans a été confié très jeune à Madame Rosa, ancienne prostituée qui s'est reconvertie en nounou pour enfants de prostituées. Elles courent l'emprisonnement si on les voit élever des enfants. Il grandit donc dans le quartier de Belleville avec cette mère adoptive juive, rescapée d'Auschwitz et de la rue et reçoit une éducation judéo-arabe.
Mais un jour, Momo découvre qu'il a en fait 14 ans et que sa Madame Rosa décline sérieusement. Pas question pour elle d'avoir de vrais papiers et donc de toucher une quelconque sécurité sociale, des fois qu'on la raflerait à nouveau vers le Vel' d'Hiv'. Alors pas d'hôpital pour elle... Momo va l'assister dans son déclin et ses souffrances...

Publié en 1975, le roman peut être lu comme un conte sur la fin de vie, et ce thème est résolument d'actualité. Madame Rosa ne veut pas végéter comme un légume, elle veut abréger ses souffrances. Elle fait promettre au jeune garçon de l'avorter. Mais l'avortement des vieux est illégal. Momo a un regard et un vocabulaire naïf sur le monde qui l'entoure. Il déforme les mots qu'il entend selon les accents de ceux qui les prononcent. Il utilise par exemple les mots "avortement" ou "défendre" dans les tous les sens, usés jusqu'à la moëlle. J'ai ainsi appris que se défendre voulait aussi dire se prostituer. Regard naïf à la Candide, donc, qui ouvre déjà le débat de l'euthanasie. 

J'ai été impressionnée par ce roman à la fois facile à lire et riche en subtilités. J'ai beaucoup aimé la voix de Momo, inoubliable, désuète, naïve et tellement authentique. L'histoire est sombre : on parle d'un enfant élevé par une vieille dame en fin de vie. Si elle meurt, il sera placé en foyer et quittera son quartier multiculturel de Belleville. Histoire sombre, donc, mais d'une beauté éblouissante.

Je suis ravie d'avoir découvert ce roman...sous le conseil averti de... Virginie Grimaldi ! Merci !


lundi 3 juin 2024

Il ne se passe jamais rien ici

Il ne se passe jamais rien ici,

Olivier Adam, 
Ed. Flammarion, 2024

 

Mot de l'éditeur :

La saison touristique touche à sa fin dans ce village niché sur les rives du lac d'Annecy. Comme souvent, Antoine passe la soirée au Café des Sports avec les habitués. L'atmosphère est à la fête. Mais quand, au petit matin, on découvre le corps d'une femme assassinée au bord de l'eau, c'est vers lui que se portent les regards. Connu de tous, jugé instable par beaucoup, y compris par sa propre famille, ce bientôt quadragénaire aux airs d'éternel adolescent fait vite figure de coupable idéal. Sans doute un peu trop. Car, ce soir-là, ils sont nombreux à être partis tard dans la nuit. Dans ce roman redoutable empruntant au genre du roman noir, Olivier Adam donne la parole à tous les protagonistes de l'affaire et fait l'autopsie d'une communauté où sont tapis la violence des hommes et leurs silences.


Dealer : Salon du livre de Vannes (56)


Ma lecture :

Vous devez commencer à le savoir, j'aime beaucoup Olivier Adam. Je ne rate jamais la sortie d'un de ses romans.

Loin des embruns malouins habituels, nous voici dans la région du lac d'Annecy. Petite vallée. Petit bourg. Gros choc : Fanny est retrouvée morte sur le rivage. La dernière personne à l'avoir vue en vie, c'est Antoine. Ils ont un passé électrique, ont été maintes fois ensemble, et autant de fois séparés. Pourtant, ils s'attirent, tels des aimants. Tels des amants. Ce soir là, ils sont allés boire un verre au Café des Sports. Un verre, puis d'autres. Jusqu'à la raccompagner au pied de chez elle.
Dans sa gueule de bois, il tarde à émerger et coule immédiatement à cette terrible découverte. Fanny est morte. Assassinée. Son pilier. Sa muse. Et il devient le principal coupable. Lui, ce marginal pas capable de garder une femme, ou de payer un loyer. Le romantique, le sensible. Celui qui écume les bars. Celui qui a toutes les mauvaises raisons de d'être perdu dans un coup de nerf. Un coup de sang.

Pourtant, l'inspecteur Pedretti interroge tout le monde. Les habitués du bar. Les employeurs de Fanny. Ses collègues. Ses proches. Finalement tout le monde aurait une bonne raison d'avoir fait un pas de travers. Dans ce petit bourg, les armures et les carapaces se fendent les unes après les autres. La violence des hommes remonte, nauséabonde, à la surface. Les secrets se révèlent à mesure que les langues se délient.
Et Antoine, où est-il ? Où a bien pu passer le coupable idéal ? Sa fuite est un aveu servi sur un plateau d'argent.

