jeudi 27 février 2025

Les mémoires de la Shoah

Les mémoires de la Shoah,

Annick Cojean,
Baudouin & Rojzman,
Ed. Aire Libre/Dupuis, 2024


Mot de l'éditeur :

1942, descente des nazis dans le ghetto de Kovno, en Pologne : son nouveau-né dans les bras, une jeune femme regarde autour d'elle, hagarde. Bessie K : « Je tenais le bébé, et j'ai pris mon manteau, et j'ai emballé le bébé, je l'ai mis sur mon côté gauche car je voyais les Allemands dire "gauche" ou "droite", et je suis passée au travers avec le bébé. Mais le bébé manquait d'air et a commencé à s'étouffer et à pleurer. Alors l'Allemand m'a rappelée, il a dit : "Qu'est-ce que vous avez là ?" Je ne savais pas quoi faire parce que cela allait vite et tout était arrivé si soudainement. Je n'y étais pas préparée (...) Il a tendu son bras pour que je lui tende le paquet ; et je lui ai tendu le paquet. Et c'est la dernière fois que j'ai eu le paquet. »

C'est l'un des nombreux témoignages de survivants des camps de la mort recueillis par Annick Cojean, grand reporter au Monde depuis plus de quarante ans. Elle reçoit en 1996 le prix Albert Londres pour Les Mémoires de la Shoah. Ces textes magnifiques prennent une nouvelle dimension aujourd'hui avec cette adaptation en bande dessinée de Théa Rojzman et Tamia Baudoin.Une adaptation sensible des textes d'Annick Cojean en partenariat exclusif avec le Prix Albert Londres et le Mémorial de la Shoah.


Dealer : Livres in room, Saint-Pol-de-Léon


Ma lecture : 

J'ai entendu parler de cette bande dessinée en janvier dernier, lors d'une Grande Librairie consacrée à la Shoah. Elle commémorait les 80 ans de la libération des camps. Bande dessinée, que dis-je, reportage graphique, puisqu'elle reprend la série de reportages qu'Annick Cojean a réalisée pour le journal Le Monde en 1994/95 à l'occasion du cinquantenaire de la libération des camps. La journaliste bretonne avait alors obtenu le prix Albert Londres. 

mercredi 26 février 2025

Les Enfants cachés de l'Île aux Moines

Les Enfants cachés de l'Île aux Moines,

Un secret enfoui sous l'Occupation,
Julie Schittly,
Ed. Presses de la cité, 2024


Mot de l'éditeur :

L'histoire vraie de cinq enfants juifs cachés sur l'île aux Moines qui, en 1940, fut le théâtre de la fraternité et de l'humanité. Sur la trace d'une mémoire cachée, une enquête sur les lieux avec des témoins de l'époque.
Ils s'appelaient Irène, Ilona, Georges, Daniel, Robert.
Cinq enfants juifs accueillis, à partir de 1940, " au meilleur des endroits ", qui ont eu la vie sauve grâce aux habitants de l'île aux Moines. Un secret resté enfoui depuis, dans la perle du golfe du Morbihan.
Au décès d'Irène, fin 2022, la plupart des Îlois découvrent le récit de ces sauvetages courageux et la rafle de 1943. Pour Julie Schittly, il était impensable que l'on ignore ou que l'on oublie que l'île aux Moines fut un refuge et un havre de fraternité pour des familles traquées.
Mais qu'il y eut là, aussi, des destins inachevés...
Bouleversante et mémorielle, une enquête inédite pour l'Histoire, sur les lieux, avec des témoins de l'époque.


Dealer : Espace Culturel Leclerc, Vannes


Ma lecture : 

Il y a deux semaines, je me suis offert une virée à l'île aux moines, et, vous commencez à me connaître, j'ai eu envie d'une lecture souvenir. Cette enquête, Les Enfants cachés de l'Île aux Moines, j'avais failli l'acheter au Mémorial de la Shoah, où il a évidemment sa place.  

mardi 25 février 2025

L'âge fragile

L'âge fragile,

Donatella Di Pietrantonio,
Ed. Albin Michel, 2025


Mot de l'éditeur :

Lucia, la narratrice, a toujours vécu dans le même village des Abruzzes, en Italie.
En pleine période de pandémie de Covid-19, sa fille Amanda, venue de Milan, passe tout son temps enfermée dans sa chambre. Outre la détresse de son enfant, Lucia doit faire face au crime dont elle a été témoin trente ans plus tôt et dont elle n'a jamais parlé.

Prix Strega 2024, prix Strega Giovani 2024.


Dealer : Librairie Gwalarn, Lannion


Ma lecture :

Mon mari m'a choisi ce roman, au hasard des étals d'une librairie bretonne. Lisant, malgré moi, peu de littérature étrangère, il avait peu de chance de faire fausse route.

