mardi 5 mai 2020

Victoire

Victoire ou la douleur des femmes Marie Trintignant Schlogel roman téléfilm film adaptation avortement

Victoire ou la douleur des femmes,

Gilbert Schlogel,
Ed. Fayard, 1996


Mot de l'éditeur :

Victoire Dambreville, jeune Normande de vingt ans, est emmenée de force par sa mère chez une " faiseuse d'anges ". Ce moment d'horreur la traumatise à jamais.
Devenue gynécologue, Victoire consacre sa vie à lutter pour que les femmes obtiennent le droit à la contraception et à l'avortement. Cet engagement bouleverse une existence que rien ne prédisposait à un tel combat.
Dans ce roman de l'amour blessé, où, dans une même famille, s'entrecroisent trois générations de femmes éprises de liberté, toute l'histoire du féminisme se profile devant nos yeux durant un demi-siècle et nous rappelle les étapes d'une conquête sans cesse recommencée.



Ma lecture :

Je crois que je n'ai jamais relu un roman déjà lu. Jamais. Je suis plutôt contre car il  y a de nombreux risques, dont la magie rompue. Mais j'ai changé de Freebox et d'ordinateur pour des modèles plus performants mais...dénués de lecteurs DVD. Et chaque année, j'aime regarder mon film, pardon, mon téléfilm, préféré de tous les temps, Victoire ou la douleur des femmes. Sorti il y a vingt ans, vous vous en souvenez peut-être, Victoire étant interprétée par Marie Trintignant. Bref, faute de moyens techniques, voici deux ans que je manque mon rendez-vous, alors j'ai décidé de relire le roman...


 Le roman de Gilbert Schlogel couvre cinquante ans de l'Histoire du monde et des femmes. Il s'ouvre au tout début de la Seconde Guerre Mondiale pour se terminer dans les années 90. On y fait la connaissance de Victoire, jeune fille normande, de bonne famille, professeur de piano et amoureuse de son voisin parti au front. Avant son départ, ils décident de consommer leur amour. A son retour, c'est sûr, Arnaud fera Médecine et ils se marieront.... Mais la guerre et ses tumultes s'installent...
La jeune fille se retrouve enceinte. Une fille-mère ? Impensable pour sa mère, qui la force à avorter. Avorter en 1939, cela se fait sans aucun hygiène, avec savons et aiguilles à tricoter. La mère a autant de chance d'y passer que son fœtus... Elle subit donc cette horreur, bien sûr malgré elle. Mais cet avortement tout à fait clandestin rate. La chance de sa vie.
La voilà qui quitte sa Normandie pour la capitale et devient secrétaire d'une vieille héritière russe. Vieille héritière, dit comme ça, cela n'augure rien de bon, mais au contraire, Olga, sympathique et empathique, va éveiller Victoire au féminisme et au combat. Sa fille, Lydie, naît au milieu de la débâcle et la voilà qui devient mère. Le père, Arnaud, rentre du front avec la défaite française de 1940 : leurs retrouvailles sont froides, leur amour envolé, et Victoire tait la naissance de Lydie. C'est seule qu'elle l'élèvera.

De son avortement raté, Victoire fera une force et une ligne de combat. Elle va diriger sa vie en ce sens : éviter cette souffrance, cette douleur, aux femmes. Elle devient médecin, gynécologue, militante, pionnière de la pilule en France. Gilbert Schlogel, auteur de romans médicaux est très documenté et fournit un travail magistral pour retracer l'histoire de la contraception et des bouillonnements féministes en France. Je suis d'une génération pour qui ces problèmes ne sont de l'histoire ancienne, mais ces acquis ne sont finalement pas si anciens que ça. Il est bon de regarder en arrière et d'observer, d'admirer les luttes, les combats qui ont été menés pour en arriver là.

J'ai beaucoup aimé la première partie du roman, plus longue, abordant les années 40. La guerre, le débarquement, la résistance, les souffrances muettes des femmes, .... sont bien traités, bien romancés. Ensuite, dans la partie des années 70 puis 90, le rythme de narration s'accélère, on perd un peu le charisme et la sympathie des personnages au profit d'une information médicale et sociologique plus rigoureuse.

Malheureusement, je ressors mitigée de ma lecture car je l'ai commencé pour de mauvaises raisons. Je voulais retrouver Victoire, incarnée par Marie Trintignant dans le téléfilm. Et l'ayant vu un nombre incalculable de fois, j'en étais toujours imprégnée. La magie, bien sûr, n'a pas eu lieu. Mais si on met de côté mes mauvaises intentions, ce roman retrace admirablement l'histoire des femmes au siècle dernier. Mais, tout à fait entre nous, le téléfilm sublime le roman par les acteurs, la musique, la lumière et les changements romanesques pertinents. Cependant, roman ou téléfilm, mes thèmes de prédilection y sont abordés : seconde guerre mondiale, déportation, féminisme, le tout dans une romance cohérente et loin de toute mièvrerie. On y évoque même Apollinaire et Simone Veil, alors voyez-vous, je ne peux que m'incliner !

Bilan :

Victoire ou la douleur des femmes est à mettre entre toutes les mains, celles des femmes et celles des hommes. C'est un homme, Gilbert Schlogel, qui offre aux femmes le roman du combat féministe, du combat pour une maternité heureuse et non subie. Victoire incarne ces combats avec force, telle une héroïne des temps modernes : la rencontrer est une chance, ne vous en privez pas !
Le roman ou le téléfilm ? Je vous chuchote dans l'oreille : le téléfilm, évidemment...



Marie Trintignant, dans Victoire ou la douleur ds femmes
1999




Avis des lecteurs:

Et vous, qu'en pensez-vous ?

Suivantes Précédentes Accueil