Ce qu'elle a laissé derrière elle,
Ellen Marie Wiseman,
Ed. Faubourg-Marigny, 2022
Mot de l'éditeur :
1995. Dix ans auparavant, la mère d'Izzy Stone a tué son mari d'un coup
de fusil, alors qu'il dormait. Dévastée par la folie de sa mère, Izzy,
qui a maintenant 17 ans, refuse de lui rendre visite en prison. Elle a
depuis été accueillie par une famille d'accueil. Ses « parents »
travaillent pour le musée local et décident d'inscrire la jeune fille
dans leur groupe. Sa mission : les aider à cataloguer les objets trouvés
dans un asile abandonné depuis des années. Et au milieu de monceaux
d'affaires, Izzy va découvrir des lettres jamais ouvertes, un vieux
journal intime... et une fenêtre vers son propre passé.
1929. Clara
Cartwright a 18 ans. La jeune femme est prise en étau entre ses parents
autoritaires et son amour pour un jeune immigrant italien. Furieux
qu'elle ait rejeté un mariage arrangé, son père l'envoie dans une chic
résidence pour « malades nerveux ». Mais les Cartwright perdent leur
fortune lors du krach boursier qui va suivre. Ne pouvant plus payer les
soins de Clara, la jeune femme est transférée à l'asile public... Même
si Izzy fait face aux défis d'un nouveau départ, l'histoire ne cesse de
l'entraîner dans le passé. Reconstituer le destin de Clara va obliger à
réexaminer ses propres choix, avec des résultats... inattendus.
Dealer : Espace Culturel Quéven (56)
Ma lecture :
J'avais déjà croisé ce roman et la rencontre de trois lectrices Faubourg-Marigny m'a poussé à me l'offrir et à le lire.
Le roman de déroule selon deux temporalités et nous suivons deux femmes au destin bouleversé par une famille déviante. En 1995, Izzy est une adolescente ballotée de foyers en foyers après que sa mère ait tué son père. Sa dernière famille, Harry et Peg, est plus aimante et l'emmène avec elle cataloguer les valises retrouvées dans un asile abandonné des années auparavant. La jeune fille y découvre celle de Clara et son journal intime. Elle a été internée dans les années 30 pour des raisons plus sombres que sa prétendue folie.
L'univers d'Izzy, lycéenne dans une nouvelle école, voulant coûte que coûte avancer sans plus se laisser dicter ses choix et ses actes par son passé douloureux, est complexe et poignant. Elle vacille dans ce lycée hostile à cette inconnue et peine à trouver ses marques jusqu'à être dans la ligne de mire de la méchante-populaire de l'école.
La découverte des effets personnels de Clara, ancienne internée de l'asile de Willard sera à la fois une échappatoire pour la jeune fille des années 90 et un miroir qui lui fera ouvrir les yeux sur les raisons qui ont poussé sa mère jusqu'au meurtre.
Mes passages préférés résident dans l'univers de Clara. Parce qu'elle aime un homme inconvenant pour sa famille, son père la fait passer pour folle et la fait interner. A l'époque, les femmes internées à tort ne sont malheureusement pas des cas isolés. Sorcellerie en des temps anciens, folie en des temps plus modernes, le but était de faire taire ces femmes qui sortaient des rangs pré-établis. Et les médecins de ces asiles, certainement pas encore des psychiatres ou psychologues, jouissaient de plusieurs méthodes pour "soigner" les "malades", des bains glacés aux électrochocs en passant par des cures d'insuline. Ils avaient, littéralement, le droit de vie ou de mort sur leurs internés. J'ai beaucoup aimé les chemins qu'a empruntés l'auteur et les réflexions qu'elle a amorcées. Je me rends compte que j'aime ce sujet des asiles, et dans ce roman il servait de décors aux deux temporalités : une version d'époque, et une version urbex.
Je me suis vite attachée aux personnages d'Izzy et de Clara, deux héroïnes de deux époques différentes. A la fin de chaque chapitre consacré tantôt à l'une, tantôt à l'autre, j'étais triste de quitter l'une mais impatiente de retrouver l'autre. Leurs destins sont poignants et bouleversants et elles parviennent, malgré tout, à ne pas sombrer, à trouver en elle la force de rester debout.
Un coup de coeur pour un cri du coeur !
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?