mercredi 19 août 2020

La commode aux tiroirs de couleurs

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La commode aux tiroirs de couleurs,

Olivia Ruiz,
Ed. JC Lattès, 2020


Mot de l'éditeur :

À la mort de sa grand-mère, une jeune femme hérite de l’intrigante commode qui a nourri tous ses fantasmes de petite fille. Le temps d’une nuit, elle va ouvrir ses dix tiroirs et dérouler le fil de la vie de Rita, son Abuela, dévoilant les secrets qui ont scellé le destin de quatre générations de femmes indomptables, entre Espagne et France, de la dictature franquiste à nos jours.

 

Ma lecture : 

Je connais Olivia Ruiz depuis ses débuts dans la chanson il y a une vingtaine d'années, mais je l'avais un peu oubliée. J'étais curieuse de découvrir son roman et l'interview que j'avais entendu d'elle à ce propos avait, de plus belle, éveillé ma curiosité. La commode aux tiroirs de couleurs aborde l'exil des réfugiés espagnols des années 30...


Olivia Ruiz, à qui on n'a jamais raconté ce passé familial douloureux imagine la vie de sa grand-mère Rita, arrivée en France avec ses sœurs à l'âge de dix ans. Elles sont venues seules toutes les trois d'Espagne, le franquisme ayant eu raison de leurs parents.. Elles débarquent donc dans un pays étranger par la langue, la culture et, disons-le, réticent à l'accueil de cette masse d'exilés. Les sœurs passent par le point incontournable des camps de réfugiés du sud de la France, comme Argelès ou Rivesaltes. Les conditions d'accueil sont aussi intolérables qu'insoutenables, mais au moins, se disent-elles, elles sont en France et elles ont la chance d'attendre un oncle installée à Narbonne qui pourra les faire transférer. Lorsqu'il arrive, il les laisse finalement vite à leur sort et vivent chez une logeuse en échange de maigres travaux de couture. Elles découvrent la France et un second souffle dans la rue et à l'école. Les Français ne sont pas toujours tendre avec ces exilés, toujours trop nombreux, mais les trois sœurs ont une force de caractère incroyable. Malgré tout, l'amitié et l'amour frappent bientôt à leur porte...

Tout cela, Olivia Ruiz l'a imaginé, en recoupant de maigres informations familiales et historiques. Cette commode aux tiroirs de couleurs est le temple des souvenirs familiaux. Une clé oubliée, une médaille, un foulard, chaque tiroir contient une trace de la vie de Rita, la grand-mère, l'abuela d'Olivia. A sa mort, en plein deuil, la jeune femme ouvre chaque tiroir et son esprit s'emballe à chaque objet oublié. Elle veut s'imprégner de l'histoire familiale toujours tue, comme une épine au pied. Ce sont malgré tout ses racines, même si le terreau était et reste douloureux, de la déchirure de l'exil, de la séparation et du déracinement.

La commode aux tiroirs de couleurs n'est pas un roman écrit par une chanteuse opportuniste en mal de ventes. Non, c'est un roman débordant de sincérité et d'amour. Olivia Ruiz rend hommage à son abuela adorée bien sûr, mais aussi à tous ces réfugiés espagnols arrivés en France à la fin des années 30, fuyant le franquisme pour une vie meilleure. Ils y ont, malheureusement, retrouvé une hostilité vis-à-vis d'eux,  puis la guerre, encore, quelques années plus tard.
L'écriture d'Olivia Ruiz est aussi lumineuse que sa voix et son accent chantants. Le langage qu'elle utilise est cru et coloré, plein de vie, de larmes et de rires.

Un coup de cœur, évidemment !
Olivia Ruiz aborde cette histoire familiale douloureuse avec tendresse, douceur, et quelques notes d'humour pour chasser la douleur et ne garder que la lumière : l'éclat d'une famille riche de ses origines espagnoles.


Anecdote de lecture :

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J'ai lu La commode aux tiroirs de couleurs alors que je passais Narbonne pour goûter la Méditerranée, et le hasard des routes m'a fait passer par Rivesaltes où j'ai fait une petite escale pour visiter le camp destiné à accueillir les "indésirables" des années 30 à 2000, qu'ils soient Espagnols, Juifs, Harkis ou autres Syriens. Ce camp à la base militaire a, par périodes, accueilli des civils, hommes, femmes et enfants dans des conditions, on s'en doute bien, pas franchement idéales. Le Camp de Rivesaltes est resté en l'état après le départ de ses derniers occupants, nous ne verrons aucune trace des réfugiés espagnols, par exemple, les baraques ayant été remplacées au fil des "indésirables". Le Mémorial, sous le camp, rend hommage à tous ces déracinés de l'Histoire.
Bref, voici comment une lecture peut résonner plus qu'une autre...


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