La fille du fossoyeur,
Joyce Carol Oates,
Ed. Philippe Rey, 2008
Mot de l'éditeur :
En 1936, Rebecca et ses parents fuient l'Allemagne nazie et échouent dans une petite ville américaine. Ancien professeur, son père doit accepter, faute de mieux, un travail de fossoyeur. L'inscription répétée de croix gammées sur les tombes qu'il est censé surveiller va l'entraîner vers le délire de persécution et l'autodestruction. Rebecca se retrouve témoin des conséquences tragiques de la démence de son père, un traumatisme dont elle ne se remettra jamais tout à fait... Un excellent Oates, où l'auteur revient sur les thèmes qui ont fait ses plus grands romans.
Dealer : SP Anne & Arnaud
Ma lecture :
Je vais vous l'avouer tout de go, je ne connaissais Joyce Carol Oates que de nom, et encore, en le voyant inscrit sur la couverture, il m'a juste vaguement dit quelque chose. Je ne l'avais encore jamais lue. Bon, en même temps, je ne suis pas branchée littérature américaine (pourquoi ? Je ne saurai vous l'expliquer). Bref, voilà l'occasion de découvrir une œuvre, parmi l’Œuvre, de cette grande dame américaine.La fille du fossoyeur est le roman de Rebecca, fille du fossoyeur de Milburn, dans l'Etat de New-York. Ce fossoyeur, Jacob Schwart, était un professeur de Mathématiques dans l'Allemagne, devenue nazie, qu'il a dû fuir dans les années 30, comme beaucoup de Juifs. Arrivés aux Etats-Unis, le mépris des Juifs demeure et il perd sa situation sociale : il ne trouve qu'un emploi de fossoyeur et une modeste maison au sein même du cimetière. Le rêve américain est bien loin... Peu à peu, usé par la vie qu'a anéantie l'Allemagne nazie, et les déconvenues américaines, il devient alcoolique, mauvais puis fou. Sa femme, aussi usée que lui, le suit dans une autre folie. Leurs deux fils, eux aussi, tournent mal dans ce pays qui ne voulait pas d'eux, où ils n'ont pas réussi à s'établir convenablement. Reste leur fille, Rebecca, née sur le bateau même les emportant vers leur rêve américain, vers leur illusion. Vous l'aurez compris, même née sur le chemin de l'espoir, Rebecca commence mal sa vie et a une enfance malheureuse. Le sort s'acharne l'année de ses treize ans où elle devient la seule "rescapée" de la famille Schwart. Sa vie d'adulte commencera aussi en faisant de mauvais choix : mauvais choix de mari, qu'elle trouve en Tignor, portrait craché de son père. Cet homme violent lui donnera néanmoins un fils. Et cette mère et ce fils trouveront la force de s'en sortir, ensemble, d'émigrer à nouveau vers la lumière et vers un nouveau rêve.
Sans nul doute, La fille du fossoyeur est un roman magistral : l'écriture est belle, fluide, poétique. Le destin de Rebecca est fantastique : partie d'une vie misérable, elle parviendra, épreuves après épreuves, à quitter la violence et à aspirer à une sérénité réconfortante. Son histoire est évidemment touchante, bouleversante. Mais, je vais vous avouer encore une chose : j'ai failli arrêter ma lecture avant la fin de la première partie : je m'ennuyais de certains passages trop longs. Mais j'ai été voir d'autres avis qui m'ont encouragée à poursuivre, et heureusement que je n'en suis pas restée là ! Les autres parties sont plus riches de rebondissements, d'émotions, ... Malgré cette petite inégalité presque bancale dans les 659 pages qui composent le roman, je ressors heureuse de ma lecture. L'histoire de Rebecca est vraiment intéressante, touche à beaucoup de sujets : les classes populaires américaines des années 30 à 50, le milieu ouvrier, le rêve américain, la Seconde Guerre Mondiale et son flot d'émigrés, la Musique, ...
Je suis contente d'avoir lu ce grand roman aux personnages et thèmes forts. La poésie naturelle de Joyce Carol Oates apporte l'émotion sans le pathos et donc beaucoup de justesse, de pudeur dans les sentiments. Rebecca restera pour moi un personnage inoubliable dans la littérature américaine.
Oh oui, je vous conseille ce roman, mais il faut s'accrocher pour accéder aux pépites merveilleuses...
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?