vendredi 28 janvier 2022

D'une aube à l'autre

D'une aube à l'autre,

Laurence Tardieu,
Ed. Stock, 2022


Mot de l'éditeur :

« Le 17 mars 2020, alors que la France entrait en guerre contre le Covid, la déclaration de guerre, pour notre petit garçon, son père et moi s’est faite au sein du service des urgences d’un hôpital parisien pour enfants. En quelques heures, nous avons été éjectés de notre vie et projetés dans un nouveau monde. Nous y sommes restés cent cinquante-huit jours. »
Un autre confinement. Une bulle hors du temps, hors de la vie, où le quotidien devient ce qui était l’impensable, des grandes angoisses aux petites victoires, hors du réel et terriblement réel. Où les proches demeurent à l’extérieur tandis qu’on plonge dans son monde intérieur pour puiser de la force, en exil de sa propre vie.

Dans ce récit étonnement lumineux et poétique, Laurence Tardieu nous raconte cette traversée pour en reconstituer les traces et en graver l’empreinte qui l’aura transformée à jamais ; « parce qu’Adam et moi avons fait l’expérience, au même moment mais pas de la même manière, de ce que signifie : mobiliser toutes ses forces, son mental, éprouver son instinct de survie, je vois le monde aujourd’hui d’une autre manière : je le vois beaucoup plus simplement. Je le vois si beau. Je n’ai plus peur de rien ».
Pour dire aussi la joie, la joie brûlante du présent, celle de l’amour entre une mère et son petit garçon, celle de la chaleur des autres.
La joie du vivant.

 

 

Ma lecture :

En cette rentrée de Janvier, j'ai vu passer ce roman dans les groupes de lecture auxquels je suis abonnée.  C'était aussi l'occasion de découvrir une nouvelle auteur pour moi, Laurence Tardieu.

vendredi 21 janvier 2022

La grange

La grange,

Laurent Moriceau,
Auto-édition, 2022


Mot de l'éditeur :

Mais que s’est-il passé dans la grange que Tim vient d’acquérir dans le sud de la Touraine ?
Dès les premiers coups de pioche, un squelette est découvert. Puis, d’autres morts et agressions tout aussi étranges, se succèdent, à proximité.
La jeune et indisciplinée lieutenant Jane Maury, pour la première mission de sa carrière, se voit confier cette délicate enquête.
Elle découvre que la genèse de ces crimes prend sa source dans cette grange … en févier 1943.
L’auteur va vous entraîner au cœur de la résistance sud tourangelle, mais également en Bretagne, à la rencontre des maquisards du réseau Shelburn, qui tentèrent d’exfiltrer Garry, un aviateur Américain tombé sur le sol Français.
Quel lien relit ces deux histoires ? Quelle corrélation entre ces deux époques ?
… Jusqu’où la folie humaine peut-elle aller ? 

 

Dealer : SP de Laurent Moriceau

 

Ma lecture :

Il y a quelques semaines, j'ai vu passer un teaser sur Instagram concernant le premier roman, auto-édité, de Laurent Moriceau. Il évoquait un héros de la Seconde Guerre Mondiale débarqué en Finistère, père d'une chanteuse et comédienne française. Et voilà, ma curiosité était plus que titillée...
Allez, je vous dirai de qui il s'agit en fin de chronique !

lundi 17 janvier 2022

Les derniers enfants cachés

Les derniers enfants cachés,

Sophie Nahum,
Ed. Alisio, 2021


Mot de l'éditeur :

Sur les quelque 70 000 enfants juifs résidant en France en 1939, environ 11 000 ont péri dans les camps, les autres ont miraculeusement traversé la guerre, souvent en se cachant, dans des couvents, à la campagne, dans des placards parfois. Aujourd’hui, ils ne sont plus nombreux à pouvoir témoigner de leur expérience de la clandestinité, de leur perte d’identité, de l’arrachement à leur milieu familial et du silence qui a suivi la fin de la guerre. Dans la hiérarchie des victimes, l’Histoire a été longue à leur faire une place.

