dimanche 18 septembre 2016

Eclipses japonaises

Au cœur de la Rentrée Littéraire





Eclipses japonaises,

Eric Faye,
Ed. Seuil, 2016


Mot de l'éditeur :
En 1966, un G. I. américain s'évapore lors d'une patrouille dans la zone démilitarisée, entre les deux Corées. Il est considéré comme "missing". A la fin des années 1970, sur les côtes de la mer du Japon, hommes et femmes, de tous âges et de tous milieux, se volatilisent. Parmi eux, une collégienne qui rentrait seule de l'école, un archéologue qui s'apprêtait à poster sa thèse, une future infirmière qui voulait s'acheter une glace. "Cachées par les dieux", ainsi qualifie-t-on en japonais, ces victimes qui ne laissent aucune trace, pas un indice, et qui mettent en échec les enquêteurs. Une à une, les affaires sont classées, les familles abandonnées à l'incompréhension, les disparus oubliés. En 1987, le vol 858 de Korean Air explose en plein vol. Une des terroristes, descendue de l'avion lors d'une escale, est arrêtée. Elle s'exprime dans un japonais parfait. Pourtant, la police finit par identifier une espionne venue tout droit de Corée du Nord. Vingt-cinq ans après, les Japonais "cachés par les dieux" réapparaissent tels des spectres, sur les terres de Kim Jong-un. Puis, c'est au tour du G. I. de resurgir dans un téléfilm nord-coréen de propagande, où la CIA le voit interpréter un rôle d'Américain honni. Toutes ces affaires ont-elles un lien ? Si l'Histoire interviendra soudain pour résoudre le mystère de ces enlèvements, c'est Eric Faye qui, par la grâce du roman, pénètre l'imaginaire et la vie secrète de ces destins cabossés, absorbés, dévorés par un pays impénétrable et un régime ultra-autoritaire.


Dealer : Sélection Jury Prix Landerneau



Ma lecture : 

Je ne connaissais pas du tout Eric Faye, Eclipses Japonaises est alors une découverte totale. L'auteur dévoile là un pan peu connu de l'histoire Nord-Coréenne : dans les années 70-80, l'Etat enlevait des hommes et des femmes sur les côtes nippones pour former ses agents secrets en de parfaits japonais. Ces "évaporés" ou ces "cachés par les Dieux" devaient alors leur apprendre la langue, les coutumes, les intonations, les postures, ... Les agents secrets, forts de cette culture, pouvaient ainsi mieux infiltrer le Japon. Une fois leur mission de professeur accomplie, ils ne peuvent bien sûr pas rentrer chez eux aussi facilement car ils n'y existent plus vraiment. Ils mènent alors des vies normales de Coréens, eux aussi formatés par l'Etat. Cette histoire est totalement folle et pourtant bien vraie.
Le roman est construit autour de quelques personnages, enlevés ou espions, dont les histoires s'imbriquent au fur et à mesure. Certains vivent des aventures rocambolesques, comme Jim qui se retrouve acteur de film de propagande ! Le texte est très bien écrit, le rythme est posé sans être ennuyeux, comme dans les romans asiatiques que j'ai eu l'occasion de lire. J'ai cependant été parfois perdue dans ces histoires, ne sachant plus trop qui était qui. Mais une fois le fil retrouvé, c'est un récit palpitant. Le roman bascule quand le Japon, et d'autres pays d'où étaient originaires ces évaporés, se rendent compte de la situation, et que ces évaporés ont la possibilité de rentrer chez eux après vingt ou trente ans d'exil forcé puis accepté.
Eclipses japonaises se sera pas un coup de cœur, mais j'y aurais découvert une histoire intéressante sur la Corée du Nord.

Avis des lecteurs:

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