L'appel,
Galandon & Mermoux,Ed. Glénat, 2016
Mot de l'éditeur :
Pour Cécile, mère célibataire, ce devait être un matin comme les autres. Sauf que Benoît, son fils, n'est pas là. À sa place, un message vidéo dans lequel il annonce être parti faire le Djihad en Syrie auprès de ses « frères » de l'État Islamique. Il lui dit qu'il est heureux, qu'elle n'a pas à s'inquiéter. Il promet de l'appeler... Cécile est sous le choc, elle n'a rien vu venir. Elle a besoin de comprendre : comment son fils, qui n'était même pas croyant, a-t-il pu se radicaliser aussi vite ? Qui sont les responsables ? Et pourquoi ne s'est-elle rendue compte de rien ? Interrogeant ses amis, ses connaissances, elle part en quête du moindre indice. Mais le soir, seule, chez elle, ne reste que le silence de l'attente. Les yeux rivés sur son téléphone, elle attend son appel. Celui qui lui redonnera peut-être espoir.Fiction d'un réalisme social saisissant, L'Appel est à la fois un roman graphique sur la radicalisation des jeunes, et un récit sur l'incompréhension : celle d'une mère face aux choix de son fils, qui fait écho à celle de notre société face à ce phénomène qui la frappe en son cœur.Dealer : Bibliothèque de Saint-Pol-de-Léon
Ma lecture :
J'ai pris cette BD au hasard. Heum, non, pas au hasard. L'appel m'a fait penser au 18 Juin, à la Seconde Guerre Mondiale, ... Les illustrations de couverture et le petit résumé ont rectifié mon impression. On ne parle pas d'appel à la Résistance des années 40, mais l'appel au Djihad. Pas tout à fait la même chose, n'est-ce pas ?Galandon et Mermoux nous présentent le personnage de Benoît, jeune bachelier qui, du jour au lendemain, quitte le domicile familial pour la Syrie. Benoît n'est ni musulman, ni arabe, encore moins islamiste. Pourquoi est-il parti ? Sa mère, qui l'élève seule depuis la mort de son père, est désemparée. Elle contacte ses amis et proches pour tenter de découvrir ce qu'il s'est passé dans la tête de son fils. Elle n'a pas su voir ce changement, sa radicalisation, elle se croyait bien à l'abri, avait quitté la cité pour lui offrir une vie en pavillon. Elle n'a pas vu ce jeune homme perdu qui a trouvé un réconfort virtuel dans le djihadisme. Pourtant, Benoît est bel et bien parti pour prendre les armes dans un pays qui lui est totalement inconnu.
La BD retrace la quête de sa mère pour comprendre les motivations de son fils à devenir à djihadiste.
J'ai trouvé cette BD vraiment bien fichue : dessins en noir et blanc ou sépia, expressifs, à la limite du manga. Le texte accompagne bien le dessin, juste et sobre, chaque personnage apporte un jugement, parfois infondé, mais tous ces jugements permettent au lecteur de se faire sa propre opinion. Cette BD fait réfléchir sur notre société, sur la radicalisation, sur l'embrigadement encore possible des jeunes dans des combats qui ne sont pas les leurs...
Je ne sais pas si une suite est prévue, mais la fin en appelle un en tout cas.
J'ai éprouvé un réel coup de cœur pour cette BD effarante qui amène à réfléchir, je l'ai déjà dit, et où la réalité dépasse la fiction. Benoît pourrait être votre fils, votre frère, votre cousin, votre voisin.
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?