Les presque sœurs,
Cloé Korman,
Ed. Seuil, 2022
Mot de l'éditeur :
Entre 1942 et 1944, des milliers d’enfants juifs, rendus orphelins par
la déportation de leurs parents, ont été séquestrés par le gouvernement
de Vichy. Maintenus dans un sort indécis, leurs noms transmis aux
préfectures, ils étaient à la merci des prochaines rafles.
Parmi eux,
un groupe de petites filles. Mireille, Jacqueline, Henriette, Andrée,
Jeanne et Rose sont menées de camps d’internement en foyers d’accueil,
de Beaune-la-Rolande à Paris. Cloé Korman cherche à savoir qui étaient
ces enfants, ces trois cousines de son père qu’elle aurait dû connaître
si elles n’avaient été assassinées, et leurs amies.
C'est le récit
des traces concrètes de Vichy dans la France d’aujourd’hui. Mais aussi
celui du génie de l’enfance, du tremblement des possibles. Des formes de
la révolte.
Dealer : Bibliothèque de Sibiril
Ma lecture :
J'avais vu passer ce roman de Cloé Korman dans la vague de la rentrée littéraire et j'avais très envie de le lire.
L'autrice-narratrice évoque les trois cousines de son père, Mireille, Jacqueline et Henriette, petites filles juives durant la Seconde Guerre mondiale. Toutes les trois seront déportées et assassinées. Après l'arrestation de leurs parents, cette fratrie sera ballotée entre plusieurs structures d'internements, de Beaune-la-Rolande, à des foyers d'accueils, jusqu'au dernier train direction Auschwitz.
L'enquête de Cloé Korman met en lumière ces enfants juifs devenus orphelins après les rafles de leurs parents et dont le gouvernement de Vichy ne savait que faire. Si certains ont été sauvés par des Justes, d'autres ont fait très tôt l'expérience des camps. C'est dans une maison d'accueil de l'UGIF que les trois sœurs Korman rencontrent les sœurs Kaminisky. Elles veillent les unes sur les autres, se soutiennent et arpentent la guerre comme elles peuvent. Ce sont des presque sœurs, une famille d'enfants dans la barbarie.
Ce n'est pas un roman mais une enquête familiale afin de retracer les derniers mois des soeurs Korman que personne ne reverra. L'écriture de Cloé Korman est journalistique, sans fioriture mais avec une sincérité émue. Un épisode m'a touché plus particulièrement : la montre Mickey de la petite Jacqueline qui, avec ses bras et ses jambes, égraine les minutes puis les heures. Cette petite souris, symbole de l'enfance et de la liberté continue de battre des bras dans la tourmente. Et elle continuera encore quand la petite fille la laissera derrière elle...
Un sujet difficile, des destins tragiques pris dans les tourbillons enrayés de l'Histoire. Ce n'est pas un énième récit sur la Shoah car il aborde le thème précis des orphelins juifs dans la guerre et le sort que leur réserve le gouvernement français, et c'est assez effarant...
Donner un avis sur ce genre d'ouvrage reste complexe et peut être maladroit. Mais je n'ai pas été happée par cette enquête, et il s'agit pourtant de mon sujet de prédilection et j'essaie toujours de lire des témoignages plutôt que des histoires romancées. Mais je ne sais pas, quelque chose m'a gênée. J'ai eu du mal à saisir la pertinence de mêler la vie personnelle de l'autrice dans son enquête familiale. Ici, le passé se suffisait à lui-même. Je n'ai pas compris sa position, entre son style d'écriture détachée (pertinent et nécessaire, pour le coup) et l'invitation de son présent dans le récit.
En lisant ce livre, j'ai évidemment penser à La carte postale, d'Anne Berest, qui m'avait beaucoup touchée.
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?