jeudi 29 juin 2023

Désir noir

Désir noir,

Anne-Sophie Jahn,
Ed. Flammarion, 2023


Mot de l'éditeur :

"Un après-midi d'automne, assise à la terrasse d'un café, je listais avec mon éditeur des idées de chapitre pour Les Sept Péchés capitaux du rock, titre de mon premier livre. “Bertrand Cantat.” Un coup de vent glacé m'a fait frissonner. Ou était-ce ce nom, évocateur de mort et de violence ? Dans mon souvenir, le chanteur de Noir Désir s'était disputé avec sa petite amie, l'actrice Marie Trintignant, un été, en Lituanie. Il lui avait donné une gifle, sa tête avait heurté un radiateur, hémorragie cérébrale, elle n'avait pas survécu. C'était un accident, mais il relevait bien de la colère, puisqu'il était l'issue tragique d'une bagarre. En rentrant chez moi, j'ai commencé par rechercher des articles de presse relatant l'affaire. Les titres ont défilé. Je cliquais, lisais, ou plutôt dévorais les informations. Je m'étais totalement trompée. La mort de Marie Trintignant n'était pas un accident. Et si elle n'était pas la seule victime ?"
Vingt ans après la mort de Marie Trintignant, Anne-Sophie Jahn mène l'enquête sur une tragédie que l'on n'appelait pas encore féminicide.
 
 

Ma lecture :

 
Je me souviendrai toujours de ce jour d'été où je recevais le SMS d'un ami me prévenant : "Va voir tes mails, bad news." Et dans ce mail, un lien vers un article de l'Obs. Marie Trintignant, actrice que j'aimais beaucoup, beaucoup, est en état de mort cérébrale. Vont suivre d'autres articles titrant une dispute qui a mal tourné, un accident entre deux amoureux, la querelle après une soirée arrosée vire au drame, ... 
Un accident ?

Donne-t-on une série de gifles, de la paume puis du revers de la main, par accident ?

Je crois qu'à l'époque, où le terme féminicide était tu, tout le monde voulait croire à cette thèse de l'accident. Cela entachait moins l'image de Bertrand Cantat, lui aussi victime de cet accident, et on ne pensait pas aux souffrances psychologiques antérieures de Marie Trintignant, qui de toute façon, avait encore trop bu ce soir-là. Ce qu'il s'est passé cet été-là, dans la chaleur de Vilnius, n'était qu'un accident alcoolisé.

Sauf que non.

Lycéenne à l'époque, la journaliste Anne-Sophie Jahn, ne s'était jamais penchée sur cette histoire et était restée sur le thèse de la dispute qui a mal tourné.

Sauf que non.

La journaliste reprend tous les témoignages clés de cet été 2003, relit tous les articles publiés et des question ressortent. Etait-ce vraiment un accident ? Elle convoque de nouveau certains proches et se heurte, 20 ans plus tard, à de nombreuses portes fermées. Avec sa rigueur de reporter de presse, elle mène une véritable investigation et se rend compte, avec effroi, que l'enquête a, à plusieurs endroits, été mal menée. Quelque chose ressort : l'omerta autour de Bertrand Cantat qui a fait taire, et fait taire encore aujourd'hui, ceux qui savaient. Ceux qui ont été témoins de sa violence privé. Glaçante. Meurtrière. Le chanteur charismatique, solaire, porte-parole de toute une génération désenchantée, était, dans l'ombre, dans l'intime, beaucoup moins sympathique. Mais plutôt pervers narcissique, manipulateur, violent. 
 
Alors non, bien sûr, cet été-là, ce soir-là, dans cette chaleur de Vilnius, ce n'est pas une dispute alcoolisée qui a mal tourné. C'est un manipulateur charismatique qui n'a pas su retenir le coup de trop.
Ce n'est pas le clan Trintignant contre le clan Cantat. C'est un homme contre une femme.
Ce n'est pas une passion. C'est une violence meurtrière.

J'ai trop longtemps et trop souvent entendu : c'est un accident qui a mal tourné, ils étaient défoncés.
Non. Il l'a défoncée. Elle.

Alors, merci, Anne-Sophie Jahn, d'en parler encore, 20 ans après, parce qu'il est nécessaire de mettre les points sur les i de Trintignant. Marie Trintignant est morte des violences commises par un homme. C'est un féminicide. Ce n'est pas la première. Ce ne sera malheureusement pas la dernière. Ni même dans le cheptel de Bertrand Cantat. Je pense à la mère de ses enfants, Krisztina Rady qui, cet été-là, dans la chaleur de Vilnius, démentait toute violence, et qui, quelques hivers plus tard, se suicidait, écrasée par cette violence qu'elle ne pouvait plus taire. 
 
