La maison du sommeil,
Jonathan Coe,
Ed. Gallimard, 1998
(The house of sleep)
Mot de l'éditeur :
De bien curieux événements se déroulent à Ashdown, inquiétante demeure
perchée sur une falaise des côtes anglaises. Naguère, c'était une
résidence universitaire, où se sont croisés Sarah la narcoleptique,
Gregory le manipulateur, Veronica la passionnée, Robert l'amoureux
transi, Terry le cinéphile fou. Leurs destins ont divergé, mais les
spectres du passé continuent de hanter Ashdown, devenue une clinique où
le sinistre docteur Dudden se livre à de monstrueuses expériences sur
les troubles du sommeil. Par quelles mystérieuses coïncidences tous les
personnages vont-ils s'y retrouver ? Et quelles transformations vont-ils
y subir ?
Une fresque foisonnante et rigoureuse, où l'illusion
amoureuse va jusqu'à l'extrême limite de sa réalisation, et où la vérité
sort toujours des rêves.
Ma lecture :
Je termine
#lemoisanglais avec ce roman de
Jonathan Coe qui traînait dans mes étagères depuis bientôt dix ans. Il était temps, n'est-ce pas ?
En ouvrant La maison du sommeil, l'auteur, facétieux, prévient : les chapitres impairs se déroulent en 1984, les pairs en 1994. Ce message m'a déroutée, mais à la lecture, tout est fluide, je vous l'assure !
Bref, nous voilà à Ashdown qui, dans les années 80 était une résidence universitaire où Gregory, Sarah, Veronica, Robert et Terry se croisent et s'entrecroisent. Dans les années 90, chacun a fait sa vie et la résidence est devenue la clinique du Dr Duden, spécialiste du sommeil. Ici, on observe et soigne narcolepsies, insomnies et autres somniloquies. Quel est le rapport avec nos étudiants ? Chuuut, je ne voudrais pas gâcher votre lecture...
Je peux seulement vous dire que j'ai aimé cette mince frontière entre réalité et rêveries, et que dans ce brouillard de songes, dans ces nébuleuses, j'ai retrouvé l'ambiance des romans de Modiano. Je ne sais même plus si j'ai lu ce roman, ou si j'ai rêvé l'avoir lu. Attendez... ne dormirai-je pas, en fait ? Vous rigolez, mais voilà l'ambiance du roman : où se trouve la réalité ? Entre imagination, attente, déformation par le langage, rêveries, ...
Pour être honnête, je ressors contente et réveillée de ma lecture, avec ce sentiment d'avoir lu un grand roman. Un grand roman qui se mérite cependant car son approche est difficile, au début. Peur à peu tout se lie, tout se délie. Notez aussi que l'écriture est simple et belle, d'une élégance d'outre-manche. L'humour anglais, fin et subtil, détend cette atmosphère particulière. Et le schéma narratif ! On passe d'une époque à l'autre au cours de la même phrase, les transitions sont formidables.
Les personnages, enfin, sont attachants : on ne se lasse d'aucun d'eux et on a envie de voir jusqu'où ils iront dans leurs travers, de manière consciente, ou inconsciente.
Bref, La maison du sommeil est un roman vraiment original. Il peut paraître absurde au départ, mais la force des personnages grandit de chapitres en chapitres en même temps que l'intérêt du lecteur. Le sommeil est bien sûr en trame de fond, mais Jonathan Coe pose un regard nouveau et bienveillant sur notre société. Ce que j'ai préféré, c'est cette mince frontière entre rêve et réalité. N'avez-vous jamais rêvé des scènes vraiment réalistes ? Ou au contraire, pensé avoir dit des choses sans qu'elles ne dépassent finalement jamais votre esprit ? Je crois en la force des rêves, alors ce roman m'a troublée...
Et vous ?
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