S'enfuir :
Récit d'un otage
Guy Delisle,Ed. Dargaud, 2016
Mot de l'éditeur :
En 1997, alors qu'il est responsable d'une ONG médicale dans le Caucase, Christophe André a vu sa vie basculer du jour au lendemain après avoir été enlevé en pleine nuit et emmené, cagoule sur la tête, vers une destination inconnue. Guy Delisle l'a rencontré des années plus tard et a recueilli le récit de sa captivité – un enfer qui a duré 111 jours. Que peut-il se passer dans la tête d'un otage lorsque tout espoir de libération semble évanoui ? Un ouvrage déchirant, par l'auteur de "Pyongyang", de "Shenzhen", de "Chroniques birmanes" et de "Chroniques de Jérusalem".Dealer : Bibliothèque de Saint-Pol-de-Léon
Ma lecture :
J'ai choisi cette BD à la bibliothèque pour changer des sentiers battus : un pavé de 432 pages sur le récit d'un otage français en Tchétchénie. Responsable d'une ONG, lors de sa première mission, Christophe André se fait enlever par des Tchétchènes. Le dessinateur et auteur de BD Guy Delisle décide, quelques années plus tard de raconter son histoire. S'enfuir : Récit d'un otage prend alors forme.Une nuit donc, Christophe est kidnappé par des ravisseurs dont il n'a aucune idée des motivations. Veulent-ils le contenu du coffre-fort dont il a la clé ? Apparemment non puis qu'ils ne cherchent rien à part lui. Pourquoi lui ? Quelle rançon peut-il valoir ?
Toujours est-il qu'il est enfermé dans une chambre d'une maison, chambre vide, ne contenant qu'un matelas au sol, et un radiateur auquel son poignet est attaché nuit et jour. Seuls moments de répits : lorsqu'un des ravisseurs vient lui donner son repas trois fois par jour ou l'emmène aux sanitaires. Parfois même, il a le droit à un verre de Vodka ou à une cigarette. Le temps s'égrène malgré tout lentement, très lentement. La BD montre bien cette idée de chronologie mécanique, routinière et lente, terriblement lente, rythmée par les clics et les clacs des menottes que l'on ouvre ou referme. Le rendu est génial car malgré cette atmosphère lente, on ne s'ennuie pas, on est enfermé avec Christophe, et avec lui, on espère une libération, un brèche, une faille dans sa séquestration. Peu d'action, donc, mais beaucoup d'espoir, une tension forte, de l'imagination pour sortir de cette chambre sordide. Beaucoup de réflexions : comment se comporter avec les ravisseurs, qu'ils apportent leur foutu bouillon ou cette cigarette bienveillante ? Christophe reste fort et parvient à compter les jours et à, toujours, se situer dans le calendrier.
Le rythme répétitif est essentiel dans ce roman graphique, le rythme sonore également, les clics, les clacs, les vlams sont importants pour Christophe car ils martèlent le temps qui passe. Guy Delisle a réussit à recréer cette ambiance étouffante de la séquestration avec ces procédés ultra simples mais ultra efficaces, sans chichis, sans trémolos dans le texte.
S'enfuir : récit d'un otage, dernier coup de cœur de l'année ? Gros coup de cœur en tout cas !
Christophe André et Guy Delisle
Avis des lecteurs:
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