Et si la vérité était ailleurs ?

Olivier Adam sort de sa ligne éditoriale habituelle. Et il a bien fait, puisqu'il le fait bien.
Les chapitres sont courts et donnent la parole aux habitants de la vallée. Un thriller chorale où les voix murmurent la vérité sans le crier trop fort. Il y aurait trop d'écho, dans la montagne.
Bravo !


jeudi 30 mai 2024

Billie Pretty a disparu

Billie Pretty a disparu,

Sophie Astrabie,
Ed. Flammarion, 2023


Mot de l'éditeur :

Depuis qu'elle est enfant, Billie est élevée dans une petite ville de province par Marcel, son grand-père. C'est dans ce milieu modeste où chaque centime compte, où les distractions sont rares, qu'elle grandit. Un jour d'été comme les autres, dans l'escalier de son immeuble, Billie rencontre Maxime. Avec lui, elle découvre l'amitié, la confiance et l'amour. Ils vont se perdre, se retrouver, se perdre encore... C'est l'histoire de deux êtres qui s'aiment depuis l'enfance, mais pas en même temps. C'est l'histoire d'une petite fille qui croit en sa légende personnelle même après que celle-ci s'est effondrée. C'est l'histoire de Billie, qui va tout faire pour exister.


Ma lecture :

Cela fait des mois que je vois ce roman passer sur les réseaux, avec son titre intrigant. J'avais envie d'un roman court et léger : j'ai découvert Sophie Astrabie. Et...

mercredi 29 mai 2024

Où la vie nous conduira

Où la vie nous conduira,

Cathy Bonidan,
Ed. La Martinière, 2024


Mot de l'éditeur :

Il y a des moments dans une vie où un presque rien peut faire basculer une existence.

Et parfois ce presque rien fait basculer plusieurs vies à la fois.

C’est le cas quand le célèbre présentateur télé Bruno Lamy décide de monter une émission inédite : un grand plateau en direct rassemblant autour de lui sept parfaits inconnus dans le rôle de chroniqueurs d’un soir. Des gens ordinaires, qui auraient été choisis par leur entourage, sans même qu’ils soient prévenus.

C’est ainsi que les trajectoires de Louise et Roger, retraités esseulés, vont croiser celles d’Alix, mère de famille conseillère chez Pôle Emploi, de Romain, étudiant précaire et blasé, de Justine, professeur dans un hôpital pour enfants, mais aussi celle de Gérald, cuisinier, ou de Jeff, sans domicile fixe depuis plusieurs années. Sept trajectoires séparées, avec chacune ses cabosses et ses failles. Sept personnages que rien ne destinait à se rencontrer. Sept vies qui se percutent et se rejoignent, presque comme une évidence. Au point de recomposer une nouvelle famille ?

Avec justesse et sensibilité, Cathy Bonidan use de son talent pour composer un roman lumineux et rempli d’espoir, où l’amitié et l’amour pansent toutes les plaies.


Dealer : Salon du livre, Vannes


Ma lecture :

Je lis Cathy Bonidan depuis son premier roman, Le parfum de l'hellébore paru en 2017. Et j'ai pour elle une tendresse particulière puisqu'elle avait participé à son premier salon littéraire à Sibiril après mon invitation. Depuis, la voilà propulsée au salon de Vannes, avec quatre romans à son actif.

Et je viens donc de lire son petit dernier, Où la vie nous conduira.
Il s'agit d'un roman choral qui donne la parole à dix personnages  qu'une émission télévisée va réunir pour un réveillon de Noël. Bruno Lamy, animateur vedette, décide d'inviter des téléspectateurs triés sur le volet à venir présenter l'émission du 24 décembre avec lui, en direct. Huit candidats seront sélectionnés, hommes et femmes d'âges et d'horizons différents. Nous avons une veuve octogénaire, un jeune SDF, une mère de famille effacée, une institutrice en milieu hospitalier, ... Tous participent à l'émission pour récolter de l'argent pour leur association caritative dévouée à des causes qui leur sont chères, comme par exemple, offrir un voyage à des adolescents malades, rénover des logements insalubres, ... Peu à peu, entre Jeff, Justine, Gatienne ou Romain, les langues se délient, des secrets sont levés, des affinités se créent...

J'ai aimé ce principe de mélanger des personnages un peu au hasard, comme le dernier roman de Lorraine Fouchet qui réunit un petit groupe d'individus très différents. Chacun a ses aspirations et ses casseroles plus ou moins dissonantes. Cathy Bonidan travaille ses personnages au corps et au cœur puisqu'elle va faire tomber des barrières et leur créer des liens forts. Leurs failles deviennent des moteurs pour avancer dans cette vie où ils avaient tendance à piétiner. 

