samedi 18 septembre 2021

Littérature autour de la Shoah

 

Littérature autour de la Shoah

 

Je suis en train de lire La Carte Postale, d'Anne Berest.

Et je me sens mal depuis ce matin.

Je viens de comprendre.

C'est le premier roman qui évoque la Shoah que je lis depuis ma visite de Natzwiller.
Natzwiller, le camp de concentration alsacien.
Je crois qu'avant, tous les romans, tous les témoignages restaient, non pas une fiction, mais une réalité historique assez floue. C'est vrai, comment, nous, dans notre monde, pouvons-vous imaginer clairement ce qu'étaient les camps ? J'ai utilisé le terme imaginer, c'est un terme de fiction. Un terme de fiction pour exprimer une réalité ? Il y a un problème, non ? En fait c'était rassurant de se dire que non, on ne pouvait pas imaginer. C'est une réalité inconcevable, indicible. De ma bulle protectrice, je lisais une horreur qui ne pouvait, jamais, m'arriver.

Quand je me suis rendue au camp de Natzwiller, j'ai ressenti un malaise de franchir le portail avec mon sac à dos de touriste, sachant que j'en ressortirai quand je le souhaiterais. Les places d'appel étaient vides, les miradors vides, aucune fumée, aucun son, aucune odeur. Rien. Le néant. Pourtant j'ai vu les salles de douches (qui n'étaient pas à gaz ici), j'ai vu le four crématoire, j'ai vu la haute cheminée, j'ai vu la potence. Il n'y avait plus de vie. Et pour cause.

Le fait de lire à nouveau un roman qui se déroulait dans ce contexte, où les personnages, Noémie 19 ans et Jacques 17 ans, sont entrés dans un camp à peu près similaire a fait ressortir mes émotions contenues depuis ma visite de Natzwiller. La douche, la cheminée, les baraquements, les paillasses ne sont plus à imaginer, je les ai vus, je les ai affrontés. Maintenant je sais.
Cette effroyable cheminée, dressée vers le ciel. Monstrueuse.

Me voilà maintenant témoin, par tous les livres que j'ai parcourus, et surtout par ce que j'ai vu de mes yeux, de ceux qui ne sont pas revenus. Et de ceux qui sont revenus et qui ne seront bientôt plus là pour témoigner. Témoin d'une Histoire. Témoin d'une barbarie. Témoin de témoins.

Mes lectures autour de la Shoah seront maintenant différentes. Plus difficiles.
Cette période de l'Histoire me fascine car les dérives des hommes ont été épouvantables. Elle a été le berceau de la barbarie. J'ai lu les mots, j'ai vu la rouille, et rien ne doit être oublié.

 

Avis des lecteurs:

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