Le bal des folles,
Victoria Mas,
Ed. Albin Michel, 2020
Mot de l'éditeur :
1885 : comme chaque année, à la
Salpêtrière, se tient le très mondain « bal des folles ». Le temps d’une
soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en
compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres
mousquetaires. Cette scène joyeuse cache une réalité sordide : ce bal «
costumé et dansant » n’est rien d’autre qu’une des dernières
expérimentations de Charcot, adepte de l’exposition des fous.
Dans ce
livre terrible et puissant, Victoria Mas choisit de suivre le destin de
ces femmes victimes d’une société masculine qui leur interdit toute
déviance et les emprisonne. Parmi elles, Geneviève, dévouée corps et âme
au célèbre neurologue ; Louise, abusée par son oncle ; Thérèse, une
prostituée au grand cœur qui a eu le tort de pousser son souteneur dans
la Seine ; Eugénie enfin qui, parce qu’elle dialogue avec les morts, est
envoyée par son propre père croupir entre les murs de ce qu’il faut
bien appeler une prison.
Un hymne à la liberté pour toutes les femmes que le XIXe siècle a essayé de contraindre au silence.
Ma lecture :
Je profite de la sortie du film de Mélanie Laurent pour lire le roman de Victoria Mas. Le bal des folles nous plonge dans un Paris, à l'aube du XXème siècle, où les femmes qui mouftaient un peu trop étaient vite envoyées à l'asile. Le Moyen-Age avait les bûchers de l'inquisition, le XIXème avait la Salpêtrière...
Eugénie, fille de famille bourgeoise, ignorée par son père, avoue voir les morts et pouvoir dialoguer avec eux. Cet aveu l'envoi immédiatement, poussée de force par son père, à l'asile. La Salpêtrière. La jeune fille découvre alors un monde horrifique où les femmes sont les poupées du Professeur Charcot, maître de l'hypnose et de l'hystérie. Elle y rencontre des femmes pas si folles que ça, mais abîmées par la vie. La doyenne, Thérèse, est enfermée pour avoir poussé son mari proxénète et violent dans la Seine ; ou Louise, la si jeune Louise, est considérée comme aliénée pour s'être défendue face à son oncle violeur. La folie, l'hystérie, l'aliénation des femmes dites-vous ? Ou bien celle des hommes ?Victoria Mars offre un roman poignant et percutant sur la condition féminine et le patriarcat au XIXème siècle. Si la femme ne filait pas droit, direction l'asile. Carrément. Dirigée par Charcot, la Salpêtrière devient littéralement le théâtre des expérimentations médicales pour soigner l'hystérie. Pour aller plus loin dans le sensationnel, il organise même à chaque printemps, le bal des folles où les notables parisiens s'amusent et abusent de ces femmes laissées pour compte.
C'est un récit édifiant qui ne laisse pas indemne. Certaines lectures, si agréables soient-elles, s'oublient vite, mais Le bal des folles, lui, ne s'oubliera pas de si tôt !
❤ J'ai tardé à le lire, mais ce roman est indéniablement un coup de cœur que je conseillerai désormais volontiers. Et dès demain, je regarderai le film sur Amazon Prime (sans vouloir faire de la publicité à ce distributeur).
A bon entendeur, salut !
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?