Bobby Nazebroque,
Paul Cluzet,Ed. Grasset, 2024
Mot de l'éditeur :
Que feriez-vous si, chaque fois que vous buvez pour oublier vos problèmes, l’enfant que vous étiez à 10 ans vous apparaissait pour vous demander des comptes ?
C’est ce qui arrive au narrateur de ce roman, Robert, jeune homme de 29 ans, alcoolique solitaire, Brautigan citadin et sorte de Werther contemporain (le lyrisme en moins et la picole en plus), dont la vie se résume à une longue suite de cuites. Sans emploi, désœuvré, ultrasensible et isolé, ils ne parlent à ses parents que pour apprendre qu’ils divorcent ou se sont réconciliés, fuit ses amis pour éviter leur jugement. Et maintenant celui de Bobby, l’enfant qu’il était, qui ne lui apparaît que dans l’ivresse et le supplie chaque fois de se rappeler leurs rêves pour les réaliser. Peut-être pas certains, être archéologue ou rockeur. Mais au moins ces deux-ci : être amoureux et heureux. Après avoir essayé de s’en débarrasser, Robert va peu à peu l’écouter. Et accepter de se souvenir de l’homme qu’il voulait devenir.
Des rues de Paris où ils vont cheminer ensemble pour retrouver une femme, aperçue dans un bar, mais dont le narrateur pressent qu’elle pourrait être l’amour de sa vie, au centre de désintoxication où Robert tentera, cette fois, de retrouver sa santé, on les suit dans ce bildungsroman à l’envers, où l’enfant devient le guide.
Mordant et tendre, grave et léger, drôle ou grinçant,
Paul Cluzet use de toutes nos émotions pour peindre avec honnêteté et talent la difficulté de grandir et l’espoir que l’enfance abritait, et qui parfois nous revient. Un premier roman qui parlera à tous et toutes, puisque nous avons tous été enfants avant que d’être adultes.
Dealer : Livres in room, Saint-Pol-de-Léon (29)
Ma lecture :
Vous l'avez probablement remarqué, j'éprouve une immense fascination pour la famille Trintignant depuis bien longtemps.
Paul Cluzet est le fils de François Cluzet et de Marie Trintignant. Ils lui ont laissé cette magie des mots et des situations.
Robert a 29 ans, ne travaille pas pour cause de phalange arrachée et trompe son ennui dans l'alcool. Un soir d'ivresse, son double-enfant lui apparaît. Bobby, bien vite surnommé ainsi par Robert, lui remonte les bretelles. A 12 ans, il n'imaginait pas sa vie comme ça. Comment a-t-il pu transformer ses rêves d'enfant en cette véritable débauche ?
Dans un récit absurde et décalé, Robert, dicté par les injonctions de Bobby, va se prendre en mains. Tomber amoureux. Guérir de l'alcool. Grandir. Les embûches rocambolesques qui se mettront sur son chemin raviront le lecteur et feront de Bobby Nazebroque un personnage inoubliable.
Je ne vais pas pouvoir en dire plus, c'est bien le genre de roman difficile à résumer.
Paul Cluzet livre un récit tout à fait loufoque mais empreint de tendresse. L'adulte a besoin de l'enfant laissé derrière lui pour pouvoir avancer. Cette main tendue de l'enfance vers l'adulte est une très belle image.
Sommes-nous devenu l'adulte que nous rêvions enfant ?
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?