Sophie Nahum est allée à la rencontre des derniers enfants cachés survivants de la Shoah pour recueillir leur parole. Ces hommes et femmes se livrent ici, parfois pour la première fois, et ce sont les enfants qu’ils étaient que nous entendons.
 
 
Dealer : Cadeau de Noël 
 
 

Ma lecture : 

Ce n'est pas un roman. Ce n'est pas une fiction. Ce ne sont pas de simples histoires qu'on se raconte le dimanche midi entre le poulet-frites et la tarte aux pommes. Ce sont des histoires qu'on ne raconte pas. Ou peu. La journaliste Sophie Nahum a décidé de recueillir les derniers témoignages des enfants cachés. Ce ne sont sont pas des histoires. C'est l'histoire de Simone, l'histoire d'Arlette, l'histoire de Léon ou encore l'histoire de Jean.  Des enfants juifs cachés pendant la seconde guerre mondiale dans des couvents, dans des placards, à la campagne ou en ville, chez des gens bienveillants ou pas mais à qui ils doivent leur vie sauve. Leur vie sauve mais pas sauvée des drames de l'enfance et de la guerre. Beaucoup, si ce n'est tous, auront perdu une mère, un père, une sœur, un frère, un oncle. La paix de l'après-guerre ne réparera pas tous les maux.
Sans l'artifice de la fiction, ils témoignent de la guerre. Simplement. Crument. J'ai lu beaucoup de romans autour de la Seconde Guerre Mondiale et de la Shoah, et pourtant, pendant longtemps, j'ai refusé d'en lire. Car la fiction n'est pas la réalité, elle enjolive, elle exagère, elle met des violons, parfois des trompettes et on ne sait plus le vrai du faux. Et c'est là où réside le danger. Celui de l'oubli, de la banalisation, celui des négationnistes. Sophie Nahum donne la parole, une première ou une dernière pour certains, aux témoins de l'Histoire. Aux victimes collatérales. A ces enfants nés juifs qu'on traquera pour ce seul fait, celui d'être juif.
A lire bien sûr, pour la mémoire et contre l'oubli. Pour le passage de flambeau, celui de témoin de témoin.
 

jeudi 13 janvier 2022

Le printemps des cabossés

Le printemps des cabossés,

Emmanuelle Godec-Prigent,
Auto-édition, 2021


Mot de l'éditeur :

Bob est un vieux navigateur solitaire qui a parcouru toutes les mers du globe. Il y a trente ans, après avoir accidentellement provoqué la mort de sa femme et de son fils par excès d'orgueil, il s'est condamné à l'exil.
Un matin de février, il revient en France pour une raison inconnue. Dans le petit port du Mousquer, où il jette l'ancre, il attise la curiosité du jeune Pablo qui vit dans une modeste maison du bourg; avec son père, un marin-pêcheur absent même quand il est là, et mémé Simone, une femme au caractère bien trempé qui le tire vers le haut et le couve d'un amour inconditionnel.
D'où vient cet étranger ? Que fait-il ici ? Ce sont aussi les questions que se posent Madame Ménez, la patronne de la ferme dans laquelle le vieil homme a été embauché pour remplacer un ouvrier malade, ainsi que Charlotte, sa collègue de la serre.
Au fil des jours, et contre toute attente, Bob, l'ours taiseux, accepte d’entrouvrir la muraille derrière laquelle il se retranche depuis si longtemps. Il se laisse apprivoiser par le petit garçon dont il devient le confident. Celui-ci lui raconte sa petite vie et surtout le trou béant que sa maman y a laissé en l'abandonnant quand il était encore bébé. C'est dans l'espoir de la voir revenir qu'il arpente inlassablement le quai.