La plume de l'autrice est douce et fluide et conduit ses personnages vers le meilleur d'eux-mêmes et les amener à se révéler. J'avais peur qu'ils soient stéréotypés mais leurs failles leur offre une complexité intéressante à découvrir. C'est un roman qui met du baume au cœur, qui réunit les générations et réconcilie les âmes abimées. 

Un rayon de soleil dans ce temps maussade !


mardi 21 mai 2024

Le goût des pépins de pomme

Le goût des pépins de pomme,

Katharina Hagena,
Ed. Anne Carrière, 2008


Mot de l'éditeur :

À la mort de Bertha, ses trois filles, Inga, Harriet et Christa, et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament. A sa grande surprise, Iris hérite de la maison et doit décider en quelques jours de ce qu'elle va en faire. Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver.
Mais, à mesure qu'elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin qui l'entoure, ses souvenirs se réveillent, reconstituant l'histoire émouvante, parfois rocambolesque, mais essentiellement tragique, de trois générations de femmes.

Katharina Hagena nous livre ici un grand roman sur le thème du souvenir et de l'oubli.
Roman traduit de l'allemand par Bernard Kreiss.


Dealer : Un bouquiniste au hasard de mes pérégrinations


Ma lecture :

J'ai acheté ce roman par hasard : la couverture retro m'a tapée dans l'œil et j'étais contente de creuser ma curiosité dans la littérature allemande. 

vendredi 17 mai 2024

L'écriture est une île

L'écriture est une île,

Lorraine Fouchet,
Ed. Héloïse d'Ormesson, 2024


Mot de l'éditeur :

Il paraît que toutes les histoires ont déjà été racontées. Alix refuse d'y croire. Elle est romancière et, pour son métier, elle a renoncé au reste. Un jour, elle accepte de partager sa passion lors d'un atelier d'écriture sur l'île de Groix. Si chacun des six participants pensait savoir pourquoi il se lançait dans l'aventure, celle-ci se révèle pleine de surprises. Ensemble, ils vont découvrir que le soleil peut se coucher à l'est, qu'une voix muselée une vie entière sait encore chanter, que l'amour vaut la peine d'être gueulé ou acclamé sur scène, et qu'il n'y a pas d'âge pour pardonner et recommencer. Réunis autour des mots qui les bouleversent, qui les habitent, qui les hantent ou qui les émeuvent, ils vont apprendre qu'écrire, c'est aussi écouter.

Grâce à une formidable guirlande de personnages, Lorraine Fouchet sonde les liens invisibles et précieux de l'amitié. De vingt à quatre-vingt-six ans, aucune barrière ne résiste à celui qui comprend que la main tendue est la meilleure arme pour dompter ses tempêtes intérieures.


Dealer : Bibliothèque de Sibiril


Ma lecture :

Cela fait une dizaine d'années que j'ai pris Le bateau du matin pour Groix, et j'avais beaucoup aimé. Pourtant (pourquoi ?), je n'ai pas remis les pieds dans l'île de Lorraine Fouchet depuis. Quelle erreur, car, sans suspens, son dernier roman, L'écriture est une île, est un coup de cœur !

mercredi 15 mai 2024

La petite fille du phare

La petite fille du phare,

Christophe Ferré,
Ed. Archipel, 2018


Mot de l'éditeur :

Ploumanac'h, Côte de granit rose.
Le temps d'une soirée dans un bar proche de leur maison, Morgane et Elouan laissent la garde de leur bébé, Gaela, à son frère adolescent.
Au retour, un berceau vide les attend. Aucune trace d'effraction, nulle demande de rançon. Les pistes se multiplient, mais l'enquête piétine.
Très vite, la police judiciaire pense que la petite fille ne sera jamais retrouvée.
Pour les parents de Gaela, l'enfer commence. D'autant qu'on fouille leur passé, et que celui-ci présente des zones d'ombre. Morgane est bientôt suspectée d'avoir orchestré la disparition de sa fille...
Un suspense au dénouement aussi stupéfiant qu'une déferlante sur les côtes bretonnes.


