vendredi 26 mars 2021

Crénom, Baudelaire !

Crénom, Baudelaire !

Jean Teulé,
Ed. Mialet-Barrault, 2020


Mot de l'éditeur :

Si l’œuvre éblouit, l'homme était détestable. Charles Baudelaire ne respectait rien, ne supportait aucune obligation envers qui que ce soit, déversait sur tous ceux qui l'approchaient les pires insanités. Drogué jusqu'à la moelle, dandy halluciné, il n'eut jamais d'autre ambition que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie. Dans ses vers qu'il travaillait sans relâche, il a voulu réunir dans une même musique l'ignoble et le sublime. Il a écrit cent poèmes qu'il a jetés à la face de l'humanité. Cent fleurs du mal qui ont changé le destin de la poésie française.

 

Dealer : Bibliothèque de Sibiril 


Ma lecture :

Jean Teulé a cette gouaille propre à lui que j'aime beaucoup. Son roman sur Baudelaire a retenu mon attention et j'ai décidé de le lire en ce Printemps des Poètes.


Nous voilà plongés au cœur d'un Paris avant Haussmann, ou plutôt en plein Haussmann. La ville est en pleine mutation, les rues sont déplacées, et la poésie s'en retrouve bouleversée. Baudelaire erre dans cette émotion architecturale et compose une nouvelle poésie. Il arrive, avec ses gros sabots, dans cet art plutôt jugé délicat. Lui, tels les ouvriers qui triturent la capitale, explose les vers, démembre les rimes et offre aux lecteurs une poésie des faubourgs, pleine de vie, pleine de gouaille.
C'est cette gouaille qu'aime utiliser Jean Teulé, et en cela, les deux amoureux des mots se rejoignent. Il brosse le portrait de ce poète pédant, j'allais dire sans classe. Mais de la classe, il en a, lui qui se refuse à vivre dans la bourgeoisie, préférant la compagnie du peuple, crachant sur Hugo et déclinant même un fauteuil réservé à l'Académie Française. Ce n'est pas de la classe. C'est du panache. Du panache outrancier qui lui a coûté un accueil frileux parmi éditeurs et lecteurs. La reconnaissance, la renommée sont venues bien plus tard.
Oh qu'il est exécrable, ce Charles Baudelaire ! Misogyne, dépravé, odieux, drogué jusqu'au bout des ongles. Et Jean Teulé enchante presque ce personnage épouvantable. On en rit, finalement, de ses enfantillages et la plongée dans l'envers du décors du poète est vertigineuse !
Un hymne à la littérature...et à la dépravation organisée ! Crénom de nom !

Avis des lecteurs:

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