L'arabe du futur,
Tome 5 : 1992-1994,
Riad Sattouf,
Ed. Allary, 2020
Mot de l'éditeur :
L'Arabe du futur est une série best-seller en six tomes, écrite et dessinée par Riad Sattouf. Sous-titrée "Une jeunesse au Moyen-Orient", elle raconte l'enfance et l'adolescence de l'auteur, fils aîné d'une mère française et d'un père syrien. L'histoire nous mène de la Libye du colonel Kadhafi à la Syrie d'Hafez Al-Assad en passant par la Bretagne, de Rennes au cap Fréhel. Dans ce cinquième tome (1992-1994), Riad Sattouf raconte son adolescence.
Dans ce nouveau tome de L'Arabe du futur , Riad a 14 ans, ses cheveux blonds ont disparu, et il a un physique difficile.
À la fin du tome précédent, son père s'est enfui en Syrie avec son plus
jeune frère, Fadi. Tandis que sa mère utilise tous les recours légaux
pour récupérer son fils, Riad poursuit son exploration de cet âge
pénible qu'est l'adolescence et se réfugie dans le paranormal. Il
devient copain avec les exclus de sa classe, qui lui font lire
Lovecraft, et rencontre Anaïck, la femme de sa vie.
Grâce au
dessin, il arrive à se faire – un peu – respecter. Mais il a du mal à
trouver sa place, partagé entre l'envie d'être comme les autres et sa
mauvaise conscience venue de Syrie, qui se rappelle à lui à travers les
voix de son père et de ses cousins...
Dealer : Bibliothèque de Sibiril
Ma lecture :
C'est maintenant la cinquième année que je suis les aventures de Riad, enfant issu d'une couple mixte, d'une mère bretonne et d'un père syrien. Il a passé son enfance au Moyen-Orient et a donc une culture orientale. Il y a cinq ans, ce couple mixte était heureux, avait des valeurs, des idéaux, ... Il incarnait la mixité réussie. Mais quand le père est revenu en Syrie avec femme et enfants, il s'est de plus en plus refermé dans ses doctrines culturelles et religieuses. Peut-on parler de radicalisation ? Pas encore, mais le cheminement est là.
Au Tome 4, nous quittions la famille Sattouf, de retour en Bretagne, dévastée : le père venait d'enlever le dernier fils de la fratrie pour le ramener en Syrie...
Honnêtement j'avais oublié ce cliffhanger tragique du Tome 4, et retrouver cette mère privée de son enfant était assez effrayant. Elle est très en colère contre son mari, contre la Syrie, contre les ambassades françaises et contre elle-même. Personne ne semble pouvoir l'aider à retrouver son fils.
Malgré tout, Riad, devenu un adolescent de 14 ans s'épanouit dans son collège rennais, découvre les premiers émois amoureux, littéraires et artistiques. Le dessin le rend de plus en plus sympathique auprès de ses camarades. Mais il reste toujours tiraillé entre l'ado français libre et l'ado syrien endoctriné qu'il aurait pu être. Difficile de trouver sa place.
A un moment dans la saga, probablement dans le tome 3, j'ai été un peu lassée. Mais ce tome 5 est magistral : la situation est dramatique, mais le récit, lui, reste toujours du point de vue de Riad, entre naïveté et optimisme. Pour ne pas souffrir, il ne pense pas trop à son frère et tente toujours de redonner le sourire, ne serait-ce que pour quelques minutes à sa mère, devenue l'ombre d'elle-même. A-t-il conscience de son rôle ? En tout cas, il est désormais l'homme de la maison, tout en restant l'adolescent des années 90, son baladeur sur les oreilles à lire de la SF. En fait, il se conforte dans son monde pour ne pas se perdre dans le drame familial...
Le personnage de la mère est poignant, elle se bat mais est vite désarmée de tous les côtés : ambassades, politiciens, ... Ses parents l'aident à tenir le coup, mais ne peuvent empêcher sa dépression...
Ce tome 5 est haletant car on espère avec force que ce petit garçon retrouvera sa famille, que cette mère pourra à nouveau serrer son fils de 6 ans dans ses bras. Quelques espoirs, des fausses routes, l'ascenseur émotionnel valdingue cette famille...et le lecteur !
Vite, vite, le Tome 6 !
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?