mercredi 21 août 2019

Une partie de badminton






Rentrée Littéraire


Une partie de badminton,

Olivier Adam,
Ed. Flammarion, 2019


Mot de l'éditeur :

Après une parenthèse parisienne qui n’a pas tenu ses promesses, Paul Lerner, dont les derniers livres se sont peu vendus, revient piteusement en Bretagne où il accepte un poste de journaliste pour l’hebdomadaire local. Mais les ennuis ne tardent pas à le rattraper. Tandis que ce littoral qu’il croyait bien connaître se révèle moins paisible qu’il n’en a l’air, Paul voit sa vie conjugale et familiale brutalement mise à l’épreuve. Il était pourtant prévenu : un jour ou l’autre on doit négocier avec la loi de l’emmerdement maximum. Reste à disputer la partie le plus élégamment possible.
Comme dans Falaises, Des vents contraires ou Les Lisières, Olivier Adam convoque un de ses doubles et brouille savoureusement les pistes entre fiction et réalité dans ce grand livre d’une vitalité romanesque et d’une autodérision très anglo-saxonnes.



Dealer : SP Flammarion


Ma lecture :

Quand je suis rentrée de vacances, le nouveau roman d'Olivier Adam m'attendait sagement. Noël au 15-Août ! L'occasion de ressortir mes raquettes, mon volant, et ma dextérité légendaire de championne de Bretagne de Badminton... Légendaire, ma dextérité sportive. Légendaire !

Pour éviter ton excès inutile de transpiration sportive, revenons à notre roman...
Une partie de badminton s'ancre bien dans l'encre d'Olivier Adam et reprend ses thèmes chers : la famille et ses drames, la Bretagne et la mer. Le rideau s'ouvre sur Saint-Lunaire en septembre qui accueille une nouvelle famille, celle de Paul Lerner, écrivain déchu de sa notoriété positive. Sa femme, Sarah, est prof dans un lycée rennais, et ses enfants, Manon et Clément, surfent sur leur adolescence, et parfois, boivent la tasse. D'ailleurs la tasse, ils finissent par tous la boire, dans cette famille...
La mise en place m'a fait penser au dernier roman ado d'Olivier Adam, La tête sous l'eau où, de la même façon, une famille quittait Paris pour venir se réfugier sous les embruns de la côte d'Emeraude.
La lecture n'est cependant pas redondante car l'intrigue diffère, seuls les éléments sont identiques. Un peu comme les romans de Patrick Modiano, où personnages et rues issus d'annuaires téléphoniques se mêlent à sa propre biographie dans un brouillard légendaire. Prenez ça comme vous voulez, mais pour moi, c'est un énorme compliment. Et effectivement, dans cette Partie de badminton, que disputent Olivier Adam et Paul Lerner. Qui est Paul Lerner ? Un personnage fictif, qui, évoluant dans un cocon entre la brume bretonne et le brouillard modianesque, ressemble étrangement à Olivier Adam. Qui gagne le match ? Personne, je crois. Ou...Olivier Adam, j'espère. Enfin, là n'est pas la question. Il est plutôt question de Paul Lerner, qui, loin de la vie parisienne, affronte les éléments qui semblent voués à se déchaîner contre lui. Il n'est plus capable d'écrire, sa femme dérive, sa fille aussi, seul son fils maintient la tête hors-de-l'eau. Les humeurs sont maussades et un drame, un fait divers, va réussir, malgré tout à les réunir. Mais pour retrouver l'accalmie, ils devront, auparavant, affronter une terrible tempête... Je sais, je suis un peu vilaine, je vous dévoilé le dénouement...

Mais cette accalmie assumée est nouvelle chez Olivier Adam. Je dois dire que la lecture de ce roman a éclairé ma lecture de ses autres romans. Ce Paul Lerner, double qu'Olivier Adam a déjà convoqué, accueille ses doutes, ses maux, et les nôtres aussi. Paul Lerner est un homme de notre société, celui qu'on croise sans le voir au coin de la rue, à la terrasse d'un café, celui qui ne dit jamais rien mais qui, pourtant, dit tout. Il offre un brin d'oxygène à la suffocation : le talent d'Olivier Adam est de savoir le saisir au bon moment.

J'ai vraiment aimé ce roman car il m'a permis de réfléchir sur ses autres romans et sur son œuvre en général. Il m'a également permis de prendre le temps de questionner ma lecture et le monde de l'écriture. Et enfin, il m'a permis de réfléchir sur notre monde, notre société, notre vie. La mienne, aussi. La lecture d'Une partie de badminton, n'est pas une croisière fluviale, on se prend des vagues, des rafales, mais il faut savoir profiter des accalmies pour en savourer le parfum...



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