dimanche 19 septembre 2021

La carte postale

La carte postale,

Anne Berest,
Ed. Grasset, 2021


Mot de l'éditeur :

C’était en janvier 2003.
Dans notre boîte aux lettres, au milieu des traditionnelles cartes de voeux, se trouvait une carte postale étrange.
Elle n’était pas signée, l’auteur avait voulu rester anonyme.
L’Opéra Garnier d’un côté, et de l’autre, les prénoms des grands-parents de ma mère, de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942.
Vingt ans plus tard, j’ai décidé de savoir qui nous avait envoyé cette carte postale. J’ai mené l’enquête, avec l’aide de ma mère. En explorant toutes les hypothèses qui s’ouvraient à moi. Avec l’aide d’un détective privé, d’un criminologue, j’ai interrogé les habitants du village où ma famille a été arrêtée, j’ai remué ciel et terre. Et j’y suis arrivée.
Cette enquête m’a menée cent ans en arrière. J’ai retracé le destin romanesque des Rabinovitch, leur fuite de Russie, leur voyage en Lettonie puis en Palestine. Et enfin, leur arrivée à Paris, avec la guerre et son désastre.
J’ai essayé de comprendre comment ma grand-mère Myriam fut la seule qui échappa à la déportation. Et éclaircir les mystères qui entouraient ses deux mariages. J’ai dû m’imprégner de l’histoire de mes ancêtres, comme je l’avais fait avec ma sœur Claire pour mon livre précédent, Gabriële.
Ce livre est à la fois une enquête, le roman de mes ancêtres, et une quête initiatique sur la signification du mot « Juif » dans une vie laïque.

 

Dealer : Net Galley

 

Ma lecture :

J'ai découvert Anne Berest l'année dernière, avec son roman familial Gabriële. Familial puisqu'elle l'avait écrit avec sa sœur, Claire, au sujet de leurs aïeux, Gabriële et Francis Picabia.

Je ressors chavirée de ma lecture. Chavirée par cette carte postale et l'histoire qu'elle contient. L'histoire d'Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques, dont on tait le souvenir dans la famille d'Anne. Trop douloureux. Elle va pourtant remuer le passé pour rencontrer ces quatre aïeux disparus dans les camps d'extermination. Assassinés par le nazisme. Mais pourquoi sa mère a-t-elle reçu cette carte postale en 2003 ? Qui l'a envoyée, et pourquoi ?

Anne Berest interroge d'abord les archives familiales, fait appel à un détective, un graphologue, enquête sur le terrain pour récolter les derniers témoignages disponibles. Elle a être confrontée avec les réalités de la guerre, les réalités de la Shoah, les réalités de la spoliation des biens juifs, ... Pourtant, l'auteur n'use pas de pathos, mais, embarquant le lecteur dans sa quête et dans un suspens insoutenable, l'empathie s'installe, et les émotions avec. Elle remonte les derniers mois d'Ephraïm et Emma, ses arrières-grands-parents, et Noémie 19 ans et Jacques 17 ans, ses grands-oncles. Le couple avait un troisième enfant, Myriam, seule miraculée de la guerre, qui ne parlera jamais de ces années-là.

La carte postale est un roman aux multiples facettes, le récit familial, d'abord, autour de la famille Rabinovitch, en errance de la Russie à l'Europe, juifs non-pratiquants, malgré leurs efforts d'assimilation en France, ils seront rattrappés par le nazisme. L'enquête, ensuite, que la petite-fille de Myriam, seule survivante des Rabinovitch, mène. Elle livre un véritable combat pour la mémoire des disparus et leur offre un vibrant hommage.

 C'est le premier roman que je lis depuis ma visite au camp de concentration de Natzwiller (Alsace) et si mes émotions ont été contenues depuis, elles ont resurgit à cette lecture. Le livre d'Anne Berest est brillant, poignant et percutant. Je m'en souviendrai vraiment longtemps car il m'a beaucoup marqué. J'ai été touchée par sa sensibilité et ses réflexions personnelles sur la mémoire du passé.
LE coup de cœur de cette rentrée littéraire ! Merci pour ce roman !


Avis des lecteurs:

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