vendredi 30 décembre 2022

Vivre vite

Vivre vite,

Brigitte Giraud,
Ed. Flammarion, 2022

 

Mot de l'éditeur :

"J'ai été aimantée par cette double mission impossible. Acheter la maison et retrouver les armes cachées. C'était inespéré et je n'ai pas flairé l'engrenage qui allait faire basculer notre existence.Parce que la maison est au coeur de ce qui a provoqué l'accident."En un récit tendu qui agit comme un véritable compte à rebours, Brigitte Giraud tente de comprendre ce qui a conduit à l'accident de moto qui a coûté la vie à son mari le 22 juin 1999. Vingt ans après, elle fait pour ainsi dire le tour du propriétaire et sonde une dernière fois les questions restées sans réponse. Hasard, destin, coïncidences ? Elle revient sur ces journées qui s'étaient emballées en une suite de dérèglements imprévisibles jusqu'à produire l'inéluctable. À ce point électrisé par la perspective du déménagement, à ce point pressé de commencer les travaux de rénovation, le couple en avait oublié que vivre était dangereux. Brigitte Giraud mène l'enquête et met en scène la vie de Claude, et la leur, miraculeusement ranimées.

 

Ma lecture :

Je termine l'année par la lecture du Goncourt 2022. Il était sur ma to-read-list ;)

Brigitte Giraud revient sur l'accident de moto qui a coûté la vie à son mari, Claude, vingt ans auparavant. Dans cette exercice d'écriture, elle examine chaque détail des dernières journées, des derniers éléments de sa vie. Quel grain de sable a pu tout faire basculer ? Elle raconte la nouvelle maison qu'ils venaient d'acheter dans le quartier lyonnais de la Croix-Rousse et des projets dont ils l'inondaient déjà, de son absence ce fameux 22 juin 1999, retenue à Paris par son éditeur, de l'appel qu'elle n'a pas passé, de cette fameuse moto, la Honda 900 CBR Fireblade, trop nerveuse pour la ville. Et de son dernier vrombissement. Elle imagine : et si elle n'était pas partie ? et si elle n'avait pas insisté cette maison-là ? et pourquoi a-t-il emprunté la moto trop puissante de son frère ? Elle remet en scène les derniers instants de leur vie commune comme pour conjurer l'inéluctable. 

J'ai aimé son procédé d'écriture qui examine quel élément perturbateur a emmené son mari vers la mort. Point après point, elle triture les détails, s'en obsède, s'en impatiente. Sa plume l'est aussi : entêtée, fiévreuse, acérée, sans jamais tomber dans le pathos.
J'ai particulièrement aimé les dernières pages, où elle abandonne les "si...", lâche prise et accepte cet insoutenable. Elle offre de la poésie à ses derniers mots, les mots du deuil dompté, et démontre les pouvoirs de l'écriture salutaire.

L'exercice est maîtrisé et réussi. Bravo !

jeudi 29 décembre 2022

Ce qu'elle a laissé derrière elle

Ce qu'elle a laissé derrière elle,

Ellen Marie Wiseman,
Ed. Faubourg-Marigny, 2022


Mot de l'éditeur :

1995. Dix ans auparavant, la mère d'Izzy Stone a tué son mari d'un coup de fusil, alors qu'il dormait. Dévastée par la folie de sa mère, Izzy, qui a maintenant 17 ans, refuse de lui rendre visite en prison. Elle a depuis été accueillie par une famille d'accueil. Ses « parents » travaillent pour le musée local et décident d'inscrire la jeune fille dans leur groupe. Sa mission : les aider à cataloguer les objets trouvés dans un asile abandonné depuis des années. Et au milieu de monceaux d'affaires, Izzy va découvrir des lettres jamais ouvertes, un vieux journal intime... et une fenêtre vers son propre passé.
1929. Clara Cartwright a 18 ans. La jeune femme est prise en étau entre ses parents autoritaires et son amour pour un jeune immigrant italien. Furieux qu'elle ait rejeté un mariage arrangé, son père l'envoie dans une chic résidence pour « malades nerveux ». Mais les Cartwright perdent leur fortune lors du krach boursier qui va suivre. Ne pouvant plus payer les soins de Clara, la jeune femme est transférée à l'asile public... Même si Izzy fait face aux défis d'un nouveau départ, l'histoire ne cesse de l'entraîner dans le passé. Reconstituer le destin de Clara va obliger à réexaminer ses propres choix, avec des résultats... inattendus. 