Dealer : Relecture-Corrections


Ma lecture :

L’homme peut-il s’affranchir du poids de son passé ? Le futur peut-il s’écrire sans passé ?
Voilà deux questions essentielles que pose Le printemps des cabossés.

mercredi 12 janvier 2022

Trois mois et un jour

  Trois mois et un jour, trois mois et un jour Karine Reysset Adam deuil bébé petit frère coup de coeur rentrée littéraire 2022 avis critique chronique blog

  Karine Reysset,
  Ed. Flammarion, 2022


Mot de l'éditeur :

"J'avais sept ans quand j'ai perdu un petit frère de la mort subite du nourrisson. Loïc avait trois mois et un jour. Sa présence, si éphémère fût-elle, a imprégné toute ma vie. Il y a quatre ans, notre mère m'a annoncé qu'elle songeait à le déménager du cimetière où il était enterré. Je me suis alors replongée dans ma mémoire trouée, au coeur d'une enfance heureuse, d'une famille heureuse, sans lui et avec lui, car il n'était jamais loin.
Avant qu'il ne soit trop tard, j'ai traqué ses traces dans les petits papiers et les archives - il y a les reliques et les photos, les lettres, les signes et les légendes. Sans oublier les oiseaux".
Karine Reysset délaisse la fiction pour ce récit intime, qu'elle porte en elle depuis longtemps. En écho à d'autres livres sur le deuil, elle explore dans Trois mois et un jour la douleur de la perte et met en scène la réparation des vivants.

 

Dealer :  SP de Karine Reysset ❤


Ma lecture :

Karine Reysset fait partie des auteurs que j'affectionne plus particulièrement. J'ai lu tous ses romans destinés aux adultes et quelques uns destinés à la jeunesse. Je vais même vous confier quelque chose : j'ai quelques manies pour vérifier la pertinence d'une bibliothèque, dont m'assurer qu'un roman de Karine Reysset (ils ne sont que quatre autres auteurs sur ma liste) y figure. Bref. 

Trois mois et un jour est le récit, la quête, l'enquête du drame qu'a vécu sa famille en 1981. Elle avait sept ans, était la grande sœur de Loïc, qui, à trois mois et un jour, ne s'est pas réveillé de sa sieste. J'ai écrit "était la grande sœur", mais tout au long du livre, elle ne cesse d'insister sur le temps du présent. Encore aujourd'hui, quarante ans après sa mort, elle est toujours la grande sœur de Loïc. Et elle parle de lui pour qu'il ne sombre pas dans l'oubli. Le petit Loïc, qui restera pour toujours le petit Loïc, est décédé de ce qu'on appelle la mort subite du nourrisson. C'était un samedi ou un dimanche après-midi, tout allait bien, jusqu'à ce que sa mère aille chercher son bébé dans son lit. Déjà froid.
L'auteur a vécu ce drame en tant que grande sœur et elle s'est interrogée sur la légitimité d'écrire sur cette histoire. Elle n'était qu'une enfant. Maman à son tour, elle n'imagine même pas la douleur de sa mère. Ce deuil fait partie des fondements de sa famille et de sa personnalité : beaucoup de choses se sont construites autour. J'allais écrire "tout s'est construit" mais non, les Reysset ont réussi à continuer à vivre malgré tout, et avec Loïc. Il fait partie intégrante de la famille, comme une lumière, une veilleuse. Son absence n'est pas omniprésente mais lumineuse. Sa mort n'efface pas la vie de sa famille mais la rend, au contraire, presque plus belle.

Quand on a lu l’œuvre de Karine Reysset, on comprend vite que la maternité, l'absence et le deuil font partie de ses thèmes de prédilection. D’obsession. Elle donne alors les clés de ses autres romans, les redondances et résonances des prénoms, dont celui, bien évidemment, de Loïc. On rentre dans son intimité d'écrivain, de sœur, de compagne, de mère ; elle se livre avec authenticité, sans pathos ni violons. On y entre comme Loïc a quitté la vie, sans bruit. Ce livre saura aussi être une bonne béquille pour tous ceux, sœur, compagne, mère, ont perdu un être cher, ont perdu un enfant. Trois mois et un jour se lit doucement, presque avec cérémonie. Je me dis souvent que j'aimerai prendre le temps de lire un livre dans une cathédrale, j'aurais très bien pu lire celui-ci. En communion.

