mercredi 27 juillet 2022

Après l'océan


Après l'océan,

Laurence Peyrin,
Ed.Calmann-Levy, 2022


Mot de l'éditeur :

Rescapées du Titanic, que deviendront les deux sœurs Alistair, seules dans un New York inconnu ?
En ce printemps 1912, parmi d’autres naufragés hagards tirés de l’océan, Letta Alistair, 24 ans, serre contre elle sa petite soeur Molly en regardant approcher la statue de la Liberté.
Elles sont les deux seules survivantes de leur famille, engloutie comme 1491 personnes avec « l’insubmersible » Titanic.
Les soeurs Alistair ont tout perdu. Leur père, Charles, dit le roi de la tourte, célèbre pour ses pâtes brillantes, ses viandes moelleuses mêlées d’oignons caramélisés,
avait embarqué famille et biens pour développer son savoir-faire à New York. Letta ne peut même pas s’autoriser le désespoir, car Molly l’inquiète, plongée depuis le drame dans un profond mutisme.
Le naufrage du Titanic est un événement majeur qui secoue toute l’Amérique, et les victimes sont prises en charge, logées à l’hôtel, examinées à l’hôpital.
Et après ? Letta va devoir puiser très loin en elle pour survivre dans ce New York qu’elle n’aime pas et qu’elle ne comprend pas.
Et se battre pour sauver sa petite soeur bientôt qualifiée de « folle » dans un siècle qui traite mal les fous...
Une atmosphère à la Downton Abbey vue d’Amérique : New York en 1912, la fin flamboyante d’une époque.

 

Dealer : Médiathèque de Plouescat

 

Ma lecture :

Je crois que toutes les filles de ma génération, enfin les filles et les garçons, sont montées sur le Titanic. Avec DiCaprio, bien sûr, mais on y était !
Alors ce roman, Après l'océan, m'a tapé dans l’œil.

En 1912, Charles Alistair, le roi de la tourte de Portsmouth (Angleterre), vend la boulangerie familiale et met toutes ses économies dans un aller simple pour New-York avec toute sa famille. Ils vont grossir leur fortune en Amérique, un investisseur les y attend.
Le 18 Avril 1912, Letta et Molly débarquent à New-York. Les deux sœurs viennent de voir sombrer leurs parents, leur frère, et le jeune mari de l'aînée. Ainsi que leurs rêves. Au plus profond de l'océan. Letta, orpheline et veuve, doit prendre en charge sa petite sœur, choquée par le drame. L'enfant est éteinte, ne parle plus : elle souffre de neurasthénie sévère. Les rescapés du Titanic ne sont pas pris en charge correctement, personne ne s'attarde sur ce qu'on appellera plus tard les syndromes post-traumatiques. Molly est droguée au Laudanum et est envoyée dans un hôpital psychiatrique d'où sa grande sœur parvient à l'extraire avant qu'il ne soit trop tard. Pendant ce temps, Letta parvient à se reconstruire en travaillant dans une pharmacie, se découvre des amies et fait jouer ses relations. Va-t-elle rester à New-York finalement, cette ville et ses espoirs qui ont fait sombrer sa famille ?

Après l'océan est un roman sur la reconstruction après un drame comme le naufrage du Titanic. Letta et sa famille ont embarqué pour réaliser leurs rêves, mais c'est veuve et orphelines qu'elles débarquent, sa jeune sœur et elle, à New-York, ville si éloignée culturellement de Portsmouth.
C'est aussi un roman sur les combats de jeunes femmes face à l'adversité : Letta qui doit faire preuve de résilience pour avancer et puiser en elle la force de vivre cette aventure américaine seule. Natalie, cette New-yorkaise qui a réussi à faire Médecine quand l'époque ne voulait pas de femme dans les universités, et qui voit sa vie basculer lorsqu'elle perd sa jambe dans un accident de tramway.
C'est un roman de combats personnels, quotidiens, qui œuvrent tous pour l'émancipation féminine et, plus largement, individuelle comme les personnes en situation de handicaps physiques ou de défaillances psychologiques. 

Bref, Laurence Peyrin signe là un beau roman où, malgré l'adversité, rêves et espoirs conservent une chance de se réaliser si on se donne la peine de se battre pour eux. Le roman de la résilience.
Je n'avais jamais lu, encore, de roman de cette auteur et j'ai aimé son écriture, fluide, belle, et juste.

 

mercredi 20 juillet 2022

La chambre aux papillons

La chambre aux papillons,

Lucinda Riley,
Ed. Charleston, 2020


Mot de l'éditeur :

Dans la campagne de Suffolk, Admiral House trône. C'est la maison de famille de Posy Montague, l'endroit où elle a passé son enfance à courir après les papillons avec son père, avant d'y élever ses propres enfants. A près de 70 ans, elle doit pourtant se résoudre à se séparer de cette demeure qui a abrite ses plus grandes joies et ses plus grandes peines.
Mais la réapparition soudaine de Freddie, son amour de jeunesse qui lui a brisé le cœur cinquante ans auparavant, va tout bouleverser. Car il se pourrait bien qu'Admiral House n'ait pas encore révélé tous ses secrets....
Une captivante fresque multigénérationnelle, combinant personnages inoubliables et secrets déchirants, comme Lucinda Riley en a fait sa spécialité.