Ce n'était pas un accident. 
 
Cela m'a été difficile de replonger dans cet été-là, mais l'enquête menée par Anne-Sophie Jahn, si elle soulève encore des questions et montre que certains réponses resteront tues, recadre les choses. Elle se base directement sur les faits et ne joue pas aux interprétations faciles. Ce que je retiens de ma lecture, ce qui m'indigne encore aujourd'hui, est cet omerta autour de Bertrand Cantat. Il a purgé sa peine, dérisoire, et reste désormais intouchable. Il peut continuer de briller sur les cendres de ses conquêtes maudites, en magnifique poète maudit...
 
Sauf que non.  Il n'y a aucune poésie. Seulement des cendres.

jeudi 22 juin 2023

L'indifférence de l'eau qui dort

L'indifférence de l'eau qui dort,

Valentine Stergann,
Ed. Charleston, 2023


Mot de l'éditeur :

Bien plus qu’un bon rapport de voisinage, ce qui lie Faustine, mère célibataire, à Georges, son voisin retraité, est une amitié quasi fusionnelle, unique. Georges lui avait porté secours lorsque Faustine a débarqué enceinte de huit mois dans cette petite ville normande et depuis il a toujours été là pour l’aider à élever ce petit bout d’homme, à la conseiller, à l’écouter. Il est rapidement devenu un père pour elle et un grand-père pour Tristan. À son décès, Faustine et Tristan cherchent à connaître le passé de cet homme secret, et à lui trouver un héritier digne de ce nom. Que la maison de Georges soit léguée à de vagues cousins qu’il ne connaissait pas est une fin inconcevable. À la faveur d’une photo retrouvée et d’une lettre aux quelques mots énigmatiques les voilà tous les deux prêts pour une enquête qui les mènera en Angleterre et bouleversera leur vie. Les eaux dormantes ne sont pas aussi calmes qu’il n’y paraît…


Dealer : Espace Culturel, Landerneau 


Ma lecture :

En décembre dernier, j'avais, avec des copines lectrices, croisé par hasard Valentine Stergann, qui venait tout juste d'apprendre que son roman, L'indifférence de l'eau qui dort, remportait le prix du livre romantique Charleston. Un joli cadeau de Noël pour cette autrice bretonne.

lundi 19 juin 2023

Rose & Massimo

Rose & Massimo,

Félix Radu,
Ed. Fayard, 2023


Mot de l'éditeur :

Massimo est un jeune poète oisif. Un matin, son ami Aldo le réveille à la hâte. Il faut qu’il le remplace pour son cours d’italien auprès d’une princesse. Une princesse ? Que va-t-il lui dire ? Que doit-il lui apprendre ? L’italien ? Il ne le parle pas. L’amour ? Il n’en sait rien. Parler de lui ? Impossible.
Rose & Massimo, ce sont un peu les enfants de Roméo et Juliette. Des enfants terribles qui, s’étant introduits dans la chambre de leurs parents en secret, auraient dévalisé tout ce qui leur plaisait. Dignes représentants de leur jeunesse et de leur temps.
Un hommage émouvant et moderne aux jeux de l’amour et du hasard par cet Edmond Rostand 2.0.
« C’est du théâtre qui se lit, qu’on se surprend à relire, parfois, car la phrase est jolie, car il est bon de redécouvrir cette langue romantique, et lorsqu’elle est maniée avec autant de dextérité, on se dit qu’un auteur est né. » Alexis Michalik


Dealer : Espace Culturel, Landerneau


Ma lecture :

J'aime écouter les chroniques de Félix Radu à la radio. La poésie s'incarne dans sa voix et dans ses mots. Et sa poésie est bouleversante.
Il vient de publier une pièce de théâtre qu'il a écrite pendant ses études : Rose & Massimo.

Rose & Massimo, ce n'est pas du Molière, ni du Beaumarchais, ni du Shakespeare. Et pourtant ça y ressemble. L'emphase du verbe, par exemple, y est célébrée. L'amour y est chuchoté, réfuté puis déclamé. Fiévreusement. Rose et Massimo, elle princesse, lui poète, n'auraient jamais dû se croiser. Et ils se croisent pourtant et subissent leur coup de foudre. Leur amour n'a même pas le droit d'éclater car leurs classes sociales l'interdisent. Rose épousera un prince, Massimo, lui, peut épouser qui lui chante, cela ne changera pas le monde. Rose, si. Mais malgré la raison, les deux jeunes gens sont bouleversés par leur amour. Pourront-ils le vivre, libérés des carcans sociaux ?