Je pense pouvoir dire que Trois mois et un jour fait partie de mes préférés de Karine Reysset, avec Comme une mère ou L'inattendue. Plus qu'un coup de cœur, c'est un coup au cœur !

 

mercredi 5 janvier 2022

Nos mains dans la nuit

Nos mains dans la nuit,

Juliette Adam,
Ed. Fayard, 2022


Mot de l'éditeur :

 «  Le secret, c’est de s’inquiéter pour quelqu’un.  »
Entre Raphaël, son frère abîmé, sa mère, qui semble lui cacher quelque chose d’essentiel, et son père, avec qui elle n’est jamais parvenue à communiquer, Zoé ne manque pas de sujets de tourments. Travaillant le temps d’un été dans la ville côtière où elle a grandi, elle tente tant bien que mal de rassembler les éléments disparates de son existence. Mais c’est la réapparition d’Émilie, la fille étrange qui l’a toujours fascinée et l’obsède encore, qui va créer un véritable séisme dans sa vie. La jeune femme sera-t-elle capable, cette fois, de retenir celle qui n’a jamais cessé de lui échapper  ?
Avec Nos mains dans la nuit, Juliette Adam signe un roman poignant sur l’entrée dans l’âge adulte, où les projets sont suspendus aux souvenirs, et la confiance dans l’avenir à l’élucidation du passé.

 

Dealer : SP des Editions Fayard, merci Juliette !

 

Ma lecture :

Juliette Adam commence cette nouvelle année avec la sortie de son deuxième roman et a, une fois de plus, réussi à me toucher. Elle s'intéresse à l’ambiguïté des relations : naissantes, passantes ou manquées ; amicales, fraternelles ou amoureuses ; de l'enfance à l'âge adulte. Vaste sujet, n'est-ce pas, que l'auteure aborde avec une palette de personnages suspendus aux regards de l'autre.

Zoé est une enfant populaire à l'école : aimée des groupes d'élite comme des plus isolés. Elle se prend d'obsession pour Émilie, une fille quelque peu bizarre, déconnectée de la réalité mais connectée avec l'au-delà, qui a des visions souvent pertinentes. Entrevoir la mort d'un proche ne lui fait pas peur. Mais évidemment, Emilie se fait embêter par tout le monde et Zoé se rend malade pour elle et veut la protéger des autres. Elles ne sont pas vraiment amies mais grandissent tout près et se suivent de loin. Elles se croisent chez leurs mamans qui, elles, nouent une relation amicale. Un jour pourtant, Emilie et sa mère, Morgane, quittent la ville sans explication. Zoé est dévastée. Qui s'inquiètera pour Emilie ? Et pourquoi sont-elles parties ?
Mais surtout, Zoé doit affronter sa propre vie : son frère qui part en vrille, son père défaillant, sa mère qui refuse de répondre à ses questions, ...

Quelques années plus tard, Zoé retrouve Emilie au salon de thé Les rossignols pour un job d'été. Elle la croyait dans le sud, à des centaines de kilomètres, et la voilà qui resurgit de nulle part. Si Zoé a souffert de son absence, Emilie, quant à elle, s'est épanouie sans elle. Cette saison est l'été de leurs retrouvailles, mais comment rétablir une relation caduque ? Autour de Zoé papillonnent aussi Raphaël, son frère en errance et Tristan, l'amoureux timide. En peine adolescence, elle a du mal à cerner les autres et se perd dans l’ambiguïté des relations et des sentiments. Le passage à l'âge adulte devient périlleux quand on rêve un passé contrefait et quand on interprète mal le présent. La vie devient alors un rendez-vous manqué...

J'ai été touchée par la sensibilité de Juliette Adam à aborder les rencontres, grandes ou petites, qui ne se font pas. Elle parvient à rendre la beauté aux rendez-vous manqués. Même son titre, Nos mains dans la nuit, interpelle et laisse imaginer deux qui mains qui attendent d'être attrapées pour être sauvées, qui attendent d'être caressées pour être aimées ou qui attendent d'être recouvertes pour être réchauffées. Le titre appelle une poésie que l'auteure met en scène dans son roman.

 Bravo !

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