Ma lecture :

Je rentre de la Côte de granit rose avec un avis plutôt mitigé. Je m'explique. 

dimanche 12 mai 2024

Bien sûr que les poissons ont froid

Bien sûr que les poissons ont froid,

Fanny Ruwet,
Ed. de l'Iconoclaste, 2022


Mot de l'éditeur :

"Drôle, profond, un régal." Cécile Coulon

Vous tenez entre les mains l'irrésistible roman de Fanny Ruwet... Il parle de dépression, de rencontres amoureuses sur les réseaux sociaux, de crise existentielle et d'alcoolisme mondain. Il nous embarque dans une intrigue à couper le souffle. Et évidemment, la fin va vous surprendre.
C'est un livre truffé de blagues, contrairement à cette présentation, son éditeur ayant moins d'humour que son autrice. Vous allez verser quelques larmes, mais surtout rire, beaucoup rire. Et ça, c'est rare en littérature, non ?


Ma lecture :

J'entends parfois Fanny Ruwet faire des blagues sur France Inter, et il y a deux ans, quand je l'ai écoutée parler de son livre dans Quotidien, je l'ai noté dans ma petite liste de livres à ne pas rater.

Adolescente, Allie passe ses soirées à discuter sur MSN et à surfer sur les Skyblogs d'inconnus. Elle finit par se lier d'amitié avec Nour Elle habite en Belgique, lui à Montpellier mais entre eux, naît une amitié qu'elle pense profonde et sincère. Une amitié qui a même tendance à glisser vers d'autres sentiments. Et puis Nour ne donne plus signe de vie. Et Allie passe à autre chose et grandit.

Quelques années plus tard, après une rupture amoureuse, la jeune femme se demande ce qu'est devenu ce Nour. Commence alors une enquête de MSN et Skyblogs aux réseaux actuels Facebook et Instagram.

C'est clairement un roman générationnel, celle, des années 90, celle qui a vu naître et évoluer les réseaux sociaux, celle qui a grandi avec eux. C'est à la fois drôle et potache, et tendre et réfléchi. J'ai beaucoup ri et acquiescé dans ma lecture.
Fin comme du Plantafin, gras comme un sceau de mayo. Mais tellement bon qu'on se lèche les doigts après pour ne rien rater !

Et une mention particulière pour les notes de bas de page : succulentes ! C'est le topping sur la gaufre liégeoise !

Bref, sans vouloir paraphraser Valérie Trierweiler, merci pour ce moment !


mardi 7 mai 2024

Motus et coeurs cousus

Motus et cœurs cousus,

Léa Volène,
Ed. Archipel, 2023


Mot de l'éditeur :

Les liens qui nous unissent sont aussi forts qu’un fil de soie.

Après le décès de ses parents, Marjorie, unique héritière, pose ses valises dans la maison familiale. Dans la rue du cimetière, l’emménagement de cette jeune mère de famille et de sa fille adolescente ne passe pas inaperçu.
D’autant que, dix-sept ans plus tôt, son départ précipité du village suivi de la disparition de sa sœur avaient fait grand bruit. Puis plus rien, le silence absolu. Difficile alors de revenir sans attirer les regards curieux notamment celui de Marcel, leur voisin acariâtre.
Alors que Marjorie imagine une vie paisible, un mystérieux arrangement du passé refait surface. Mais est-il vraiment possible de cacher un trop lourd secret ?


Dealer : Bibliothèque de Sibiril


Ma lecture : 

J'ai tout de suite flashé sur ce titre, Motus et cœurs cousus, et je suis Léa Volène sur les réseaux depuis quelques années. Le moment était donc venu de découvrir son roman.

J'aime beaucoup les romans où les secrets de famille dégoulinent dans le présent. Et c'est le cas ici, avec Marjorie, mère célibataire d'Anouk qui investit la maison familiale. Sa famille, elle l'avait quittée 17 ans plus tôt, enceinte de sa fille, et rejetée par ses parents. Au décès de ces derniers, la voilà unique héritière de cette maison. De quoi en finir avec les logements précaires et reprendre une nouvelle vie là où, finalement, tout avait commencé. Pourtant, revenir dans son village réveille son plus lourd secret, celui qu'elle doit taire à tout prix...

La complicité entre cette mère et sa fille m'a beaucoup plu, entre tendresse et humour. Elles ont grandi dans leur bulle et les voilà exposées aux yeux de leurs voisins curieux. A commencer par Marcel, le vieux d'en face qui les épie derrière son rideau et qui, comme Anouk, aime passer du temps dans les cimetières, surtout sur la tombe de sa femme. ces deux cœurs taciturnes vont se trouver des atomes crochus. Et il y a Ruben, le voisin des comédies romantiques par excellence. Beau, prévenant et qui pourrait, lui aussi, cacher un secret. Deux cœurs écorchés qui finiront par se réparer.

L'écriture de l'autrice est fluide et enjouée. J'ai aimé la distillation du secret par les lettres que reçoit Marjorie. La tension monte peu à peu, parfaitement maîtrisée. Cependant, la révélation et les suites du secret ne m'ont pas pas tout à fait convaincue.

