Madame Bovary,
Gustave Flaubert,
Ed. Hauteville, 2021
Première édition : 1857
Mot de l'éditeur :
Elle était l’amoureuse de tous les romans, l’héroïne de tous les
drames, le vague « elle » de tous les volumes de vers. Il retrouvait sur
ses épaules la couleur ambrée de l’odalisque au bain ; elle avait le
corsage long des châtelaines féodales ; elle ressemblait aussi à la
femme pâle de Barcelone, mais elle était par-dessus tout Ange !
Malgré elle, l’héroïne de ce roman a donné son nom, à la fin du xixe siècle, à une célèbre pathologie : le bovarysme, ou la tendance à rêver à un autre destin. En effet, Emma Bovary incarne celle qui ne cessera jamais de rêver et qui n’aura pas d’autre choix que d’en mourir. Bercée d’idées romanesques, elle doit se marier très jeune à un terne médecin de province : Charles Bovary. Malheureusement, cette confrontation à ce quotidien sans saveur ne fera que la conforter dans ses désirs d’évasion. Déçue par son mari sans ambition, sa vie étriquée, son expérience de la maternité et ses amants, elle décidera de fuir à tout jamais cette triste vie pour atteindre enfin son idéal de beauté et de grandeur…
Dealer : Seconde main
Ma lecture :
Il est d'usage de lire Madame Bovary sous la contrainte, comme beaucoup de classiques, littéralement, œuvres étudiées en classe.Malgré mes études littéraires, je n'ai jamais eu l'occasion de la rencontrer, alors j'y ai vu un défi. J'ai donc choisi une belle édition pour avoir du coeur à l'ouvrage et enfin, rencontrer Emma Bovary.
J'avais peur de me heurter à une lecture exigeante, à une écriture alambiquée et soporifique. En fait... Non ! La plume de Flaubert reste, encore aujourd'hui, facile et agréable à lire et offre de beaux passages et de belles envolées littéraires. J'ai vraiment été comblée par cette poésie des mots et du phrasé, sans effet pompeux.Ensuite, je m'attendais à une Emma Bovary enfermée dans ses rêveries, et donc à une lecture lente et ennuyante. Là encore, je me suis bien trompée ! Madame Bovary n'est pas un roman d'amour, sinon d'amours ratées : c'est plutôt une critique acerbe des mœurs de la société de Flaubert.
Emma Bovary se fiche de son mari, comme de sa petite fille et endosse la robe de l'anti-héroïne. Elle rêve à une meilleure vie, avec un mari plus ambitieux, plus riche, plus faste. Que fait-elle perdue en Normandie alors qu'elle devrait briller dans les salons parisiens ? Ses rêveries chroniques la détournent du monde réel dont elle ne peut se satisfaire.
Charles Bovary, lui, médecin ordinaire, sans ambition, donc, aime sa femme et l'imagine en bonne ménagère, vouée à son couple et à sa famille. Il a les traits de l'homme niais et naïf et n'a pas non plus l'étoffe d'un héros.
Et autour d'eux, une farandole de personnages, comme ce pharmacien sans scrupule qui s'essaie aux progrès de la médecine, quitte à devoir amputer un patient. Tous les secteurs de la société en prennent pour leur grade : la religion, le progrès de la révolution industrielle, l'aristocratie, la maternité, le couple, la finance, ... Ces piliers volent en éclat sous la plume de Flaubert. Tout n'est que mascarade.
Madame Bovary est une fable, une farce même, où forts et faibles se retrouvent perdants, jusqu'à la petite et innocente Berthe Bovary, l'enfant du couple. L'égoïsme des personnages les entraînent tous dans la même chute sociale et humaine.
Donc, non, trois fois non, Madame Bovary n'est pas un roman d'amour, mais un roman plutôt noir et négatif sur la société dans laquelle vit Flaubert. Mais, finalement, on en sourit, de leurs déboires. Emma Bovary, bien malgré elle, est plutôt drôle, tant elle est exaspérante à se mettre dans des situations inextricables. Difficile d'éprouver de la pitié pour ce personnage qui donne son nom à l'un des plus grands romans de la littérature française. Mais une chose est sûre, elle mérite sa notoriété séculaire !
Alors, allez-vous lire Madame Bovary cette année ?
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?