mercredi 13 juillet 2022

Lutetia

Lutetia lecture teatime palace Paris Pierre Assouline

Lutetia,

Pierre Assouline,
Ed. Gallimard, 2005


Mot de l'éditeur :

Tapi dans les recoins les plus secrets du Lutetia, un homme voit l'Europe s'enfoncer dans la guerre mondiale. Edouard Kiefer, Alsacien, ancien flic des RG. Détective chargé de la sécurité de l'hôtel et de ses clients. Discret et intouchable, nul ne sait ce qu'il pense. Dans un Paris vaincu, occupé, humilié, aux heures les plus sombres de la collaboration, cet homme est hanté par une question : jusqu'où peut-on aller sans trahir sa conscience? De 1938 à 1945, l'hôtel Lutetia - l'unique palace de la rive gauche - partage le destin de la France. Entre ses murs se succèdent exilés, écrivains et artistes, puis officiers nazis et trafiquants du marché noir, pour laisser place enfin à la cohorte des déportés de retour des camps. En accordant précision biographique et souffle romanesque, Pierre Assouline redonne vie à la légende perdue du grand hôtel, avec un art du clair-obscur qui convient mieux que tout autre au mythique Lutetia.

 

Dealer : D'occasion

 

Ma lecture :

Lors de ma dernière escapade parisienne, je me suis offert le luxe d'un tea-time au Lutetia. J'avais choisi ce palace pour son rapport à l'Histoire puisqu'en 1945, après avoir hébergé les services de renseignements allemands, elle a servi de base d'accueil lors des rapatriements des déportés.

Le roman de Pierre Assouline se compose de trois parties : le monde d'avant, pendant ce temps, et la vie après. Le narrateur, Edouard Kiefer, est le détective de l'hôtel chargé de la sécurité des pensionnaires. Il expose, de l'intérieur, toutes les facettes du Lutetia : le côté palace des années 30 et ses célébrités de l’époque comme James Joyce et Thomas Mann, pour parler des écrivains. Puis la déclaration de guerre et la fuite des locataires, suivie de près par la mise en place de l'Occupation et l'installation de l'Abwehr (service de renseignement de l'état-major allemand) boulevard Raspail. Et enfin en 1945, la réquisition de l’hôtel pour organiser et accueillir le retour des déportés. Certains personnages vont et viennent au gré des parties, avant/pendant/après guerre et j'ai aimé suivre leur parcours dans les drames de l'Histoire. Et le personnage le plus important, le Lutetia lui-même, vibre de cette Histoire et de ces histoires.

C'est exactement le genre de roman que j'avais besoin de lire avant mon passage au Lutetia car l'auteur, avec son narrateur terriblement attachant, nous délivre les secrets et les murmures du palace par des histoires autour des pensionnaires, emblématiques ou anonymes. Je ne connaissais pas Pierre Assouline et j'ai adoré sa plume, à la fois concise et pertinente, mais aussi sensible et poétique.

« Si les murs pouvaient parler …. Ils suintent, murmurent, hurlent parfois mais ne parlent pas. A Lutetia, la musique de fond est faite de chuchotements, ceux de leur colloque ininterrompu depuis un demi-siècle. Car si tout grand hôtel est un lieu hanté, celui-ci l'est plus que d'autres. »
Cet extrait résume vraiment la manière de toucher l'âme du Lutetia. 

❤ Un gros coup de cœur pour ce roman dont j'ai pu prendre le temps de lire quelques pages sur un fauteuil du Lutetia, sous la voûte lumineuse et colorée du salon Saint-Germain.

Avis des lecteurs:

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