jeudi 29 septembre 2016

L'insouciance




Au cœur de la Rentrée Littéraire




L'insouciance,
Karine Tuil,
Ed. Gallimard, 2016


Mot de l'éditeur :
En 2009, de retour d'Afghanistan où il a perdu plusieurs de ses hommes au cours d'une embuscade tendue par les talibans, le lieutenant Romain Roller souffre d'un syndrome de stress post-traumatique. Durant le sas de fin de mission qui a lieu sur l'île chypriote de Paphos, il a une liaison passionnée avec une jeune journaliste et romancière, Marion Decker. Il revoit également Osman Diboula, un ancien éducateur social, fils d'immigrés ivoiriens, qu'il a connu pendant son enfance à Clichy-sous-Bois, et devenu au lendemain des émeutes de 2005 une personnalité montante de la vie politique française. Le retour en France de Roller auprès de sa femme et de son fils se passe mal. Seule sa liaison avec Marion Decker parvient à le sortir de sa torpeur, jusqu'à ce qu'il apprenne qu'elle est mariée à l'un des plus grands chefs d'entreprise français, le flamboyant François Vély, fils d'un ancien ministre juif ayant participé à la résistance dans le maquis de l'Yonne. Grand patron de presse, François Vély est un homme d'influence. Mais à la veille d'une importante fusion avec une société américaine, il pose pour un magazine sur une oeuvre d'art représentant une femme noire et il est accusé de racisme. Son empire est ébranlé par ce scandale, qui inonde les réseaux sociaux. Osman Diboula va prendre sa défense, bien qu'il soit lui-même récemment tombé en disgrâce aux yeux du Président de la république, qui l'a écarté brutalement de ses proches conseillers. Le destin de ces trois hommes se trouve alors inextricablement lié… Roman sur l'épreuve et les pièges de l'assignation identitaire, L'insouciance est également une réflexion sur la guerre politique, sociale, et les possibilités de la reconstruction. Ce récit puissant, remarquablement construit, aborde les questions d'actualité les plus brûlantes (racisme anti-noir, campagne de calomnie sur le net, terrorisme religieux) avec beaucoup d'intelligence et d'originalité. Les personnages se retrouvent confrontés à des passions ou des difficultés qui menacent de les emporter et traduisent ce sentiment d'insécurité qui marque désormais la fin d'une certaine insouciance dans notre pays.



Dealer : Sélection Jury Prix Landerneau



Ma lecture :

J'avais gardé ce petit pavé pour terminer ma lecture de la Sélection Prix Landerneau. Le meilleur pour la fin ? En lisant le résumé, je ne savais pas à quoi m'attendre, n'étant pas férue de romans politiques. Celui-ci s'organise autour de quatre personnages, très différents et pourtant tous liés. Il y a Romain, le chasseur alpin tout juste rentré d'Afghanistan ; François, un grand patron au cœur d'un tourment médiatique ; Marion, une écrivain-journaliste mal engoncée dans son mariage ; et Osman un jeune politicien issu de l'immigration. Romain peine à retrouver sa place dans sa vie après les horreurs vécues en pleine guerre, François peine à réussir une vie de famille toujours concentré sur sa prise de pouvoir, Marion n'a jamais trouvé sa place dans sa vie et dans la vie et Osman occupe les places qu'on lui offre sans voir qu'on profite de lui. Oui, c'est bien un roman sur la place de chacun dans notre société où chacun doit  rentrer dans sa case et surtout, oh surtout, y rester sans faire vagues. Sinon le drame est à attendre, et c'est ce que ce roman va nous raconter.
L'auteur aborde des sujets difficiles tels que le terrorisme, la mixité sociale, le racisme, la conquête du pouvoir avec beaucoup de finesse. Finalement, ce n'est pas réellement un roman politique comme je l'avais cru mais plutôt un roman social ou sociétal qui m'a fascinée. Il y est question de la vie d'aujourd'hui, avec notre actualité sensible, et l'auteur en profite pour réfléchir sur l'Homme. L'homme et ses dérives, l'homme et le pouvoir, l'homme et ses origines, ... 
Je ne connaissais pas Karine Tuil et j'ai trouvé son style à la fois abordable et fluide, et précis dans le choix des mots. Les thèmes portés par ce style donnent un roman juste, profond, qui pose et répond à des questions actuelles. J'ai passé un bon moment, peut-être pas agréable car les sujets font réfléchir sur l'instabilité de notre société. Mais tant mieux, c'est un roman ouvert sur notre monde, sur nous-même, clairvoyant tout en fuyant tout aspect moralisateur.

Alors, le meilleur pour la fin ? Je dis oui ! Ce roman est même un gros coup de cœur ! La Sélection Prix Landerneau m'aura apporté deux coups de cœur sur quatre, c'est un très bon score riche en découvertes !



Avis des lecteurs:

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