La place,
Annie Ernaux,
Ed. Gallimard, 1983
Mot de l'éditeur :
"Enfant, quand je m'efforçais de m'exprimer dans un langage
châtié, j'avais l'impression de me jeter dans le vide.Une de mes
frayeurs imaginaires, avoir un père instituteur qui m'aurait obligée à
bien parler sans arrêt en détachant les mots. On parlait avec toute la
bouche.Puisque la maîtresse me "reprenait", plus tard j'ai voulu
reprendre mon père, lui annoncer que "se parterrer" ou "quart moins
d'onze heures" n'existaient pas. Il est entré dans une violente colère.
Une autre fois : "Comment voulez-vous que je ne me fasse pas reprendre,
si vous parlez mal tout le temps !" Je pleurais. Il était malheureux.
Tout ce qui touche au langage est dans mon souvenir motif de rancœur et
de chicanes douloureuses, bien plus que l'argent."
Dealer : Livres in room, Saint-Pol-de-Léon
Ma lecture :
Mon choix de lecture n'est pas très original : je découvre Annie Ernaux, nouvelle Prix Nobel.
Je me suis beaucoup attachée à l'écriture de ce roman court. Le style est épuré, raboté pour ne garder que l'essentiel. La lecture reste, pour autant, tout à fait fluide.
Le thème de ce roman est l'élévation sociale des enfants par rapport aux parents. En effet, à la mort de son père, cafetier dans un petit village normand, la narratrice, Annie Ernaux, sort de sa bourgeoisie parisienne pour revenir sur les lieux de son enfance et se prend une gifle. Pas la gifle de la condition modeste de ses parents, mais la gifle d'avoir oublié d'où elle venait, maintenant bien installée dans la classe sociale supérieure. Peut-on sortir de son rang ? Quitter sa place ?
J'ai aimé me confronter à cette Prix Nobel, en tant que lectrice, il est normal de s'y frotter :)
Je n'ai pas détesté, je n'ai pas adoré. La rencontre n'a, je crois, pas eu lieu. Nous pourrons nous redonner rendez-vous plus tard...
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?