vendredi 1 février 2019

Le tombeau d'Apollinaire








Le tombeau d'Apollinaire,

Xavier-Marie Bonnot,
Ed. Belfond-Pointillés, 2018


Mot de l'éditeur :

" Que la guerre est belle ! Mensonges, tout ça. "
Dans les tranchées de la Grande Guerre, le sergent Philippe Moreau dessine les horreurs qu'il ne peut dire. Son chef, le sous-lieutenant Guillaume de Kostrowitzky, écrit des articles, des lettres et des poèmes qu'il signe du nom de Guillaume Apollinaire. La guerre, comme une muse tragique, fascine l'auteur d'
Alcools. Pour Philippe Moreau, jeune paysan de Champagne, elle est une abomination qui a détruit à jamais son village.
Blessés le même jour de mars 1916, les deux soldats sont évacués à l'arrière et se perdent de vue. Philippe Moreau va tout faire pour retrouver son lieutenant. Une quête qui l'entraîne jusqu'à Saint-Germain-des-Prés et Montparnasse, où il croise Cendrars, Picasso, Cocteau, Modigliani, Braque...

Guillaume Apollinaire est mort il y a tout juste cent ans. À travers le regard attendri et critique d'un sacrifié de la Grande Guerre, Xavier-Marie Bonnot raconte avec puissance les dernières années de la vie de l'auteur du Pont Mirabeau.



 Dealer : SP Belfond, merci ! ♥


Ma Lecture :

Le tombeau d'Apollinaire... Apollinaire, Guillaume Apollinaire serait donc mort ? Comment est-ce possible, alors que j'entends encore la poésie de ses vers ?
En fait je crois que je n'ai plutôt jamais imaginé que Guillaume Apollinaire ait pu être, un jour, un homme vivant, séduisant, plaisantant, ... Il n'a toujours été pour moi que ce poète au sourire et à la moustache figés, venant d'une autre temps, mais qui nous a laissé les plus beaux poèmes de la littérature française.
Découvert alors que je passais mon bac, le poète, avec son Pont Mirabeau, ses Colchiques ou ses Poèmes à Lou s'est trouvé une jolie place dans mon cœur. Une place de choix. Celle de l'amour des mots et de la musicalité du texte. Je suis une inconditionnelle de Guillaume Apollinaire. Pourtant, il n'a toujours été que ce visage figé offrant les plus beaux vers. Quel délice de lire à haute voix ses alexandrins !
Guillaume Apollinaire est mort en 1918, deux jours avant l'Armistice. Il a survécu de sa blessure de guerre, mais n'a rien pu faire contre la grippe espagnole. Qui était le soldat Apollinaire ? Enfin, devrais-je dire le Lieutenant Kostrowitzky...

Xavier-Marie Bonnot offre une vie à Guillaume Apollinaire en l'envoyant au front, au cœur d'un roman, Le tombeau d'Apollinaire.  Le poète, l'homme de lettres devient alors un personnage de roman, tout bonnement. Un personnage parmi d'autre. La fiction lui donne alors de belles allures de réalité...
Le narrateur, Philippe Moreau, jeune paysan de Champagne, est envoyé au front. Il ne va pas bien loin de chez lui puisqu'il est assigné à Tahure. Il quitte son adolescence pour affronter le monde adulte et la guerre. Que fait-il là ? Pourquoi se bat-il ? Il s'interroge sur le monde et son avenir. Ses copains meurent sous ses yeux. Reviendra-t-il chez lui ? Un chez-lui existe-t-il encore dans cette région dévastée par les obus ? Alors pour oublier et se souvenir, il dessine. Il dessine la vie nonchalante des tranchées. Il dessine le départ des soldats guillerets. Il dessine l'horreur de la guerre.

Un jour, un nouveau lieutenant, frais et pimpant arrive. Le Lieutenant Kostrowitzky. il s'intéresse aux dessins du jeune Philippe, le prend sous son aile et lui montre sa poésie, qu'il signe sous le nom d'Apollinaire. Il a déjà publié Alcools en 1913 et côtoie, à Paris, les plus grands artistes de l'époque : Cocteau, Picasso, Picabia, Péguy, Léger, Cendrars, Modigliani, ... Il apporte littéralement (et littérairement) de la poésie dans la guerre, des couleurs dans l'horreur.
En 1916, Philippe et Apollinaire sont blessés à la tête. La guerre est terminée pour eux et la démobilisation s'offre à eux. A Paris, une fois guéris, le poète prend de nouveau Philippe sous sons aile et le présente à sa cour d'artistes. La force de ses dessins le font entrer dans cette gente très prisée. Le jeune paysan de Champagne se fait rapidement un nom à Paris et commence une nouvelle vie, loin de l'horreur des tranchées...

J'ai trouvé fantastique de croiser, sous les yeux du narrateur, Guillaume Apollinaire. Moi qui n'avait qu'une image figée du poète, j'ai pu le voir vivre. C'est jubilatoire ! Pendant la lecture du Tombeau d'Apollinaire, j'ai ainsi pu passer quelques instants avec lui. Des instants presque privilégiés.
Xavier-Marie Bonnot ne s'arrête pas là, dans son hommage à Apollinaire. Il a glissé, dans son roman, quelques poèmes et quelques alexandrins du poète. Des vers dans la guerre.
Mais surtout, Xavier-Marie Bonnot a soigné son écriture en lui offrant poésie et musicalité. C'était déjà un délice d'avoir pu relire à haute voix les quelques strophes empruntés à Apollinaire, mais l'écriture-même de l'auteur brillait de poésie. J'ai pris mon temps pour lire ce roman, comme on déguste un bonbon. Je ne voulais pas arriver à la fin pour ne pas perdre cette magie. Un bonbon, je vous dit, c'est la réflexion que je me suis souvent faite pendant ma lecture.

Merci Xavier-Marie Bonnot d'avoir permis à Guillaume Apollinaire de sortir de ses recueils et de lui avoir offert ce rôle de personnage.
Le tombeau d'Apollinaire est une vraie pépite ! Ce roman, magistral, vraiment, n'est pas qu'un roman sur les tranchées : c'est un roman sur la création artistique et sur la vie ! C'est un roman qu'on a envie de lire à haute voix pour la beauté du texte. Un hommage pur à Guillaume Apollinaire, à la poésie, à la vie !





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