C'est un roman téléfilm-de-13h-sur-M6 qui fait le job : j'ai passé un bon moment, sans prise de tête, en me déconnectant du monde actuel. Les codes du feel-good sont respectés : l'héroïne, pesée par son secret va s'en libérer et s'ouvrir à la vie...et à l'amour.

Bref, un roman parfait pour les vacances, et pour les viaducs de Mai !




vendredi 3 mai 2024

Je vais t'aimer d'une façon nouvelle

Je vais t'aimer d'une façon nouvelle,

Guillaume Apollinaire,
Ed. de l'Orma, 2021


Mot de l'éditeur :

Une symphonie de baisers, de grenades, d’adieux : l’histoire d’un grand amour brûlé par le désir.

On entend dans les lettres du poète français le plus révolutionnaire du vingtième siècle à sa Lou les douces harmonies des sentiments, les dissonances stridentes des incompréhensions, une mélodie charmeuse et charnelle.

Une splendide correspondance amoureuse avec en fond sonore les bruits métalliques de plus en plus menaçants de la Grande Guerre.


Dealer : Librairie de la Place aux Herbes, Uzès


Ma lecture :

Depuis le lycée, je suis sous le charme des vers de Guillaume Apollinaire. Les éditions de l'Orma, avec leur collection "Les plis : livres à expédier" explorent sa correspondance amoureuse avec Lou, extraite des fameux Lettres et poèmes à Lou. Les amants sont séparés par la guerre : lui est au front, elle est infirmière. Si Apollinaire est l'auteur de magnifiques poèmes comme Le Pont Mirabeau, Zone ou Les colchiques, il n'est en pas moins un sacré coquin lorsqu'il s'agit de parler d'amour...et d'un peu plus ! Cependant, ses mots restent bien tournés et montre sa frustration d'être au cœur des tranchées plutôt qu'auprès de son cœur.

La guerre, pourtant, parlons en plus longuement. D'origine italienne et polonaise, le poète a fait des pieds et des mains pour s'engager dans l'Armée française, pour défendre son pays à qui il offre ses plus beaux vers. Il se plaît même à gravir les échelons les uns après les autres et se veut être un fervent soldat.
Cependant, l'amoureux, dans le train qui l'emmène au front, sent déjà l'amour de Lou s'étioler à mesure qu'il s'éloigne de la gare où elle l'a pourtant conduit. Leur passion survivra-t-elle à la guerre ? Et lui, y survivra-t-il tout entier ?

Guillaume Apollinaire, au delà de nous offrir des mots d'amour et parfois polissons, livre un véritable témoignage des tranchées, tout s'épargnant des détails pour ne pas heurter sa Lou...ou la censure. Mais on y sent la peur, l'ennui de l'attente, les rares permissions, le flux des courriers postaux, ...
Son amour pour Lou sera son phare dans les ténèbres de la guerre. Même s'il sait cet amour mort, il est son seul échappatoire. Et Lou devient un personnage littéraire, l'héroïne de son futur recueil Poèmes à Lou qu'il imagine déjà publier à son retour.

Guillaume Apollinaire meurt le 9 novembre 1918, juste avant l'Armistice, de la grippe espagnole.

Bref, un joli recueil épistolaire dans un format retro : plus petit que les "poche" et reliés. Il est prêt à être expédiés aux amoureux des mots ! Les éditions de l'Orma, sur ce même principe, proposent d'autres auteurs comme Zweig (que je me suis également offert), Baudelaire, Poe, Pessoa, Voltaire, Curie, ...


Pour la petite histoire, j'ai adopté ce recueil à la Librairie de la Place aux Herbes, à Uzès, ville chère au Trintignant qui ont récité ces lettres d'Apollinaire sur scène, il y a maintenant fort longtemps. J'aime ce clin d'oeil...


jeudi 2 mai 2024

Piments aux quatre vents

Piment aux quatre vents,

Gaëlle Ausserré & Amélie Blanche,
KDP, 2024


Mot de l'éditeur :

À l’aube de ses trente ans, Louise peine à faire décoller sa carrière d’actrice, tandis que sa vie sentimentale s’embourbe.

Lorsque Thelma, sa jumelle à qui au contraire tout réussit, la convainc de la remplacer pour un voyage professionnel, elle s’envole pour Bali avec la mission de se fondre dans un univers artistique dont elle ignore tous les codes. Coachée par ses deux meilleurs amis, Nina et Steven, elle troque son quotidien paisible d’introvertie pour devenir son parfait opposé. 

