mardi 20 novembre 2018

Là où les chiens aboient par la queue

Rentrée Littéraire 2018




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Là où les chiens aboient par la queue,

Estelle-Sarah Bulle,
Ed. Liana Levi, 2018


Mot de l'éditeur :

Dans la famille Ezechiel, c'est Antoine qui mène le jeu. Avec son «nom de savane», choisi pour embrouiller les mauvais esprits, ses croyances baroques et son sens de l'indépendance, elle est la plus indomptable de la fratrie. Ni Lucinde ni Petit-Frère ne sont jamais parvenus à lui tenir tête. Mais sa mémoire est comme une mine d'or. En jaillissent mille souvenirs-pépites que la nièce, une jeune femme née en banlieue parisienne et tiraillée par son identité métisse, recueille avidement. Au fil des conversations, Antoine fait revivre pour elle l'histoire familiale qui épouse celle de la Guadeloupe depuis la fin des années 40: l'enfance au fin fond de la campagne, les splendeurs et les taudis de Pointe-à-Pitre, le commerce en mer des Caraïbes, l'inéluctable exil vers la métropole... Intensément romanesque, porté par une langue vive où affleure une pointe de créole, Là où les chiens aboient par la queue embrasse le destin de toute une génération d'Antillais pris entre deux mondes.

Lu pour le Club de Lecture



Ma lecture : 

Sans les conseils avisés du Club de Lecture, je n'aurai jamais ouvert ce roman d'Estelle-Sarah Bulle.
Et cela aurait été vraiment dommage...
Tout dans ce roman invite au voyage. Le titre d'abord, interpelle. Là où les chiens aboient par la queue ?  C'est-à-dire ? En fait, pour vous situer un peu, là où les chiens aboient par la queue se trouve à peu près entre Pétaouchnok et Perpette-les-oies. Voyez ? Mais le bleu lagon de la couverture nous emmène vers les Antilles, et plus précisément vers la Guadeloupe. Là où les chiens aboient par la queue est, tout simplement, un joli trou paumé antillais, dans l'ombre de Pointe-à-Pitre.
C'est une jeune fille d'aujourd'hui, née en banlieue parisienne, métisse jusqu'au bout des ongles qui s'interroge sur ses origines guadeloupéennes. Elle va alors mener une véritable enquête, questionner son père et ses tantes au sujet de leur vie sur l'île. Pourquoi la fratrie a-t-elle quitté la Guadeloupe ? La regrettent-ils, leur île épicée ? Estelle-Sarah Bulle (quel joli nom !) livre là une véritable saga familiale, une véritable Histoire de son île natale.

Tout commence dans la campagne de Morne-Galant (là où les chiens aboient par la queue, donc), dans des cases où s'entassent les familles, où l'on cuisine dehors, où l'on sait prendre soin des autres, où l'on sait également maudire les autres, où le temps s'égraine, tranquillement. Tout y paraît figé, pourtant tout est réalisable. Interrogés par leur fille/nièce, Petit-Frère, Lucinde et Antoine embarquent pour leurs souvenirs caribéens, des années 40 jusqu'à leur départ pour la Métropole à la fin des années 60.
Antoine, la plus jeune, la première a avoir quitté le cocon familial, est enjouée. C'est un vrai personnage qui a vécu mille vies, a mille anecdotes à raconter et qui restera toujours fidèle à elle-même, dans la liberté et l'exubérance. Son caractère fantasque ne l'empêche cependant pas d'être attachée aux traditions et de vivre dans une certaine bigoterie. Cela en fait une femme, au prénom d'homme pour se protéger des esprits, haute en couleurs !
Il y a la deuxième sœur, plus jeune et plus sage, Lucinde. Douée avec ses mains, elle confectionne des robes sur les modèles américains et français. Ses clientes préférées sont les blanches qui ont le pouvoir et l'argent. Avec elles, elle rêve d'émancipation.
Et enfin, le petit dernier, qui n'a, pour ainsi dire, jamais connu sa mère, l'éternel Petit-Frère (papa de la narratrice), plus docile, amoureux de Paris et déjà moins antillais que ses sœurs.
Ce sont les trois voix de ce roman polyphonique passionnant sur le cœur et au cœur des Antilles françaises. Antoine, Lucinde et Petit-Frère livrent leur enfance en Guadeloupe, son climat social, leurs espoirs vers la France, leurs désillusions, et leurs brefs retours sur leur Terre. Malgré certains sujets plus délicats, le ton est toujours positif et joyeux. L'accent antillais bat la mesure de ce roman, épicé de quelques expressions régionales.

C'est beau, fort et frais comme un poulet boucané !
A lire sans modération avec un Ti-Punch (avec modération, quant à lui !).





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