La servante écarlate,
Margaret Atwood,Ed. Robert Laffont, 1987
Mot de l'éditeur :
Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d'esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, " servante écarlate " parmi d'autres, à qui l'on a ôté jusqu'à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l'austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler... En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.Paru pour la première fois en 1985, La Servante écarlate s'est vendu à des millions d'exemplaires à travers le monde. Devenu un classique de la littérature anglophone, ce roman décrit un quotidien glaçant qui n'a jamais semblé aussi proche, nous rappelant combien fragiles sont nos libertés.
Dealer : Père Noël
Ma lecture :
Bien avant la série, j'avais entendu parler de La Servante Ecarlate. Bizarrement, le titre m'évoquait une romance façon telenovela mexicaine. Peu intéressée, donc, j'avais passé mon chemin.Puis j'ai essayé de regarder la série, The handmaid's tale, ne faisant pas encore le lien avec le roman, mais j'ai dû essuyer des bugs répétés du replay.
Bref, le chemin a été long et laborieux pour arriver à ma lecture de La servante écarlate de Margaret Atwood.
Et donc ?
Ce n'est absolument pas un roman d'amour à deux francs cinquante mais une magistrale dystopie.
Nous sommes aux Etats-Unis, dans un futur proche, très proche. Des produits chimiques, comme les pesticides, ont fait chuter le taux de fertilité et donc de natalité. N'oublions pas que ce roman a été écrit dans les années 80 : Margaret Atwood n'est vraiment pas loin de la vérité, n'est-ce pas ? Cette approche est même effroyable. Bref, pour pallier à cela, il faut ré-organiser la société. Des femmes jeunes et fertiles sont recrutées de force pour devenir ce que l'on appelait pas encore à l'époque, des mères porteuses. Ces femmes n'existent que par leur ventre fertile. Elles ont subi un lavage de cerveau pour oublier leurs vies d'avant et, ainsi formatées, mènent une vie monacale, façon amish.
La narratrice, Defred, fait partie de ces femmes, de cette caste. Elle est au service d'un couple dont la femme est stérile (le problème vient forcement de la femme, jamais de l'homme). Elle n'a aucune distraction, parle à peine aux autres servantes. Elle n'est qu'un ventre, impatient de grossir. Tout est orchestré, théâtralisé : il y a des cérémonies sordides pour l'accouplement, des cérémonies pour la naissance, ... Vous l'aurez compris, tout est contrôlé. Seulement voilà, Defred a des souvenirs de sa vie d'avant. Elle regrette le cinéma, les magazines, les sorties, ... Parfois, des servantes écarlates (leur nom vient de leur robe rouge) disparaissent. Pourquoi ? Poser des question serait considéré comme de la haute trahison. Pourtant, elle n'est pas la seule à s'en poser, des questions...
La servante écarlate est une réflexion puissante sur notre monde actuel : ses libertés et ses dérives. Ecrit dans les années 80, ce roman était précurseur pour l'époque en abordant des sujets comme les mères porteuses, le fait de cacher son corps pour éviter les tentations des hommes, ... Il y a beaucoup d'introspection, ce qui rend la lecture à la fois lente et assourdissante : nous sommes dans la tête de Defred, et ses combats intérieurs nous touchent, forcément. C'est également un roman sur le totalitarisme, la liberté et le féminisme.
Bref, Margaret Atwood aborde une multitude de sujets pertinents et cohérents entre eux. Sa vision du futur, plus proche de nous, fait froid dans le dos car cette dystopie est tout à fait possible.
La voix de Defred reste encore en moi et je me demande si elle a finalement trouvé son salut dans la liberté ou la mort...
si vous lisez la suite "Les testaments" vous connaîtrez la fin...
RépondreSupprimerà voir aussi ma chronique sur anne.vacquant.free.fr/av/
Oui ! Merci !
SupprimerA bientôt :)