Direction l'Italie, au cœur des montagnes et des forêts des Abruzzes. 
En plein Covid-19, Amanda revient chez sa mère, Lucia. La pandémie a fermé les universités et la jeune fille s'enferme dans sa chambre, dans un silence assourdissant. Mère et fille ne se comprennent pas, amputées de dialogue.
C'est dans cette pandémie que le père de Lucia lui fait don d'une terre abandonnée depuis trente ans, le camping familial. Trente ans... Elle repense alors à ce dernier été, là où le drame s'est produit. Tous les journaux en ont parlé : les Abruzzes ont été témoins d'une tragédie. Deux jeunes filles, en vacances au camping, ont été violées et tuées. L'amie de Lucia, Doralice, en a réchappé mais est revenue tout autre. Cet épisode aura mis fin à l'insouciance des étés, de l'adolescence et de l'amitié. La terre, si chère à Lucia, est-elle encore gorgée de ce sang ? Que va-t-elle faire de cette terre tachée dont elle hérite ?

Entre présent et passé, entre résiliences et non-dits, la nature a encore des secrets à murmurer. Elle est d'ailleurs très présente dans le roman. J'ai retenu une phrase qui, je pense, résonnera longtemps en moi : "La nature repousse sur les tragédies et les désastres."

L'autrice explore également les liens familiaux, si fragiles à tout âge. Lucia est restée sur les terres de son enfance pour ne pas abandonner son père vieillissant alors que sa fille s'est envolée pour Milan, loin d'elle et de sa protection.
L'écriture est belle, à demi-mots, se déroulant autour des souvenirs et d'une nature indomptable, sur l'oubli et l'inaltérabilité. 

Un roman fort qui a reçu les équivalents des Prix Goncourt et Goncourt des lycéens italiens.

vendredi 21 février 2025

L'été de la Libération

L'été de la Libération,

Jenny Lecoat,
Ed. Mercure de France, 2025


Mot de l'éditeur :

À la Libération, les Allemands quittent Jersey : la jeune Jean Parris peut alors rêver d’une vie meilleure. Après des mois de privations, vivant avec une mère fragile, elle attend avec impatience le bateau qui doit ramener sur l’île les prisonniers exilés. Mais le père qu’elle aimait tant n’en descend pas.

Dénoncé aux nazis pour possession illégale d’une radio sur laquelle il écoutait la BBC, il est mort dans une prison française il y a des mois. Sa famille veut à tout prix que justice se fasse. S’engage alors une chasse aux sorcières. Jean doit-elle se méfier d’Hazel, l’institutrice socialiste qui vit au-dessus de la quincaillerie de son père et avec qui il se disputait souvent ? Contre toute attente, la jeune femme pourrait bien devenir sa seule confidente dans cette île où le climat de suspicion s’est généralisé…

Jenny Lecoat s’inspire de son histoire familiale pour décrire le traumatisme auquel la population de Jersey a dû faire face après la guerre, et en tire un récit haletant.


Dealer : SP Mercure de France


Ma lecture :

J'ai découvert Jenny Lecoat l'année dernière lors d'un escapade à Jersey, j'avais lu La clandestine de Jersey, qui se déroulait pendant la Seconde Guerre mondiale. L'autrice reste dans son secteur de prédilection avec son nouveau roman, L'été de la Libération.  

lundi 17 février 2025

Et je pense à toi tout bas

Et je pense à toi tout bas,

Fany Simon,
Autoédition, 2024


Mot de l'éditeur :

Peut-on tout pardonner à ceux qui nous aiment ?
La raison peut-elle être plus forte que l’amour ?

Saint-Malo, 1995. Lorsque son père l’appelle pour qu’elle le rejoigne au chevet de sa mère hospitalisée, Emma n’imagine pas que sa vie s’apprête à voler en éclats. Alors que ses certitudes s’effondrent les unes après les autres, elle peut compter sur ses amis pour la soutenir. Qu’en sera-t-il de Grégoire, celui qui a brisé son cœur huit ans plus tôt et qui vient de réapparaître ?
Les mois qui suivent apportent des réponses à Emma, mais pas forcément celles qu’elle aurait souhaitées. Laissez-vous porter au rythme des grandes marées, de Cancale à Saint-Malo, des années 60 à 90.


Ma lecture :

J'ai découvert cette autrice bretonne sur les réseaux il y a quelques mois. J'avais hâte de découvrir son roman frappé par les embruns...  

vendredi 7 février 2025

Parmi les fleurs bruissent les secrets

Parmi les fleurs bruissent les secrets,

Adrienne Young,
Ed. Harper Collins, 2024


Mot de l'éditeur :

Une femme risque tout pour mettre fin à la malédiction qui touche sa famille depuis des générations, révéler la vérité derrière la disparition de sa mère et rencontrer l’amour dans ce roman envoûtant, par l’autrice à succès de Fable.