La découverte de cette île paradisiaque pourrait bien pimenter le cours de son existence de manière inattendue…

Avec ce roman, Amélie Blanche et Gaëlle Ausserré s’essaient à un genre inédit pour elles, un feel-good teinté de romance, d’une note d’exotisme et d’une pincée d’épices.


Dealer : Gagné sur Instagram


Ma lecture :

Je n'ai pas encore lu tous les romans de Gaëlle Ausserré, mais j'ai beaucoup aimé ceux que j'ai lu. En revanche, je n'ai pas encore eu l'occasion de lire Amélie Blanche. Habituées à des romans plus...sérieux et dramatiques, les autrices se lancent à quatre mains dans l'écriture d'une série pétillante certifiée "sans colorant, sans conservateur, sans OGM, sans IA", sans pression mais avec une bonne dose d'humour.
Embarquement immédiat pour Bali ! 

lundi 29 avril 2024

Les heures lointaines

Les heures lointaines,

Kate Morton,
Ed. Presses de la cité, 2011


Mot de l'éditeur :

Lorsqu'elle reçoit un courrier en provenance du Kent qui aurait dû lui arriver cinquante ans auparavant, Meredith Burchill révèle à sa fille Edie un épisode de sa vie qu'elle avait gardé secret jusqu'alors. En septembre 1939, comme beaucoup d'autres enfants, Meredith avait été évacuée de Londres et mise à l'abri à la campagne. Recueillie par des aristocrates du Kent dans le château de Milderhust, elle était devenue l'amie de l'excentrique et talentueuse Juniper, la cadette de la famille.

Pourquoi Meredith a t-elle dissimulé son passé à sa propre fille ? Et pourquoi n'est-elle pas restée en contact avec Juniper, devenue folle après avoir été abandonnée par son fiancé ?

Afin de reconstituer le puzzle de son histoire familiale, Edie se rend au château de Miderhust dont les vieilles pierres cachent plus d'un secret.


Dealer : Espace Culturel Landerneau


Ma lecture :

Kate Morton a le goût des vieilles demeures et de leurs secrets enfouis dans les pierres, les douves ou les greniers.
Ca tombe bien : moi aussi !   

vendredi 19 avril 2024

Le secret des Agapanthes

Le secret des Agapanthes,

Tome 1 : Flora et Joséphine,
Clarisse Sabard,
Ed. Charleston, 2024


Mot de l'éditeur :

Flora, Stella et Morgane sont cousines ; leurs grand-mères étaient sœurs. Lorsque Juliette, la dernière sœur de la lignée, décède, elle lègue sa maison en Normandie et la librairie attenante aux trois jeunes femmes. Flora, galeriste d'art à Los Angeles reçoit un carton contenant des affaires ayant appartenu à sa grand-mère, Joséphine, qui a quitté son village normand au début des années 1920 pour devenir peintre… Pour reconstituer son histoire, Flora devra se rendre en Normandie, mais aussi en Grèce, sur les traces d'un tableau disparu.


Dealer : Box Charleston


Ma lecture :

Lire un roman de Clarisse Sabard est devenu le rendez-vous de printemps. Sentez-vous ces parfums ? Voyez-vous ces fleurs éclatantes ?

Cette année, Clarisse Sabard nous ouvre les portes de la Maison des Agapanthes, maison normande qui cache bien des secrets. Elle réalise un rêve de lectrice et d'autrice avec cette saga, et c'est un plaisir de la suivre dans cette aventure.

Ce premier tome se concentre autour de Flora et Joséphine. Construit sur deux temporalités comme l'autrice y excelle, nous suivons plusieurs générations. La Flora du présent, après le décès de sa grand-mère puis de ses grand-tantes, hérite de la moitié de cette fameuse maison, à un moment charnière de sa vie. Elle profite de cette opportunité pour se refugier en Normandie, loin du tumulte de Los Angeles. Elle va alors mettre la main sur un secret entourant sa grand-mère, fille du peintre Guillaume Verney. Entre un manuscrit retrouvé mystérieusement et une toile disparue, la jeune fille se plonge dans le passé de Joséphine.
S'ouvrent alors les années 1930, entre le milieu bohême de Paris, le monde des arts, la rencontre avec Hemingway et la découverte, pour Joséphine, de ses premiers émois, ses premières passions, et ses premières désillusions.
Finalement, Joséphine et Flora ont consacré une partie de leurs vies à l'art, la première étant peintre comme son père avant elle, la seconde étant galeriste. Elles sont unies par cette passion familiale et c'est ensemble, qu'elles perceront le mystère de cette toile de Guillaume Verney disparue...

