mercredi 26 août 2020

Tout le bleu du ciel

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Tout le bleu du ciel,

Mélissa Da Costa,
Ed. Carnets Nord, 2019

Mot de l'éditeur :

Petitesannonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple.
Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence.
Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.



Dealer :
Offert par une amie avant le roadtrip estival ;) Merci !


Ma lecture :

Ce livre me faisait de l’œil depuis sa sortie l'année dernière à cause de sa jolie couverture agrémentée d'un combi. Il n'en fallait pas plus pour attiser ma curiosité ! Mais le résumé m'attirait moins, il me semblait collant de guimauve.
Bref, l'amie qui me l'a offert a eu une bonne idée qui m'a permis de sauter le pas !

Tout le bleu du ciel est l'histoire d'un roadtrip. Un roadtrip particulier car ce sont deux jeunes inconnus qui embarquent dans ce camping-car (menteuse couverture !) et qui vont apprendre à se découvrir. Un roadtrip particulier car ce sera le dernier pour Emile, atteint d'Alzheimer précoce. Il a décidé que la maladie le rongerait, l'atténuerait et le tuerait loin de ses proches. Un roadtrip particulier pour Joanne qui fuit sa vie d'avant, vie qu'elle ne supporte plus.

Lorsqu'Emile passe sa petite annonce pour se chercher le compagnon de cet ultime voyage, il ne sait pas à quoi s'attendre. Qui serait bien assez fou pour s'embarquer là-dedans ? Joanne. Joanne qui rêve de fuite et qui trouve cette petite annonce au bon moment, au moment où elle était prête. Les voilà donc sur un parking d'autoroute, lui au volant du camping-car, elle sous son chapeau noir à l'attendre. Ils ne se connaissent pas, mais ils sont conscients qu'Emile finira sa vie avec elle. C'est même le deal du voyage. Pour le moment il a l'esprit clair, il a eu quelques brèves pertes de mémoire qui ont permis de diagnostiquer sa maladie, mais en apparence, tout va bien. Les médecins ne lui donnent pourtant pas deux ans... Alors il veut profiter de ce qui lui reste et arpenter les paysages magnifiques des Pyrénées. Ces montagnes seront sa dernière demeure.
Joanne, quant à elle... Argh, je veux pas trop en dire, car on la découvre au fur et à mesure. Elle parle peu, s'isole souvent pour méditer. Ces deux-là doivent s'apprivoiser. Y parviendront-ils ?

Au début du roman, j'ai, je l'avoue, un peu tiqué. Je ne suis pas puriste, mais j'ai un combi Volkswagen, alors la couverture me parlait. Mais dans les termes utilisés dans le roman, il n'était pas question de combi, ni même à proprement parler de camping-car, mais plutôt d'un fourgon aménagé à toit relevable. Je sais, je chipote pour des broutilles, mais cela m'a un peu enquiquiné. Je m'attendais à un roadtrip en vrai combi ;) Mais passons, cela n'a pas grande importance, finalement.
L'important est le voyage, qui lui, est très bien raconté. On s'y croirait, dans les Pyrénées, garés face à un paysage magnifique, prêts à sortir les tables de camping et l'apéro avec eux. L'esprit de liberté est dépeint avec une belle sensibilité. Mais peut-être libre quand on est condamné ?

J'ai parfois trouvé le roman long (800 pages quand même), il y a beaucoup de détails de leur vie quotidienne dans leur camping-car ou dans les chantiers solidaires qu'ils rejoignent. Mais c'est cela qui permet de s'attacher aux personnages, surtout Joanne qui se livre tout doucement. Emile, au fil des chapitres, décline peu à peu. Mélissa Da Costa a bien su traiter l'évolution de sa maladie. Sans mots superflus, mais en continuant de dépeindre le quotidien. Au début du roman, Emile est maître de son voyage, mais à la fin, il perd la main... Et c'est donc cet attachement qui permet l’apothéose des dernières pages et de devoir sortir les mouchoirs. Inévitablement. Car bien sûr, Emile meurt à la fin du roman, c'était le but même de son voyage.

Finalement, Tout le bleu du ciel fait-il partie de mes coups de cœur de l'été ?
Oui !
Oui car j'aime qu'un roman contredise mes aprioris. Je n'ai pas senti de guimauve, pas du tout. Même si le roman était long et le sujet délicat, Mélissa Da Costa n'a jamais sombré dans la mièvrerie. Et puis il faut lire cette histoire comme une fable, une leçon de vie humaine. Je ne suis pas certaine que le roman puisse se dérouler dans la réalité, mais nous ne sommes pas dans la réalité. Nous sommes dans la fiction où l'auteur pousse ses personnages à fond dans leurs retranchements sans aucune barrière. Et c'est cela qui fait d'Emile et Joanne des personnages forts et lumineux.

Tout le bleu du ciel est un roman parfait pour l'été car il emmène ses lecteurs à voyager, à voir la vie autrement. Les thèmes abordés sont sensibles, on parle d'Alzheimer, de mort, de deuil mais les personnages, dans ce dernier voyage, émerveillés par les paysages, par un coucher de soleil, par la caresse d'un chaton, essaient d'en faire abstraction. Malgré tout, dans cette obscurité, la lumière finit par triompher...
Merci !


Avis des lecteurs:

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