Dans une petite ville cernée par les montagnes en Caroline du Nord aux États-Unis, June Farrow attend que le destin la retrouve. Car les femmes Farrow sont connues pour leur ferme florale mais aussi pour la mystérieuse malédiction qui les frappe l’une après l’autre.

Depuis un an, June voit et entend des choses qui n’existent pas. De légers carillons éoliens, une voix l'appelant par son nom et une porte mystérieuse apparaissant de nulle part : autant de signes qui lui annoncent le début de sa longue déchéance.

Pourtant, après la mort de sa grand-mère, June se risque à toucher la porte qui continue de surgir devant ses yeux ébahis et à en franchir le seuil. De l’autre côté l’attendent un voyage à même de changer à la fois le passé et le futur, la vérité derrière les mystères qui tourmentent sa ville et une histoire d’amour maudite.


Dealer : Livres in room, Saint-Pol-de-Léon


Ma lecture :

Sa couverture, son titre et son magnifique jaspage me faisaient de l'œil depuis sa sortie. Et j'ai été, moi aussi, envoûtée par ces montagnes bleues... 

dimanche 2 février 2025

Le jardin de Georges

Le jardin de Georges,

Guénaëlle Daujon,
Ed. Intervalles, 2024


Mot de l'éditeur :

Un matin de juillet 1897, Georges Delaselle découvre une petite île bretonne en face de Roscoff : l’île de Batz. Artiste amateur, il vient y écrire et y dessiner loin de la capitale où il est né. Il tombe aussitôt amoureux de deux hectares de terre et de sable à l’est de l’île, qu’il décide d’acquérir pour y réaliser son rêve : un jardin exotique, créé à partir de graines venues du monde entier.

Ami des Vilmorin et des impressionnistes, Georges est fasciné par le règne végétal. Année après année, croquis après croquis, il sculpte son paradis. En 1918, on lui diagnostique la tuberculose et il s’installe définitivement sur l’île, à plus de 50 ans. On le croit condamné mais plus le jardin avance, plus la maladie recule, et le désert du bord de mer se met à germer.


Dealer : Bibliothèque de Sibiril


Ma lecture :

J'ai découvert ce roman dans le cadre du prix littéraire de mon réseau de médiathèques, Au creux des mots. Il fait partie, avec La petite bonne, des cinq sélectionnés.

Le jardin de Georges. Ici, on connaît tous le nom Georges Delaselle : un jardin de l'île de Batz porte son nom. Son jardin. Mais lui ? Le connaît-on vraiment ?
Guénaëlle Daujon a décidé de revenir sur l'histoire de la création de cet écrin botanique battu par les vents.

Les bretons ont une forte tendance à être chauvins (en même temps, on a de quoi,  non ? ^^), donc quand on peut lire des romans sur notre patrimoine, on a toujours du plaisir !
Et Guénaëlle Daujon offre une véritable ode au jardin Delaselle.
Georges, assureur parisien, aquarelliste à ses heures perdues, découvre l'île de Batz, cette île au large de Roscoff, dans le Finistère Nord, alors appelée "l'île sans arbre". Lui, l'homme sans attache se sent immédiatement chez lui, au plus profond de lui-même. Il achète un lopin de terre de quelques hectares. Un terre rocheuse, battue par les vents, où rien ne pousse, disent les agriculteurs iliens. L'aquarelliste pose ses pinceaux, mets les mains dans la terre et peint un nouveau paysage. Il déstructure le site, y construit des paliers, creuse, plante, aménage. Trop de vent ? Il plante des cyprès, rempart naturelle contre ce vent. Son jardin, telle une aquarelle, prend forme peu à peu. L'esquisse est prometteuse. Et bientôt éclatent les couleurs. C'est une poésie de la terre qui s'impose.

Georges est dévoué à son jardin. Le jardin est d'ailleurs le personnage principal du roman. Il est totalement personnifié. Il lui a même sauvé la vie : condamné à mort en 1918 par la tuberculose due au mauvais air de Paris, il revit dans les embruns. Le jardin est la famille de Georges, pas étonnant qu'il lui ait laissé son nom. Ce Parisien, qui a eu beaucoup de mal à s'intégrer parmi les îliens, lui l'étranger, est aujourd'hui une figure majeure de l'île. Enfin son jardin. Et son nom. L'œuvre de sa vie, monumentale, perdure 80 ans après sa mort.
Et même la tempête dévastatrice de novembre 2023 n'aura pas eu raison du jardin car chacun y est attaché. Ceux qui mettent les mains dans la terre. Ceux qui coupent les arbres tombés à terre. Et ceux qui misent financièrement pour que la poésie du jardin irradie encore les cœurs.

Le jardin de Georges ? Un coup de cœur inattendu.
Le rendez-vous est pris pour une rencontre avec l'autrice le samedi 19 avril 2025, in situ, entre la bibliothèque de l'île de Batz et ce fabuleux jardin colonial. 


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