Quel plaisir de lire du théâtre sans contrainte mais par envie. L'envie de lire les mots de Félix Radu qui s'enchaînent les uns aux autres pour libérer une poésie merveilleuse.
Quel plaisir de lire du théâtre, rien que pour entendre à nouveau, en dehors des salles de classe, le mot didascalie.
Quel plaisir de lire du théâtre pour voir les tirades s'envoler rien qu'en posant les yeux dessus. Massimo avait la voix de Félix Radu, bien entendu. Et Rose, quant à elle, sûrement à cause de son prénom, et de son coup de foudre impossible, avait la voix de Rose DeWitt Bukater, la Juliette du Titanic.

Bref, vous l'aurez deviné, mon petit coeur de lectrice a frémit devant les mots bien orchestrés de Félix Radu. Quelle poésie ! Quelle musique ! Quel tragique ! Une beauté verbale qui fait un bien fou !
Merci !


vendredi 16 juin 2023

La faiseuse d'étoiles

La faiseuse d'étoiles,

Mélissa Da Costa,
Ed. Le livre de poche, 2023
(Unicef)


Mot de l'éditeur : 

« Tu m’as appris une leçon essentielle aujourd’hui. Je croyais bien faire mais c’est toi qui as raison. On cherche toujours le bonheur loin de chez soi. On croit qu’il se trouve dans l’exotisme, de paysages différents, de senteurs nouvelles, de bâtiments imposants. Ce n’est pas toujours vrai, n’est-ce pas ? Parfois le bonheur, c’est juste être assis sur une butte tous les trois. »
À travers une histoire bouleversante, Mélissa Da Costa nous prouve une fois de plus que l’imagination n’a pas de limite, et qu’il n’existe pas de meilleur pouvoir que l’amour pour guérir les blessures les plus profondes.


Dealer : Salon du livre, Vannes


Ma lecture :

Je ne vais pas aller par quatre chemins : je ressors bouleversée de ma lecture...

Vous voulez vérifier que votre petit coeur fonctionne encore ?
Vous voulez vérifier que votre canal lacrymal n'est pas bouché ?
Alors lisez cette nouvelle de Mélissa Da Costa.

Que vous dire de plus pour vous convaincre ? C'est l'histoire d'une famille et d'une enfance chavirée par la maladie. Avec sa plume juste et tendre, dénuée de fioriture, l'autrice nous livre une récit bouleversant et poétique. Cruel et magique.
Je ne vais pas vous la raconter, elle se déguste, elle se mouche, page après page. C'est beau. C'est moche. C'est l'histoire de la vie.

Merci pour ces émotions déployées et décuplées, Mélissa Da Costa. Je ne pensais pas être touchée à ce point.

Amis lecteurs, sachez que l'autrice a offert ce texte pour l'Unicef. Vos larmes offriront à leur tour 7 barres d'alimentation d'urgence. Elles seront alors des larmes de première nécessité. 

 



Livr'a Vannes, 2023



jeudi 15 juin 2023

Un été d'ombre et de lumière

Un été d'ombre et de lumière,

Martine Delomme,
Ed. Presses de la cité, 2020


Mot de l'éditeur :

Au coeur du vignoble girondin, Juliette Leroux mène de front sa mission de maire de Saint-Louis et son travail dans les vignes. Avec son frère, elle dirige le domaine des Alizés, réputé pour ses grands vins. Une femme forte, donc, que les épreuves ont forgée : un mari volage, des responsabilités, et surtout la douleur causée par la disparition inexpliquée de sa soeur, Fabienne, six ans plus tôt. Une enquête bâclée, trop vite enterrée. Mais cette gourmette retrouvée dans une grotte et qui porte le prénom de sa soeur ne relance-t-elle pas le mystère ? Dès lors, le monde de Juliette vacille. Entre révélations, intrigues et secrets de famille, mais aussi passions inattendues, rien ne lui sera épargné...Un suspense romanesque dans l'univers de la vigne.


Dealer : Mon fils pour la fête des mères ❤


Ma lecture : 

Pour la fête des mères, mon grand garçon m'a choisi un roman en librairie. Avec la couverture et le résumé, il a opté pour celui-ci. "Regarde Maman, ça se passe dans un vignoble, et il y a une disparition, tu devrais aimer."
Je ne l'ai pas laissé s'oublier sous mes PAL, je viens de le terminer.