 

Dealer : Espace Culturel Quéven (56) 

 

Ma lecture :

J'avais déjà croisé ce roman et la rencontre de trois lectrices Faubourg-Marigny m'a poussé à me l'offrir et à le lire. 

lundi 26 décembre 2022

Christmas Pudding

Christmas Pudding,

Nancy Mitford,
Publié en1932,
Ed. Christian Bourgeois, 2014

 

Mot de l'éditeur :

Un Noël à la campagne dans le Gloucestershire. La perspective est séduisante pour un groupe de jeunes mondains, un peu las de la routine londonienne, qui décident de séjourner à proximité du domaine de Lady Bobbin et de ses enfants.
Multipliant péripéties invraisemblables et dialogues mordants, Nancy Mitford dresse un portrait décalé de la société anglaise dans les années 1930.  

 

Dealer : d'occasion


Ma lecture :

Un Noël dans la campagne anglaise de l'entre deux-guerre : le principe me plaisait bien !

mardi 20 décembre 2022

25 Faubourg des étoiles

25 Faubourg des étoiles,

Laetitia Arnould,
Ed. Twinkle, 2022


Mot de l'éditeur :

La fin de l'automne marque un tournant dans la vie d'Avril Renard. Fraîchement débarquée de sa campagne périgourdine pour gérer le triplex que sa grand-tante lui a légué près de Montmartre, la jeune femme a décidée de rouvrir les portes du Faubourg des étoiles, la boutique désuète qui faisait partie de l'héritage. Tout est prêt, excepté une couronne de Noël récalcitrante. Déjà, Avril imagine un tas d'articles cosy à mettre en vente, dont la collection de bougies parfumées qu'elle réalise elle-même. Elle se sent galvanisée par l'approche des fêtes et par les encouragements de sa locataire et amie, la pétillante Québécoise Violette Pelletier.

Toutefois, une savoureuse pâtisserie, un parfum de noisettes et des flocons de neige vont entraîner une série de quiproquos et pousser Devon Francoeur et Auguste Fontaine, deux mystérieux hommes d'affaires, à entrer dans le petit commerce d'Avril. Dès lors, le Faubourg des Étoiles va devenir le théâtre de rencontres, des facéties canines d'un shiba nommé Sherwood, des chants de Noël, des créations d'Avril et d'un tourbillon d'émotions.

 

Dealer :  Campagne participative


Ma lecture :

C'est la première fois que je participe à une campagne d'autofinancement sur Ulule. Avec ce roman de Noël à la couverture soyeuse, j'ai voulu me faire plaisir et encourager une jeune auteur.

mardi 13 décembre 2022

Petits réveillons entre amis

Petits réveillons entre amis,

Collectif,
Ed. Charleston, 2021


Mot de l'éditeur :

Des toits de Montmartre à un hôtel perdu dans la montagne enneigée, de New York à la Bretagne, d’une cellule de garde à vue à un grand magasin de luxe, d’un ascenseur à une cure détox, d’un wagon d’Eurostar à un cabinet de psy…
Les héroïnes et héros de ces 25 histoires iront de surprise en surprise, et vivront le Noël le moins traditionnel, mais le plus mémorable de leur vie !
Avec la #TeamRomCom, découvrez un calendrier de l’Avent littéraire et romantique, à offrir ou à s’offrir, pour des fêtes magiques et féeriques !
L’intégrale de Noël de la #TeamRomCom… avec une nouvelle inédite !

 

Dealer : d'occasion (ce n'est pas l'occasion qui fait le chapon ?) 


Ma lecture :

Cette année, je me suis enfin laissée tenter par le recueil de nouvelles de Noël des éditions Charleston. 25 comédies romantiques écrites par six autrices de la maison pour patienter jusqu'au 25 Décembre. Difficile de se contenter d'une histoire, comme les chocolats ;)  

samedi 10 décembre 2022

Blackwater

Blackwater,

T1 : La crue,
Michael McDowell,
Ed. Monsieur Toussait  Louverture, 2022


Mot de l'éditeur :

Alors que les flots sombres et menaçants de la rivière submergent Perdido, une petite ville du sud de l’Alabama, les Caskey, une riche famille de propriétaires, doivent faire face aux innombrables dégâts provoqués par la crue.
Mené par Mary-Love, la puissante matriarche, et par Oscar, son fils dévoué, le clan s’apprête à se relever.
Mais c’est compter sans l’apparition , aussi soudaine que mystérieuse, d’Elinor Dammert, jeune femme séduisante au passé trouble, dont le seul dessein semble être de s’immiscer au cœur de la famille Caskey.

 

Dealer : Lecture Commune

 

Ma lecture : 

Comment ne pas succomber à ces couvertures hypnotiques, presque d'un autre âge ? En 1983, Michael McDowell publie sa saga Blackwater en 6 tomes, 6 feuilletons, à raison d'un par mois, de janvier à juin. Ce n'est qu'en 2022 que Blackwater est traduit en français.

