mercredi 18 mars 2015

Adieu, vive clarté...







Adieu, vive clarté...
Jorge Semprun,
Ed. Gallimard, 1998

Mot de l'éditeur :
«Ce livre est le récit de la découverte de l'adolescence et de l'exil, des mystères de Paris, du monde, de la féminité. Aussi, surtout sans doute, de l'appropriation de la langue française. L'expérience de Buchenwald n'y est pour rien, n'y porte aucune ombre. Aucune lumière non plus. Voilà pourquoi, en écrivant Adieu, vive clarté..., il m'a semblé retrouver une liberté perdue, comme si je m'arrachais à la suite de hasards et de choix qui ont fini par me composer une sorte de destin. Une biographie, si l'on préfère moins de solennité.Même si le hasard ou la chance m'avaient évité de tomber dans le piège de la Gestapo, même si mon maître Maurice Halbwachs n'avait pas agonisé dans mes bras, au block 56 de Buchenwald, j'aurais été ce garçon de quinze ans qui découvrait l'éblouissante infortune de la vie, ses joies aussi, inouïes, à Paris, entre les deux guerres de son adolescence. M'y voilà de nouveau.» Jorge Semprun.



Ma lecture :
J'avais envie de lire un roman bien écrit. Avec Semprun, pas de surprises ! Enfin... si, et de belles autour de l'écriture et de la lecture justement. J'avais l'impression de l'avoir en face de moi, de me revoir sur les bancs de l'université de Rennes où il avait été invité (et célébré) à parler de lui, de son écriture, de son histoire, de son Histoire. Bref, j'ai passé un bon moment en sa compagnie, entre nostalgie, espoir, désillusion.Jorge Semprun revient sur son exil, il a fuit avec sa famille l'Espagne franquiste, il devient alors, à quinze ans un simple immigré dans cette France qui le prend de haut, avec son accent espagnol. La littérature, française, espagnole, allemande, gravée dans sa mémoire d'étudiant, le sauve. Il revient donc sur sa jeunesse dans ce nouveau pays, dans ce monde à l'aube, toute proche, de l'horreur. Mais ici, il n'évoquera pas Buchenwald. Il restera à discuter, avec ses pérégrinations dans sa mémoire, si propres à lui et si touchantes, de sa jeunesse.
J'ai déjà lu de lui "L'écriture ou la vie" : à lire absolument ; et "Quel beau dimanche" : ma découverte avec Semprun, oeuvre obligatoire dans mon cursus universitaire. Du coup, comme dans ses romans, Semprun, à la Modiano, mélange un peu les lieux, les époques, la fiction, la réalité, ses propres romans, je n'arrive pas à savoir si j'ai lu "Le grand voyage". Alors je crois que je vais le lire, ou peut-être le relire très prochainement ! Je suis retournée dans ma phase littérature concentrationnaire ou, plus largement, de la période 39-45. Il y a tellement de belles œuvres nées de cette période, en même temps cette période, par toutes ces facettes, est un berceau dramatique par excellence.
Je ne saurais que vous conseiller, si vous ne connaissez pas Semprun, de vous y essayer. A lire, c'est d'une beauté, d'une puissance, et en même temps, son langage coule naturellement.


 Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres :
Adieu, vive clarté de nos été trop courts !


J'ai retrouvé, pour ceux que ça intéresse, une vidéo de Jorge Semprun qui discute avec des élèves de la littérature concentrationnaire. Cela donne des idées de lecture !


Avis des lecteurs:

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