En effet, l'histoire se passe dans un vignoble bordelais, celui de Juliette. Elle partage sa vie entre ses vignes donc, la mairie de son village, et sa fille Isabelle. Sous sa carapace de forte tête se cachent des blessures. Celle de la femme dont le mariage a volé en éclat suite aux infidélités de son mari. Et celle de la sœur hantée par la disparition de sa cadette, Fabienne, quelques années auparavant.

Par un concours de circonstances, le corps de Fabienne est retrouvé dans une grotte. Et se réveillent alors des secrets enfouis, dommages collatéraux de frustrations non assumées. En rouvrant l'enquête, Juliette va mettre le doigt sur des failles familiales et remuer des plaies encore purulentes...

J'ai aimé cet univers de vignoble, de petit village où tout le monde se connait mais où les apparences sont parfois trompeuses. Les thèmes abordés par l'auteure sont vastes et denses, comme les relations mère/fille, le travail de la vigne, le deuil, ... J'ai été touchée par le personnage d'Isabelle, mise à terre puis sauvée par l'amour. 

C'est clairement un roman de terroir, et je m'étais dit que j'attendrais la retraite pour y goûter. Mais j'ai passé un bon moment de lecture au milieu de ces ceps et de leurs secrets. Il faut dire que le côté polar a également donné du peps au côté terroir.

Bref, une belle découverte ! Merci Lohan pour ce cadeau ❤


vendredi 9 juin 2023

Les brisants

 Les brisants,

Vanessa Bamberger,
Ed. Liana Levi, 2023


Mot de l'éditeur :

Marion a depuis longtemps trouvé refuge dans la peinture, elle est restauratrice de tableaux. Quand elle enlève, couche après couche, les vieux vernis et les repeints, la jeune femme se soustrait pour un temps à sa mère, dont elle est restée captive, dont elle ne peut s'éloigner depuis que le malheur les a frappées. Au quotidien, celle-ci a besoin d'elle, la prend à témoin et lui parle de Léonard, ce fils chéri, disparu sans laisser de traces à l'âge de treize ans pendant une colonie de vacances, ce frère dont Marion n'a guère d'autres souvenirs que ceux ressassés par sa mère.
L'arrivée d'une toile de maître, dans son atelier en banlieue parisienne, la perturbe soudain : elle a l'impression d'y retrouver quelque chose de Léo, celui qu'elle a oublié. Elle découvre incidemment qu'elle ne peut se fier à sa mère qui a recouvert d'une parole irrationnelle la mémoire de Léo... Marion est bien décidée à plonger dans le monde qu'elle lui a toujours interdit : un coin du Finistère Nord, l'île de Batz, où s'est jouée toute la tragédie. Quand elle y fait la rencontre de Paul, biologiste marin, spécialiste des algues brunes, elle ne sait pas encore que l'île pourrait être le lieu de son émancipation. 


Dealer : Livres in Room, Saint-Pol-de-Léon


Ma lecture (chauvine) :

Ma librairie de proximité organise régulièrement des rencontres avec des auteurs, et c'est souvent l'occasion pour moi de découvrir plumes et roman. Je n'avais jamais vu Vanessa Bamberger mais son roman, Les brisants,  qui se déroule à l'île de Batz a titillé ma curiosité.

mercredi 7 juin 2023

Le coin de table

Le coin de table,

Mélusine Huguet,
Ed. Charleston, 2023


Mot de l'éditeur :

Dans son petit village natal, Sophie a trouvé sa place à la tête du restaurant familial après le décès de son père. Rien ne semble pouvoir perturber sa routine. Sauf l’annonce de la maladie de sa mère, qui commence progressivement à perdre ses souvenirs. Sans avoir un jour douté de son histoire, Sophie se rend compte qu’elle comporte pourtant beaucoup de zones d’ombre, et qu’il sera bientôt trop tard pour les combler. Et alors même que tout se sait très vite dans un lieu où tout le monde se connaît, Sophie a l’étrange impression que personne n’est prêt à lui dévoiler le secret qui pèse sur sa famille... 