Me voici donc sur cette déferlante hors norme, direction Perdido, Alabama, au début du XXème siècle, un temps où la ségrégation était de coutume et où les femmes murmuraient de prendre, bientôt, la parole publique.
Et ça commence doucement, sur une barque explorant les dégâts de la crue de la rivière Perdido. Deux hommes : un fils d'une riche famille et son domestique rencontrent une jeune femme inconnue, coincé dans l’hôtel inondé. Qui est-elle, et que fait-elle là ? L'arrivée d'Elinor bouleverse la ville et les cœurs des habitants. Et surtout le clan Caskey : le fils, Oscar en tombe amoureux. Cette saga familiale montre les tensions des personnages parfois prêts à tout pour tenir leur rang, comme la mère Caskey, qui dirige sa famille d'une main de maître.
Un peu comme dans Stranger Things, l'histoire s'implante dans un milieu ordinaire mais, lentement, des effluves fantastiques transpercent l'ordinaire pour le rendre, bientôt, extraordinaire.

La fin de ce premier tome me donne envie de poursuivre l'aventure et je suis contente de m'être... jetée à l'eau !

dimanche 4 décembre 2022

Les presque soeurs

Les presque sœurs,

Cloé Korman,
Ed. Seuil, 2022


Mot de l'éditeur :

Entre 1942 et 1944, des milliers d’enfants juifs, rendus orphelins par la déportation de leurs parents, ont été séquestrés par le gouvernement de Vichy. Maintenus dans un sort indécis, leurs noms transmis aux préfectures, ils étaient à la merci des prochaines rafles.
Parmi eux, un groupe de petites filles. Mireille, Jacqueline, Henriette, Andrée, Jeanne et Rose sont menées de camps d’internement en foyers d’accueil, de Beaune-la-Rolande à Paris. Cloé Korman cherche à savoir qui étaient ces enfants, ces trois cousines de son père qu’elle aurait dû connaître si elles n’avaient été assassinées, et leurs amies.
C'est le récit des traces concrètes de Vichy dans la France d’aujourd’hui. Mais aussi celui du génie de l’enfance, du tremblement des possibles. Des formes de la révolte.


Dealer : Bibliothèque de Sibiril


Ma lecture :

J'avais vu passer ce roman de Cloé Korman dans la vague de la rentrée littéraire et j'avais très envie de le lire.

L'autrice-narratrice évoque les trois cousines de son père, Mireille, Jacqueline et Henriette, petites filles juives durant la Seconde Guerre mondiale. Toutes les trois seront déportées et assassinées. Après l'arrestation de leurs parents, cette fratrie sera ballotée entre plusieurs structures d'internements, de Beaune-la-Rolande, à des foyers d'accueils, jusqu'au dernier train direction Auschwitz.
L'enquête de Cloé Korman met en lumière ces enfants juifs devenus orphelins après les rafles de leurs parents et dont le gouvernement de Vichy ne savait que faire. Si certains ont été sauvés par des Justes, d'autres ont  fait très tôt l'expérience des camps. C'est dans une maison d'accueil de l'UGIF que les trois sœurs Korman rencontrent les sœurs Kaminisky. Elles veillent les unes sur les autres, se soutiennent et arpentent la guerre comme elles peuvent. Ce sont des presque sœurs, une famille d'enfants dans la barbarie.

Ce n'est pas un roman mais une enquête familiale afin de retracer les derniers mois des soeurs Korman que personne ne reverra. L'écriture de Cloé Korman est journalistique, sans fioriture mais avec une sincérité émue. Un épisode m'a touché plus particulièrement : la montre Mickey de la petite Jacqueline qui, avec ses bras et ses jambes, égraine les minutes puis les heures. Cette petite souris, symbole de l'enfance et de la liberté continue de battre des bras dans la tourmente. Et elle continuera encore quand la petite fille la laissera derrière elle...

Un sujet difficile, des destins tragiques pris dans les tourbillons enrayés de l'Histoire. Ce n'est pas un énième récit sur la Shoah car il aborde le thème précis des orphelins juifs dans la guerre et le sort que leur réserve le gouvernement français, et c'est assez effarant...

Donner un avis sur ce genre d'ouvrage reste complexe et peut être maladroit. Mais je n'ai pas été happée par cette enquête, et il s'agit pourtant de mon sujet de prédilection et j'essaie toujours de lire des témoignages plutôt que des histoires romancées. Mais je ne sais pas, quelque chose m'a gênée. J'ai eu du mal à saisir la pertinence de mêler la vie personnelle de l'autrice dans son enquête familiale. Ici, le passé se suffisait à lui-même. Je n'ai pas compris sa position, entre son style d'écriture détachée (pertinent et nécessaire, pour le coup) et l'invitation de son présent dans le récit.

En lisant ce livre, j'ai évidemment penser à La carte postale, d'Anne Berest, qui m'avait beaucoup touchée.



Suivantes Précédentes Accueil