jeudi 9 mars 2017

Le silence des poupées









Anna Sam Raoul Cauvin Le silence des poupées Acrodacrolivres avis chronique critique taxidermie

Le silence des poupées,

Anna Sam,
Ed. Acrodacrolivres, 2017



Mot de l'éditeur :
Vous pensez avoir déjà touché le fond ? Vous pouvez tomber plus bas. Beaucoup plus bas. Richard avait tout pour réussir, une vie dorée, un avenir prometteur, mais tout a explosé en plein vol. La ruine et la déchéance sont devenues ses ultimes compagnes. Criblé de dettes, il n'est plus rien. Alors quand on lui propose une solution, certes radicale, peut-il encore la refuser ? Jeoffroi, taxidermiste fortuné, tend cette main secourable à Richard. Trop beau pour être vrai ? Il paraît qu'on ne tente pas impunément le diable.


Dealer : SP d'Anna Sam, que je remercie chaleureusement !


 

Ma lecture :  

J'étais à la fois intriguée et enchantée de recevoir ce roman de la part d'Anna Sam. Vous savez, Anna Sam, c'est cette caissière, non, cette hôtesse de caisse qui a raconté dans un blog les aventures et mésaventures de son travail il y a quelques années. Son blog s'était transformé en livre, puis en BD, puis en film. Bref, une réussite ! Et il se trouve qu'en bonne Landernéenne que je suis, et lorsque je vivais à Rennes, je faisais mes courses dans le Leclerc où elle officiait. Ayant un parcours universitaire similaire et démarrant la vie active dans la fanfare de la grande distribution, nous nous étions rencontrées à quelques reprises. D'ailleurs, à la lecture de ce roman, je ne peux que me souvenir d'une partie amorcée du jeu de Go. Bref, Anna Sam, je la suis via les réseaux sociaux depuis tout ce temps, et j'étais donc intriguée et enchantée de recevoir ce roman.
Alors effectivement, une amie, elle aussi intriguée par ce roman qui trainait sur la table de ma cuisine, me faisait remarquer ce week-end : "ce n'est pas facile de donner un avis franc alors que tu la connais". Dans mes chroniques, je suis toujours sincère, et quand un roman ne me plaît pas, soit je l'abandonne, soit je le termine en écrivant une note courte sans fracasser l'auteur pour autant car mon avis n'est pas universel :) Et puis, Anna Sam et moi, nous nous ne connaissons pas assez pour qu'elle tienne rigueur d'une mauvaise critique de ma part. Mais, c'est vrai que critiquer un auteur qu'on connaît peut être délicat !

Tout est dit, passons maintenant aux choses sérieuses : Le silence des poupées....

Anna Sam Raoul Cauvin Le silence des poupées Acrodacrolivres avis chronique critique taxidermie

Je ne sais même pas par où commencer... Résumer clairement le roman serait briser son charme et je ne veux pas être cruelle. En tout cas, aussi cruelle qu'Anna Sam l'est avec ses personnages. Il y est question de taxidermie. La taxidermie, cela me parle car j'avais, dans ma jeunesse, un Fennec empaillé qui trônait dans l'entrée. Je le trouvais, ma foi, plutôt sympa mais je ne m'étais jamais posé de questions sur la chose. Ce roman y répond de façon franche, directe, et presque dégueu'. Presque car, même si certains passages sont durs, il s'agit quand même de dépecer, de vider un animal, un être vivant. L'auteur n'abuse pas des descriptions mais suggère juste ce qu'il faut pour mettre l'imagination en branle, et c'est ça qui est cruel ! Cruel, mais parfaitement maîtrisé et réussi ! Le roman ne parle pas que de taxidermie, cela va plus loin. Les personnages sont bien campés, tous ont été déçus par la vie et veulent prendre leur revanche et laisser une trace d'eux sur Terre. N'est-ce pas d'ailleurs le souhait de chacun d'entre nous ? Qu'adviendra-t-il de nous après notre mort ? Qui se souviendra de nous, quelle impression restera de nous ? Je ne veux pas parler plus des personnages ni des péripéties car, je me répète, je risquerai de briser le charme du roman et vous risqueriez de me détester
Tout ce que je peux vous dire, c'est que, franchement, tout est maîtrisé : le suspens, les retournements,  les liens entre les personnages, ...
Une de mes nouvelles préférées de Roald Dahl est La logeuse, alors forcément, Jeoffroy et Richard m'y ont fait penser. Mais Anna Sam va encore plus loin que Roald Dahl dans le plaisir de la cruauté, tout en pimentant son récit de quelques gouttes d'humour noir. J'ai aussi beaucoup pensé à la série Dexter pour la "chasse" et à la série Breaking Bad quand Jeoffroy et Richard descendent dans leur labo secret et opèrent de façon méticuleuse. D'ailleurs, Richard, parti de rien, prend son rôle à cœur, tel un Heisenberg bien senti !
Pour résumer Le silence des poupées, sans en briser le charme, vous m'aurez compris, prenez un récipient en inox, versez-y 20cl de Roald Dahl, 150g de Dexter et une once de Breaking Bad. Mélangez bien et vous obtiendrez cet étonnant cocktail ! Sera-t-il délicieux ? A vous de vous laisser tentés, à vos risques et périls !

Anna,

Ton roman, sans langue de bois aucune (d'ailleurs, ne serait-elle pas plutôt en polyuréthane ?), est une franche réussite ! Une belle maîtrise des mots et de l'intrigue au service d'un roman spectaculaire. Tout y est distillé, mesuré avec une précision délicieusement machiavélique, bravo !
Bon, je reste quand même sur ma faim, alors, au boulot m'dame ! On veut la suite !




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