Dealer : Médiathèque de Plouescat


Ma lecture :

En allant à la Médiathèque, je n'ai pas su résister à ce roman de Lucinda Riley, alors que des tomes des 7 Soeurs m'attendent toujours patiemment dans mon salon ;)

mercredi 13 juillet 2022

Lutetia

Lutetia lecture teatime palace Paris Pierre Assouline

Lutetia,

Pierre Assouline,
Ed. Gallimard, 2005


Mot de l'éditeur :

Tapi dans les recoins les plus secrets du Lutetia, un homme voit l'Europe s'enfoncer dans la guerre mondiale. Edouard Kiefer, Alsacien, ancien flic des RG. Détective chargé de la sécurité de l'hôtel et de ses clients. Discret et intouchable, nul ne sait ce qu'il pense. Dans un Paris vaincu, occupé, humilié, aux heures les plus sombres de la collaboration, cet homme est hanté par une question : jusqu'où peut-on aller sans trahir sa conscience? De 1938 à 1945, l'hôtel Lutetia - l'unique palace de la rive gauche - partage le destin de la France. Entre ses murs se succèdent exilés, écrivains et artistes, puis officiers nazis et trafiquants du marché noir, pour laisser place enfin à la cohorte des déportés de retour des camps. En accordant précision biographique et souffle romanesque, Pierre Assouline redonne vie à la légende perdue du grand hôtel, avec un art du clair-obscur qui convient mieux que tout autre au mythique Lutetia.

 

Dealer : D'occasion

 

Ma lecture :

Lors de ma dernière escapade parisienne, je me suis offert le luxe d'un tea-time au Lutetia. J'avais choisi ce palace pour son rapport à l'Histoire puisqu'en 1945, après avoir hébergé les services de renseignements allemands, elle a servi de base d'accueil lors des rapatriements des déportés.

Le roman de Pierre Assouline se compose de trois parties : le monde d'avant, pendant ce temps, et la vie après. Le narrateur, Edouard Kiefer, est le détective de l'hôtel chargé de la sécurité des pensionnaires. Il expose, de l'intérieur, toutes les facettes du Lutetia : le côté palace des années 30 et ses célébrités de l’époque comme James Joyce et Thomas Mann, pour parler des écrivains. Puis la déclaration de guerre et la fuite des locataires, suivie de près par la mise en place de l'Occupation et l'installation de l'Abwehr (service de renseignement de l'état-major allemand) boulevard Raspail. Et enfin en 1945, la réquisition de l’hôtel pour organiser et accueillir le retour des déportés. Certains personnages vont et viennent au gré des parties, avant/pendant/après guerre et j'ai aimé suivre leur parcours dans les drames de l'Histoire. Et le personnage le plus important, le Lutetia lui-même, vibre de cette Histoire et de ces histoires.

C'est exactement le genre de roman que j'avais besoin de lire avant mon passage au Lutetia car l'auteur, avec son narrateur terriblement attachant, nous délivre les secrets et les murmures du palace par des histoires autour des pensionnaires, emblématiques ou anonymes. Je ne connaissais pas Pierre Assouline et j'ai adoré sa plume, à la fois concise et pertinente, mais aussi sensible et poétique.

« Si les murs pouvaient parler …. Ils suintent, murmurent, hurlent parfois mais ne parlent pas. A Lutetia, la musique de fond est faite de chuchotements, ceux de leur colloque ininterrompu depuis un demi-siècle. Car si tout grand hôtel est un lieu hanté, celui-ci l'est plus que d'autres. »
Cet extrait résume vraiment la manière de toucher l'âme du Lutetia. 

❤ Un gros coup de cœur pour ce roman dont j'ai pu prendre le temps de lire quelques pages sur un fauteuil du Lutetia, sous la voûte lumineuse et colorée du salon Saint-Germain.

mardi 5 juillet 2022

Ecrire c'est respirer

Ecrire c'est respirer,

Susie Morgensten,
Ed. Le Robert, 2022


Mot de l'éditeur :

Une plongée réjouissante dans les secrets d'écriture de Susie Morgenstern !
Susie Morgenstern a publié plus de cent cinquante titres, dont de nombreux best-sellers primés et encensés par la critique. Dans ce livre, véritable hymne à l’écriture, l’autrice nous entraîne avec humour et poésie dans les coulisses de la création. Les grands (comme les plus jeunes) y trouveront leur bonheur grâce à des ateliers inspirants et des conseils qui donnent envie d’écrire !
« Écrire c’est de l’archéologie intime. On fouille avec le stylo à la recherche de soi-même. On plonge dans les profondeurs d’une mer inconnue pour pêcher des poissons qui nagent à l’intérieur de nous. C’est la mine qu’on descend pour chercher l’or. C’est la cave à vieilles bouteilles de vin. C’est un chemin de pèlerinage, la chasse aux trésors, l’éternelle quête de soi-même. »

 

Dealer : Rakuten

 

Ma lecture :

Je viens de me rendre compte qu'enfant ou ado, je n'ai pas lu un seul roman de Susie Morgenstern, ou alors je ne m'en souviens pas et c'est encore plus terrible ! 

Dans Ecrire c'est respirer, qui vient de paraître, elle revient sur ses amours avec les mots. D'abord en tant que lectrice puis en tant qu'auteur. Avec beaucoup d'humour qui ne cache pas sa sincérité, elle se livre sur son activité d'écrivain. Américaine d'origine, elle arrive en France à 22 ans et écrit en français, totalement consciente de ses lacunes. Mais écrire est un jeu, les mots sont des cartes, et en lançant son grand dé de l'imagination, elle crée des histoires autour du quotidien. Elle sait s'émerveiller de tour, prendre le temps de raconter le moment présent avant qu'il ne s'envole, fugace, vers un passé déjà flou. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre et les défis d'écriture que l'auteur propose à ses lecteurs. J'aimerai prendre le temps d'y jouer.

Merci Susie Morgenstern pour cet aparté dans votre intimité, je me suis presque imaginé en chat ronronnant sur votre épaule, savourant chaque mot qui défile sur votre écran, prête à les attraper au vol !



 

Suivantes Précédentes Accueil