vendredi 28 juillet 2017

Horrorstör

Horrorstör,
Grady Hendrix,
Ed. Milan et demi, 2015


Mot de l'éditeur :
Il se passe quelque chose d étrange au magasin de meubles d'Orsk à Cleveland, en Ohio. Ces derniers temps, les employés découvrent, en arrivant le matin, des étagères Kjërring démontées, des piles de gobelets Glans renversées, des armoires Liripip fracassées...
Les ventes sont en berne, les responsables de rayon en panique : les caméras de surveillance ne montrent rien d'anormal.
Pour lever le mystère, une équipe de trois employés se retrouve engagée pour rester sur place toute une nuit. Au coeur de l'obscurité, ils arpentent les allées du showroom désert, courent après d'inquiétants bruits et finiront pas se confronter aux pires horreurs...
Une histoire de maison hantée qui prend place dans un décor contemporain : "Horrorstör" a pour trame de fond une critique cinglante de la société de consommation. Ces grands espaces de vente, qui mettent en scène un prétendu bonheur, se retrouvent comparés à une prison labyrinthique où un mode de pensée unique est imposé aux pénitents par la torture. 



Dealer : Bibliothèque de Sibiril
 

Ma lecture :

Qui n'a jamais rêvé de se laisser enfermer une nuit dans un grand magasin ? Oui, oui, imaginez-vous une nuit entière à Ikea...Rêve au cauchemar, finalement ?

Grady Hendrix nous présente l'univers dictatorial et caricatural d'Orsk, copie fictive de l'enseigne bleue et jaune d'Ikea. Mêmes allées suivant un plan machiavélique où le simple visiteur se trouve atteint de fièvre acheteuse extrêmement contagieuse, mêmes noms de meubles aux sonorités scandinaves, mêmes outils magiques propres à la visserie de l'enseigne, ... Comme dans beaucoup de grands magasins, la politique dictatoriale des employés est savamment bien rodée : chaque échelon a son rôle, chaque échelon doit viser le niveau supérieur. L'employé d'Orsk doit penser Orsk, se meuble Orsk, manger Orsk, respirer Orsk.
Mais, mais, ce livre n'est pas une simple critique de la suprématie des grandes enseignes ou de la consommation de masse, c'est aussi un livre d'horreur. Le titre Horrorstör aiguille un peu sur le thème, non ? La nuit, le paradis du meuble en kit se transforme en enfer. Morts-vivants, portes dérobées et couloirs interchangeables règnent en maîtres. Une nuit, Basil le directeur et quatre de ses employés, Amy, Ruth-Ann, Matt et Trinity, jouent malgré eux, les Ghost Busters. Ils pensaient traquer des intrus, ils ne s'attendaient pas à des morts-vivants ! Jusqu'où iront ces employés pour sauver le magasin, leurs collègues, et surtout, leur peau ? A leurs risques et périls, les voici embarqués pour une nuit d'horreur !

Les romans d'horreur, ou fantastiques, ne sont pas du tout ma tasse de thé. Mais celui-là ne m'a pas déplu. J'ai aimé cette nuit où les employés sont enfermés dans ce magasin qui s'anime monstrueusement passé minuit. J'ai apprécié cette façon astucieuse et détournée de critiquer ces grandes chaînes, américaines, françaises ou suédoises, qui formatent sans scrupules les employés et qui se jouent, sans plus de scrupules, de leurs clients en leur proposant des plans marketing implacables.
Quant à la couverture ! Mon mari et mon fils se demandaient pourquoi je lisais avidement ce catalogue Ikea. Effectivement, au recto, une belle couverture copiant les catalogues Ikea, au verso, une couverture à la Ikea Horror Show.

Bref, Horrostör n'est pas un roman de grande littérature mais, là où il tire son épingle du jeu est dans l'originalité du concept. Ce n'est pas un roman d'horreur sans fond mais une véritable satire sociale, ou plutôt commerciale ou marketing, de notre monde capitaliste.
Je le conseille donc pour le concept, mais j'en ferai pas un coup de coeur.


Avis des lecteurs:

Et vous, qu'en pensez-vous ?

Suivantes Précédentes Accueil