Clarisse Sabard tient une recette qui fonctionne à chaque fois, sans lasser ses lecteurs pour autant. Une vieille maison emplie de secrets, des femmes du présent à des moments clés de leur vie, des femmes du passé inspirantes et intrigantes. Mélangez le tout, cuire à feux doux. Tout doux. Comme un bonbon. Ses petites touches d'humour font mouche à chaque fois !
Le thème de la peinture et des arts est très intéressant et offre de belles réflexions au roman.

Evidemment ce tome ne suffit pas à résoudre le mystère de ces toiles disparues. Il suffit, cependant, à me mettre en appétit pour une suite !
Romans après romans, Clarisse Sabard est indéniablement la reine des doubles temporalités et est la digne héritière de Lucinda Riley.

Félicitations pour cette saga peinte aux couleurs du passé, de la romance, de la sororité et des secrets. On a hâte de continuer cette toile avec Hortense et Stella !


vendredi 12 avril 2024

Huit crimes parfaits

Huit crimes parfaits,

Peter Swanson,
Ed. Gallmeister, 2020


Mot de l'éditeur :

« L’auteur de ces meurtres ne se contente pas de s’inspirer de ma liste. Le tueur me connaît. »

Libraire spécialisé en roman policier, Malcolm Kershaw reçoit la visite surprise du FBI. L’agent Gwen Mulvey enquête sur deux affaires étranges : une série de meurtres qui rappelle un roman d’Agatha Christie, et un accident qui fait écho à un livre de James Cain. Elle espère donc que l’avis d’un expert du genre lui permettra d’interpréter correctement les (rares) indices à sa disposition. Et ce n’est pas tout : Malcolm, quinze ans plus tôt, a publié sur son blog une liste intitulée ”Huit crimes parfaits”, où figuraient ces deux intrigues. Serait-il possible qu’un tueur s’en inspire aujourd’hui ? Très vite, l’angoissante certitude s’impose : le tueur rôde déjà à proximité. Malcolm commence à le voir partout, et sent un véritable noeud coulant se resserrer autour de son cou.


Dealer : Librairie de la place aux herbes, Uzès


Ma lecture :

Parfois, il m'arrive de demander des conseils aveugles aux libraires. Leur dernier coup de cœur, le roman qu'ils aiment conseiller, ... Alors quand j'ai visité la Librairie de la Place aux Herbes, dans cette ville d'Uzès que j'ai tant aimé, j'ai demandé au libraire de me dégoter une nouvelle lecture. J'aurai finalement mis un an et demi à ouvrir ce roman...

mardi 9 avril 2024

Triste tigre

Triste tigre,

Neige Sinno,
Ed. P.O.L, 2023


Mot de l'éditeur :

« Il disait qu’il m’aimait. Il disait que c’est pour pouvoir exprimer cet amour qu’il me faisait ce qu’il me faisait, il disait que son souhait le plus cher était que je l’aime en retour. Il disait que s’il avait commencé à s’approcher de moi de cette manière, à me toucher, me caresser c’est parce qu’il avait besoin d’un contact plus étroit avec moi, parce que je refusais de me montrer douce, parce que je ne lui disais pas que je l’aimais. Ensuite, il me punissait de mon indifférence à son égard par des actes sexuels. »


Dealer : Bibliothèque de Sibiril


Ma lecture :

La lecture de Triste tigre n'est pas un long fleuve tranquille, loin de là. Et impossible de se cacher derrière le mot roman car ce n'en est pas un. L'autrice dégaine et offre son "Je" pour raconter et analyser l'inadmissible.

jeudi 4 avril 2024

Cinq cœurs en sursis

Cinq cœurs en sursis,

Laure Manel,
Ed. Michel Lafon, 2024


Mot de l'éditeur :


Ils sont cinq membres d'une même famille. Ils sont fille, fils, mari, mère et sœur de Catherine.
C'est une famille comme les autres. C'était une famille (comme les autres)... jusqu'à ce que l'arrestation de Catherine bouleverse tout.

Que devient une famille après l'irréparable ?


Dealer : Les passagers du livre, Landerneau


Ma lecture :


Après avoir adoré son roman sur Ouessant, Ce que disent les silences, j'étais ravie de découvrir le nouvel opus de Laure Manel

mardi 2 avril 2024

Falaises

Falaises,

Olivier Adam,
Ed. de l'Olivier, 2005


Mot de l'éditeur :

Étretat. Sur le balcon d'une chambre d'hôtel, un homme veille. Au bout de son regard : les falaises éclairées d'où s'est jetée sa mère vingt ans plus tôt. Le temps d'une nuit, le narrateur déroule le film de sa vie, cherche dans sa mémoire rétive les traces de sa mère disparue. Une question s'immisce peu à peu dans son esprit : comment suis-je encore en vie ? Un récit intimiste à la puissance d'émotions exceptionnelle.

