Une femme en contre-jour,
Gaëlle Josse,Ed. Notabilia, 2019
Mot de l'éditeur :
« Raconter Vivian Maier, c’est raconter la vie d’une invisible, d’une effacée. Une nurse, une bonne d’enfants. Une photographe de génie qui n’a pas vu la plupart de ses propres photos. Une Américaine d’origine française, arpenteuse inlassable des rues de New York et de Chicago, nostalgique de ses années d’enfance heureuse dans la verte vallée des Hautes-Alpes où elle a rêvé de s’ancrer et de trouver une famille. Son œuvre, pleine d’humanité et d’attention envers les démunis, les perdants du rêve américain, a été retrouvée par hasard – une histoire digne des meilleurs romans – dans des cartons oubliés au fond d’un garde-meubles de la banlieue de Chicago. Vivian Maier venait alors de décéder, à quatre-vingt-trois ans, dans le plus grand anonymat. Elle n’aura pas connu la célébrité, ni l’engouement planétaire qui accompagne aujourd’hui son travail d’artiste. Une vie de solitude, de pauvreté, de lourds secrets familiaux et d’épreuves ; une personnalité complexe et parfois déroutante, un destin qui s’écrit entre la France et l’Amérique. L’histoire d’une femme libre, d’une perdante magnifique, qui a choisi de vivre les yeux grands ouverts. Je vais vous dire cette vie-là, et aussi tout ce qui me relie à elle, dans une troublante correspondance ressentie avec mon travail d’écrivain. » G.J.Dealer : Médiathèque de Saint-Pol-de-Léon
Lu dans le cadre du Club de lecture
Ma lecture :
J'avais beaucoup aimé Le dernier gardien d'Ellis Island, alors, quand le Club de lecture a proposé de lire le nouveau roman de Gaëlle Josse, Une femme en contre-jour, j'étais impatiente de ces retrouvailles.J'ai le souvenir d'une écriture fine, douce et pertinente, Gaëlle Josse l'a conservée. L'auteur se détache cependant du roman en écrivant ici une biographie de Vivian Maier. Son nom ne vous dit rien ? Moi non plus, mais l'anecdote sur sa vie vous parlera peut-être plus. N'avez-vous pas entendu, il y a quelques années, que des photos d'une nanny avaient été découvertes, et que cette nanny se révélait être une talentueuse photographe sans qu'elle l'ait jamais su ? Je me souviens avoir lu un article traînant sur Internet.
Bref, il s'agit de cette femme, de cette nanny inconnue, dont on a découvert les milliers de photos juste après sa mort. C'est John Maloof qui, dans les années 2000, a acheté par hasard ces photos aux enchères. Tour à tour ému et intrigué par ces photos, il creuse un peu et remonte le fil de la vie de Vivian Maier. La tâche n'était pas très facile, la famille de Vivian ayant quelques rebondissements chaotiques...
Gaëlle Josse met à son tour la lumière sur cette photographe amateur qui n'avait pas toujours les moyens de développer ses pellicules mais qui prenait quand même plaisir et talent à réaliser des clichés. Certains, donc, elle ne les a jamais vu, faute d'argent. Pourtant, elle maîtrisait des techniques parfois novatrices pour l'époque (nous sommes dans les années 60-70) et avait véritablement l’œil du photographe. Le destin de ces photos est fascinant : retrouvées par hasard, elles sont étudiées afin de retrouver leur auteur, une histoire se créée. Le destin de la photographe, en revanche, penche plutôt du côté de la tragédie, n'ayant jamais eu idée de son talent...
Cette histoire me fait penser à Sixto Rodriguez, chanteur folk de la même époque, passé lui aussi à côté d'une carrière artistique.
Bref, j'ai trouvé l'histoire de Vivian Maier fascinante : de son enfance à sa déchéance. J'ai été happée par l'écriture de Gaëlle Josse, toujours juste. A la fin du roman, elle évoque la création, du photographe ou de l'écrivain et pose des réflexions vraiment pertinentes.
Je suis heureuse de ces retrouvailles avec l'auteur, et cette femme qu'elle a réussi à extirper du contre-jour a une histoire vraiment étonnante.
Vraiment, si vous croisez ce roman dans une librairie, arrêtez-vous, posez votre appareil photo, et prenez un thé avec lui ! La rencontre sera belle et douce !
Photos de Vivian Maier : ⌕
Avis des lecteurs:
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