jeudi 14 avril 2016

L'ombre de nous-mêmes

L'ombre de nous-mêmes,
Karine Reysset,
Ed. Flammarion, 2014


Mot de l'éditeur :
Elles ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. Alma, incarcérée dans un quartier réservé aux jeunes mères, s'accroche à l'enfant qu'elle y a mis au monde et aux lettres qu'elle envoie comme autant de bouteilles à la mer. Dans la cellule voisine, Lucinda, Tombée pour trafic de drogue entre la France et l'Argentine, apaise se détresse en faisant défiler les souvenirs enchantés de son enfance dont le fil s'est brutalement brisé. De l'autre côté des barreaux, Sarah, la fille aînée d'Alma, se confie à son ordinateur et tente de maintenir le lien entre sa mère et ceux qui au-dehors attendent son retour. Correspondances, carnets, fragments, confessions filmées, Karine Reysset puise dans les multiples ressources du genre romanesque pour mieux entremêler ces trois itinéraires bouleversants.




Dealer : Puces


Ma lecture :
Un roman de Karine Reysset, ça faisait (trop) longtemps !
Quel plaisir de la retrouver dans cet ouvrage où elle nous livre l'histoire de trois femmes : Alma, mère incarcérée, Lucinda, une jeune mère incarcérée elle aussi, et Sarah, la fille d'Alma qui filme son ressenti sur son vlog. Nous suivons ces trois destins par intermittence, en lisant leurs lettres, leurs confessions ou des scènes de vie. Alma et Sarah, mère et fille, donc, ont une relation tendre malgré le contexte : Alma, enceinte d'un troisième enfant, est incarcérée à la Prison pour femmes de Rennes puis à la Nursery de Fleury-Merogis. L'adolescente est bousculée par l'emprisonnement de sa mère, et sa mère a honte de voir sa famille voler en morceaux. que peut-elle faire derrière les barreaux ? L'histoire et le destin de Lucinda, plus en retrait, ne sont révélés qu'au compte-goutte, ce qui amène ce qu'il faut de suspens dans le roman.
Du brut de décoffrage, de la tendresse, des illusions, des désenchantements, de l'espoir. De la mort, de la vie.
Karine Reysset livre là un roman à trois voix bouleversant. Les personnages ont tous le cœur chaviré, sont au bord du gouffre. Mais la vie est là, faible lueur puis illumination.
Et j'ai bien aimé retrouvé les thèmes chers à Karine Reysset (et à son mari Olivier Adam) : le lien parent-enfant, l'abandon, la mort, la dérive. Elle ne les épuise pas et parvient toujours à donner une nouvelle perception des peines de l'être humain.
Un beau roman, pour sûr !



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