vendredi 24 mai 2019

J'avais 15 ans


J'avais 15 ans,

Vivre, survivre, revivre,
Elie Buzyn,
Ed. Alisio, 2018

Mot de l'éditeur :

Août 1944. Après une enfance heureuse en Pologne, Élie Buzyn subit l'indicible : la déportation, l'assassinat des siens, Auschwitz puis la marche de la mort jusqu'à Buchenwald. Il a 15 ans.
Le camp est libéré le 11 avril 1945. Comment, alors, retourner à la vie ? Porté par les voix du passé, il reconstruit ailleurs ce qui a été détruit. Étrange périple de Buchenwald à la France, en passant par la Palestine et l'Algérie, étrange voyage de la mort à la vie.
Devenu chirurgien-orthopédiste, il s'engage auprès des laissés-pour-compte et de ceux que les nazis avaient voulu éliminer : témoins de Jéhovah, malades psychiatriques, personnes âgées… Un jour, il comprend qu'il est temps de témoigner.
De l'ombre à la lumière, du silence à la parole, un chemin de vie unique retracé avec Etty Buzyn, son épouse, écrivain et psychanalyste.




Dealer : SP Leduc/Alisio, merci !


Ma lecture :

Comme le rappelle Elie Buzyn, il n'y aura bientôt plus de survivants de la Shoah, plus de témoins directs, mais seulement des témoins de témoins. Ces témoins de témoins, ce sont ceux qui ont entendu ou lu des témoignages directs de ces rescapés des camps de la mort. Il faut alors s'approprier l'Histoire pour ne pas avoir à la subir à nouveau, de quelque façon que ce soit...

A l'aube de ses 90 ans, Elie Buzyn décide d'apporter son témoignage, pour ne pas avoir survécu en vain, pour parler de ceux qui ne le peuvent plus. Il offre surtout un souffle de résilience...

Après avoir connu le pire dans les camps de la mort, vu son frère assassiné sous ses yeux, ses parents disparus dans les fours crématoires, il assiste, presque étonné à la libération d'Auschwitz. Mais où aller ? Retourner en Pologne où il est né mais où il n'a plus de famille ? Peut-il faire confiance à cette Europe qui a laissé le nazisme s'installer ? La libération des camps ne signe pas la libération, ou plutôt la liberté, des rescapés.
Commence pour eux un long travail de deuil et de résilience pour affronter la vie malgré tout. C'est ce qu'entreprend Elie Buzyn, qui ira jusqu'à se faire enlever un bout de peau, celle de son bras qui lui rappelle chaque jour son numéro d'Auschwitz. Il ne veut plus être rattaché à ce passé, il ne veut plus y penser. Oublier ? Il ne peut pas, bien sûr. Mais il ne veut ni y penser ni en parler. Pourtant, ce passé fait partie de lui, gravé dans sa chair (par ce numéro) et dans son âme. Il conserve alors son morceau de peau dans son porte-feuille avec ses rares photos de famille. J'ai trouvé cette anecdote déconcertante puis intéressante. Cela montre qu'il est attaché à son passé, mais il ne veut pas que quiconque puisse l'y rattacher, il souhaiter garder cela dans son intimité propre. Même à sa famille, il a du mal à délivrer ses secrets, jusqu'au jour où son fils lui demande de l'accompagner à Auschwitz. Commence alors pour Elie Buzyn un long voyage vers son passé, ses tourments, et l'aboutissement de sa résilience.

J'avais 15 ans n'est pas un énième témoignage sur la Shoah, c'est celui d'un individu, témoin direct de la Shoah. Que les négationnistes n'aient plus aucun moyen de réfuter ces récits : ce n'est pas de la fiction, d'ailleurs le texte n'est absolument pas romancé, ni même littéraire, c'est un témoignage pur et sincère.
Je n'ai pas mis un coup de cœur sur ce livre car cela me semble difficile d'avoir un coup de cœur sur un témoignage aussi vrai, il y aurait une certaine impudeur.
Mais j'ai en tout cas aimé la résilience d'Elie Buzyn, cette volonté de vivre, d'aider les autres, puis, quelques années plus tard, de témoigner de la Shoah.
Merci !

 

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