dimanche 25 août 2019

Né d'aucune femme

 

 

Né d'aucune femme,

Franck Bouysse,
Ed. La manufacture des livres, 2019


Mot de l'éditeur :

"Mon père, on va bientôt vous demander de bénir le corps d'une femme à l'asile. 
- Et alors, qu'y a-t-il d'extraordinaire à cela ? demandai-je. 
- Sous sa robe, c'est là que je les ai cachés. 
- De quoi parlez-vous ? 
- Les cahiers... Ceux de Rose." 
Ainsi sortent de l'ombre les cahiers de Rose, ceux dans lesquels elle a raconté son histoire, cherchant à briser le secret dont on voulait couvrir son destin. Franck Bouysse, lauréat de plus de dix prix littéraires, nous offre avec Né d'aucune femme la plus vibrante de ses œuvres. Avec ce roman sensible et poignant, il confirme son immense talent à conter les failles et les grandeurs de l'âme humaine.


Dealer : Prêté :)

Ma lecture :

J'ai beaucoup entendu parler de ce livre cette année. Une couverture en noir et blanc, énigmatique ; un résumé tout aussi énigmatique. Que de mystères autour de ce roman !

Franck Bouysse, avec une écriture maîtrisée et la voix de quelques personnages-clés, nous conte la vie de Rose. A 14 ans, elle est l'aînée d'une fratrie de 4 sœurs, issue d'une famille modeste. Elle pourrait être l'héroïne d'un conte de fées à la Perrault ou à la Dickens. Vous savez, ce genre d'histoires où les enfants sont abandonnés dans la forêt ou dans les rues, forcés de travailler durement pour une sorcière ou un voyou notoire. Rose, quant à elle, est vendue. Vendue par son père à une riche famille du coin, la famille de la Forge. Elle devient la servante du maître des forges et de sa vieille mère. Cuisiner, briquer le sol, laver le linge, sans aucune considération : elle est leur véritable esclave. Edmond, le palefrenier du domaine connaît sa condition et voudrait la prendre sous son aile, la protéger de ses maîtres et l'aimer, même. Mais il doit se taire et la regarder endurer son calvaire. Calvaire qui ne fait que débuter lorsqu'elle découvre les véritables raisons de sa présence ici. Elle doit porter l'enfant du maître pour lui fournir un héritier. Lui et sa mère sont prêts à tout : viol et meurtre ne leur font pas peur pourvu qu'un enfant naisse...

Né d'aucune femme est un roman absolument sombre porté par une écriture éclairée. Et c'est cette écriture qui rend la lecture possible, car il faut savoir que le lecteur se heurte aux bas-fonds de l'âme humaine, entre humanité et inhumanité. C'est violent mais jamais trash. Les mots protègent du gore et sauveront Rose de la folie dans laquelle on veut l'enfermer pour qu'elle se taise.
Vraiment, on se croit dans le plus sombre des contes de fée, servi sans édulcorant. La misère colle aux mots et aux maux, les personnages sont les héritiers, qui des Ténardier, qui de Cosette.

Franck Bouysse livre là un grand roman porté par des personnages forts emplis de folie, de misère et de drames, et servi par une écriture magistrale. L'horreur s'installe doucement dans le roman, nous prend par les tripes, mais on ne peut, on doit, espérer la lumière finale, la lumière libératrice. Rose continuera à hanter le lecteur une fois le livre refermé, car elle est de ses personnages  qui vibre pour toujours...



Avis des lecteurs:

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