" Le très beau livre d'Olivier Adam ressemble à un de ces galets qu'on trouve sur la Côte d'Albâtre, d'apparence si lisse, si pure, et pourtant sans cesse bousculés par la mer déchaînée, par la mère déchirée. "
Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur


Ma lecture :

Depuis sa chambre d'hôtel, le narrateur regarde les falaises éclairées d'Etretat. Vingt ans plus tôt, ce sont ces falaises qu'avait choisies sa mère pour s'y jeter, le laissant, brisé, avec son frère et son père. Il n'avait que 11 ans.

vendredi 29 mars 2024

Pour le sourire d'Isabelle

Pour le sourire d'Isabelle,

Fanny André,
Ed. Presses de la cité, 2020


Mot de l'éditeur :

A Trouville, lors de l'enterrement de son fils Arnaud mort d'un AVC, Camille, quatre-vingts ans, guette l'arrivée de son ex-belle-fille, Isabelle, la quarantaine, avec laquelle elle s'entendait très bien. Les deux femmes restent ensemble après l'enterrement et leur complicité passée resurgit. Isabelle ne va pas bien ; triste et amaigrie, elle a fait un burn-out et quitté son cabinet d'avocats. Camille est aussi à une étape clé de sa vie : elle a décidé de mettre en vente la maison normande où elle vit pour retourner dans sa Bretagne natale. Au cours de leur conversation, elles font le projet de réaliser un ancien rêve : un voyage ensemble. Chacune montrerait à l'autre les beautés de son terroir – Isabelle la Normandie et Camille la Bretagne – afin de mettre un terme à la gentille rivalité qu'elles ont toujours entretenue autour de la plus jolie région d'origine. C'est surtout l'occasion pour Camille de fuir le deuil qu'elle vient de vivre et pour Isabelle de reprendre pied...

Une belle complicité féminine et intergénérationnelle face au deuil.
Une épopée savoureuse racontée à deux voix entre Normandie et Bretagne.
Un roman plein de charme et de profondeur !


Dealer : Bibliothèque de Sibiril (29)


Ma lecture :

Evidemment que j'ai choisi ce roman pour son titre. J'ai donc... souri à la tentation.

mercredi 27 mars 2024

Comédie sur un quai de gare

Comédie sur un quai de gare,

Samuel Benchetrit,
Ed. Julliard, 2001


Mot de l'éditeur :

"Sur le banc de gauche, est assis Charles. La soixantaine passée. Il est habillé d'un pantalon en velours marron, d'une chemise à carreaux marron et d'un gilet en laine marron. A ses pieds, une valise. Il regarde devant lui.

Sur le banc du milieu, est assise Michelle. Une trentaine d'années. Michelle porte une robe simple et claire. A ses pieds, une valise. Elle regarde devant elle.

Sur le banc de droite, est assis Vincent. Environ trente-cinq ans. Il porte un costume bleu marine et une chemise blanche sans cravate. A ses pieds, une valise. Il regarde devant lui. C'est le plus nerveux, il reluque régulièrement sa montre."

Sur un quai de gare, trois individus attendent un train qui a du retard... Ils ne se connaissent pas. C'est la nuit, il fait bon et la fille est plutôt jolie. Les deux hommes s'inquiètent alors de son avenir...


Dealer : Dialogues, Brest


Ma lecture :

A la sortie de cette pièce de théâtre en 2001, j'ai lu et relu le livre des tas de fois. Et je savourais ce que lisais avec mes oreilles puisque j'avais été voir la pièce se jouer à Paris. C'était au théâtre Hébertot il y a 24 ans (rien que ça !). C'était la première fois que j'allais dans un théâtre parisien, seule. Et première et dernière fois que je voyais Marie Trintignant, mais ça, je ne le savais pas.
C'était un moment magique.

Quand je relis ce texte aujourd'hui, après l'avoir oublié des années, j'entends encore leurs voix. Leurs silences. Et je vois encore leurs regards échangés.

Avec tout ça, j'oublie de vous parler de la pièce elle-même.
Ecrite par Samuel Benchetrit, elle raconte un père en fin de vie cherchant à caser sa fille. Elle raconte une fille inquiète pour son père et pour son avenir. Elle raconte un jeune homme qui monte à Paris ouvrir un bar-tabac acheté par correspondance. C'est drôle. C'est tendre. C'est poétique.
Cette pièce a-t-elle joué dans ma passion pour les trains ? Probablement !

Bref, je voulais vous parler de cette courte pièce au grand cœur...


Comédie sur un quai de gare 
https://www.youtube.com/watch?v=kB5GVMNwbJY

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