Vue mer,
Luce Michel,
Ed. Black Lab, 2023
Mot de l'éditeur :
« Un dernier regard à mon reflet dans le rétroviseur. Une mèche de
cheveux que je remets en place, une moue, mon nez se plisse, les légères
rides autour de mes yeux s’accentuent. Et dire qu’à vingt-cinq ans, je
trouvais qu’elles me donnaient du caractère. Quelle connerie ! Mon
pouls s’emballe. Nouvelle vie, nouveau départ. Les entretiens,
d’ordinaire, c’est moi qui les mène. Celui-là, je compte bien le
réussir. Je veux ce logement, je veux vivre sur l’île, je veux la vue
mer. Je veux les apéros au soleil couchant, le sable entre mes orteils,
la traversée vers le continent tous les matins du monde. Je veux du
rêve, de l’amour, de l’espoir, bordel. Je les mérite. Foufoune Power !
Mon poing frappe le volant, plus fort que je ne l’aurais souhaité. Je
suçote l’endroit où ça fait mal, ferme les yeux. It’s the final
countdown. Ça chante dans ma tête. Oui, dernier compte à rebours.
Et je remporterai la manche. Je suis prête. »
Une
île méditerranéenne, une belle maison, vue mer, des chambres à louer,
seulement à des femmes. Idyllique, pourrait-on penser. Mais autour de
Laurette, la propriétaire de 85 ans, on meurt un peu trop. Dans cette
galerie de portraits de femmes, il est bien difficile de savoir qui est
victime ou qui est coupable. Ou les deux.
Dealer : SP, merci La Bande !
Ma lecture :
Débarquer seule sur île et ma petite maison louée par sa vieille propriétaire dont la maison jouxte la mienne, et apporter avec moi ce thriller dont le pitch m'a étrangement fait écho :
"Une île méditerranéenne, une belle maison, vue mer, des chambres à
louer, seulement à des femmes. Idyllique, pourrait-on penser. Mais
autour de Laurette, la propriétaire de 85 ans, on meurt un peu trop."
Heum... Cap !
Un roman ficelé comme un polar chorale avec des personnages qui n'ont pas leur langue dans leur poche. Chacun se livre, donne son point de vue, cache ses failles, révèle celles des autres, ...
La plume est sacrément maîtrisée, parfois poétique, surtout caustique pour une cocktail explosif. Comme une peintre, l'autrice pose peu à peu les couleurs et les reliefs de ses personnages jusqu'à ce qu'on perçoive le clair-obscur de leur âme. Ce n'est pas, à proprement parler, une lecture angoissante mais une espèce de huis-clos oppressant à souhait. A mesure que les secrets sont révélés, la tension s'élève. De quoi est vraiment capable la vieille Laurette ? N'attire-t-elle pas, elle aussi, les âmes égarées ?
Chambre à louer dans maison de maître, vue mer. Attention, les masques tombent ! Et le vôtre ?
Et hop, Vue mer sera mon coup de coeur de cette sélection insulaire, merci Luce Michel !
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?