lundi 15 mars 2021

Le coeur cousu

Le cœur cousu,

Carole Martinez,
Ed. Gallimard, 2007


Mot de l'éditeur :

"Écoutez, mes soeurs ! Écoutez cette rumeur qui emplit la nuit ! Écoutez... le bruit des mères ! Des choses sacrées se murmurent dans l'ombre des cuisines. Au fond des vieilles casseroles, dans des odeurs d'épices, magie et recette se côtoient. Les douleurs muettes de nos mères leur ont bâillonné le coeur. Leurs plaintes sont passées dans les soupes : larmes de lait, de sang, larmes épicées, saveurs salées, sucrées. Onctueuses larmes au palais des hommes !" 

Frasquita Carasco a dans son village du sud de l'Espagne une réputation de magicienne, ou de sorcière. Ses dons se transmettent aux vêtements qu'elle coud, aux objets qu'elle brode : les fleurs de tissu créées pour une robe de mariée sont tellement vivantes qu'elles faneront sous le regard jaloux des villageoises ; un éventail reproduit avec une telle perfection les ailes d'un papillon qu'il s'envolera par la fenêtre ; le coeur de soie qu'elle cache sous le vêtement de la Madone menée en procession semble palpiter miraculeusement... Frasquita a été jouée et perdue par son mari lors d'un combat de coqs. Réprouvée par le village pour cet adultère, la voilà condamnée à l'errance à travers l'Andalousie que les révoltes paysannes mettent à feu et à sang, suivie de ses marmots eux aussi pourvus - ou accablés - de dons surnaturels... Le roman fait alterner les passages lyriques et les anecdotes cocasses ou cruelles. Le merveilleux ici n'est jamais forcé : il s'inscrit naturellement dans le cycle tragique de la vie. 

 

Dealer : Lecture commune avec Julie

 

Ma lecture :

A la dernière rentrée littéraire, j'ai découvert Les roses fauves, de Carole Martinez. Il y était question de femmes, de leurs histoires, et de magie. Nous étions en plein réalisme magique où le merveilleux et la réalité n'ont plus tout à fait de frontières... L'auteur évoquait avec mystères la légende des cœurs cousus qui veut que les vieilles femmes espagnoles, à la fin de leurs vies, cousent un cœur en tissus et y cachent leurs derniers secrets. J'ai trouvé cette idée...merveilleuse ! Alors le roman Le cœur cousu m'a tout de suite séduite...

Dès le début, mon pacte de lecture était bancale car le roman Les cœurs cousus n'évoque pas, ou trop peu, les cœurs cousus. Et j'avais très envie de poursuivre cette magie, que j'attendais, attendais, et qui n'est jamais venue.

Enfin, de la magie, du merveilleux, il y en a bien sûr. Carole Martinez a ce talent de conteuse et de brodeuse autour du réalisme magique. Dans la famille de Frasquita, on se transmet une boîte de mère en fille. Une boîte magique. Elle y découvre des fils de toutes les couleurs qui lui donnera son avenir : elle sera couturière ! Elle répare les vêtements comme les animaux et les hommes. Le coq de son mari, entraîné au combat, sera maintes fois sauvé par ses aiguilles magiques. Pourtant, un jour, son mari n'hésite pas à la jouer au jeu, et à la perdre. La voilà sur les routes avec ses quatre enfants, vêtue d'une robe de sa confection. Protégés par la magie familiale, ils passent de villages en villages où chacun a à apprendre des autres. Libérée du patriarcat, Frasquita jouit d'une émancipation sans limite.

Cette épopée naturellement ancrée dans le merveilleux se lit sous forme de contes, de petites histoires où l'auteur s'amuse à écrire des scènes tendres, fantastiques ou cruelles. Cependant, je les ai trouvées inégales et je n'ai pas été charmée par les charmes ensorcelants. Mon élan trop entrecoupé ne m'a pas permis de rentrer de plein pied dans l'histoire et d'en apprécier la véritable saveur. Je suis déçue car j'attendais une autre lecture. Cependant, il y a des passages qui restent mémorables, où le merveilleux est sublimé par la poésie de Carole Martinez. Cette femme qui a le don de recoudre les corps et de les ramener à la vie est fantastique... Mais je suis passée à côté de l'histoire globale, c'est dommage !



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