 

Dealer : Librairie Le passage, Alençon


Ma lecture :

J'ai découvert le premier roman de Mélusine Huguet, Un jour de plus de ton absence, l'année dernière. Je l'avais particulièrement aimé, alors lire son second me titillait. Je dois avouer que je n'ai pas attendu longtemps ! 

lundi 5 juin 2023

Si maman si

Si maman si,

Team Rom Com,
Isabelle Alexis,
Tonie Behar,
Adèle Bréau,
Sophie Rouvier,
Marie Vareille,

Ed. Charleston, 2022


Mot de l'éditeur :

Mère cool, mère poule, mère inquiète, mère agitée, mère adoptive, mère absente, mère copine, mère blessante, mère imparfaite… Il y a autant de façons d’être mère que de mamans.
De Cathy l’angoissée à Manuela la scandaleuse, de Mathilde la débordée à Bertille l’ambitieuse, en passant par les bouleversantes Sarah et Aurélie, toutes les mères – et les filles – de ce recueil ont un point commun : elles font de leur mieux !
Après avoir lancé en France la mode des comédies romantiques de Noël, les romancières de la TeamRomCom reviennent avec cinq histoires émouvantes, hilarantes ou surprenantes, qui explorent différentes facettes de la maternité. Si maman si est aussi doux et frais qu’un bouquet de fleurs, pour dire à toutes les mamans combien on les aime.
Isabelle Alexis, Tonie Behar, Adèle Bréau, Sophie Rouvier et Marie Vareille forment la #TeamRomCom, collectif d’autrices qui porte haut et fort les couleurs de la comédie romantique à la française.

 

Dealer : Cultura Saint-Grégoire 


Ma lecture :

Je m'étais offert ce recueil de nouvelles l'année dernière et je voulais attendre le bon moment, la fête des mères, pour le découvrir. 

vendredi 2 juin 2023

L'auberge de la Jamaïque

L'auberge de la Jamaïque,

Daphné du Maurier,
Ed. Albin Michel, 1944


Mot de l'éditeur :

Orpheline et pauvre, Mary Yellan n'a pas d'autre ressource que de quitter le pays de son enfance pour aller vivre chez sa tante, mariée à un aubergiste, sur une côte désolée de l'Atlantique. Dès son arrivée à l'Auberge de la Jamaïque, Mary soupçonne de terrifiants mystères. Cette tante qu'elle a connue jeune et gaie n'est plus qu'une malheureuse, terrorisée par Joss, son époux, un ivrogne menaçant, qui enjoint à Mary de ne pas poser de questions sur les visiteurs de l'auberge. Auberge dans laquelle, d'ailleurs, aucun vrai voyageur ne s'est arrêté depuis longtemps... De terribles épreuves attendent la jeune fille avant qu'elle ne trouve le salut en même temps que l'amour.
Dans la grande tradition romantique des sœurs Brontë, la romancière anglaise, auteur de
Rebecca, nous entraîne avec un sens prodigieux de l'ambiance et de l'intrigue au cœur d'un pays de landes et de marais battu par les tempêtes, où subsiste la sauvagerie ancestrale des pirates et des naufrageurs.

 

Ma lecture :

J'avais lu Rebecca pendant le confinement et j'étais ressortie subjuguée par ma lecture. C'est donc avec une certaine fébrilité que j'ai posé mes valises à l'auberge de la Jamaïque...

Ne vous imaginez pas danser sur un dub de Bob Marley, le roman se passe dans les landes des Cornouailles anglaises. Ici la terre est brune et aride et les habitants mystérieux et peu nombreux. Plantée au milieu de nulle part, non loin de la route vers Bodmin, se dresse l'auberge de la Jamaïque. C'est là que doit se rendre Mary, jeune fille orpheline et sans le sou, chez sa tante Prudence qu'elle n'a pas vue depuis des années, depuis son mariage avec Joss Merlyn. Elle trouve, en réalité, une auberge loin d'être accueillante, une tante qui a perdu son humeur joyeuse d'antan et un oncle à moitié ivre. Tout ceci flanqué au milieu de cette terre hostile. Bientôt, la jeune fille se rend compte qu'il s'y passe des choses étranges la nuit, dans cette auberge. Que font ces hommes qui chargent et déchargent des carrioles ? Pourquoi sa tante n'ose broncher face à son mari ?

Daphné du Maurier dépeint des Cornouailles hostiles aux routes cahoteuses, à la pluie infernale enveloppées d'une brume dans laquelle disparaissent des secrets : l'atmosphère est glauque à souhait. L'autrice montre le pouvoir de la nature sur les émotions. Mary n'éprouve que mélancolie et peur.
On retrouve aussi, comme dans Rebecca, le pouvoir des vieille maisons. L'auberge est un véritable personnage à elle seule. A l'instar de la brume, elle cache de terribles secrets.
Et pourtant, au milieu de toute cette atmosphère sombre, Mary se révèle être une femme forte, héroïne d'un roman d'aventure, ouverte aux émois de l'amour. Cet amour la sauvera-t-elle ou la fera-t-il périr ?

Un beau moment de lecture au coeur d'un tableau impressionniste où les secrets sont tapis dans l'ombre...


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