Rentrée Littéraire 2017
Bakhita,
Véronique Olmi,Ed. Albin Michel, 2017
Mot de l'éditeur :
Elle a été enlevée à sept ans dans son village du Darfour et a connu toutes les horreurs et les souffrances de l'esclavage. Rachetée à l'adolescence par le consul d'Italie, elle découvre un pays d'inégalités, de pauvreté et d'exclusion. Affranchie à la suite d'un procès retentissant à Venise, elle entre dans les ordres et traverse le tumulte des deux guerres mondiales et du fascisme en vouant sa vie aux enfants pauvres. Bakhita est le roman bouleversant de cette femme exceptionnelle qui fut tour à tour captive, domestique, religieuse et sainte. Avec une rare puissance d'évocation, Véronique Olmi en restitue le destin, les combats incroyables, la force et la grandeur d'âme dont la source cachée puise au souvenir de sa petite enfance avant qu'elle soit razziée.Dealer : Sélection Prix Landerneau
Ma lecture :
Le Prix Landerneau 2017 a été décerné jeudi dernier à Alice Zeniter pour L'art de perdre.Je suis contente car j'avais voté pour ce roman.
Je n'avais pas tout à fait terminé Bakhita, mais, même si c'est un roman fort, beau et captivant, je serai restée sur mon premier choix. Mon vote n'a donc pas été pipé ;) Ceci dit, je le dis en brisant tout suspens, s'il y en avait, mais Bakhita aurait eu ma seconde place !
Dans Bakhita, Véronique Olmi retrace la vie de Joséphine Bakhita, connue également sous le nom de Madre Moretta, Petite mère noire. Je ne connaissais absolument pas cette femme, et pourtant elle a fait parler d'elle récemment en étant canonisée par Jean-Paul II en 2000. Mais qui est cette Bakhita ?
Bakhita, ce n'est pas vraiment son prénom. Elle ne sait pas comment elle s'appelle. Elle ne sait pas en quelle langue sont ses rêves. Elle est née vers 1870 au Soudan. Alors qu'elle a tout juste 9 ans, elle est enlevée par des négriers, et traverse le pays, à moitié nue, enchaînée avec ses compagnes de fortune, et va de marchés en marchés pour être vendue et revendue comme esclave. Cela arrive soudant au Soudan. Sa sœur Kishmet aussi a été enlevée, avant elle, elle ne la reverra jamais. Elle passe de maîtres en maîtres qui la traitent comme une esclave, évidemment, mais la torturent, l'humilient, ... Son enfance n'est devenue que souffrances. Certains passages du roman sont difficiles tant la torture l'est aussi. Elle est par exemple régulièrement scarifiée et en gardera toute sa vie des cicatrices...
Mais un jour, quand même, le vent tourne. Son dernier maître, sans doute le plus terrible, revend ses esclaves et Bakhita est rachetée par le consul d'Italie, au Soudan. Finies les châtiments, la jeune fille de 14 ans devient plus domestique qu'esclave. Elle découvre, sans oser y croire vraiment, la sérénité, la liberté, ... Le consul doit bientôt fuir le Soudan à cause d'émeutes, et retourne en Italie. Il accepte d'emmener Bakhita avec elle. Là, elle change encore une fois de famille mais à chaque changement, elle est toujours mieux traitée, comme une Femme et non plus comme une Esclave.
Le tourbillon de la vie l'envoie dans un couvent où elle décide de rester, d'apprendre le catéchisme, de se convertir au catholicisme et de prononcer ses vœux. A 20 ans, elle est affranchie, Libre et choisit donc la famille de Dieu pour exister, enfin. Elle consacre sa vie aux autres, et restera toujours la Noire de Schio, la Madre Moretta, en Italie, mais finira par être heureuse, aimée et respectée.
Le destin de Bakhita est fabuleux, magnifique. Cette jeune esclave, qui avait tout perdu, jusqu'à ses racines, sa langue, sa famille, son prénom, renaît, non sans mal, de ses cendres. Elle affronte la vie à bras le corps et ressort toujours plus forte de ses épreuves. Elle n'oubliera jamais ses années d'esclavage et de souffrances, elle sera toujours frustrée d'avoir oublié ses racines. Mais elle est parvenue, malgré tout, à recouvrer sa liberté de femme.
Merci Véronique Olmi d'avoir remis en lumière l'histoire, la storia meravigliosa de Bakhita.
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?