mardi 21 mai 2024

Le goût des pépins de pomme

Le goût des pépins de pomme,

Katharina Hagena,
Ed. Anne Carrière, 2008


Mot de l'éditeur :

À la mort de Bertha, ses trois filles, Inga, Harriet et Christa, et sa petite-fille, Iris, la narratrice, se retrouvent dans leur maison de famille, à Bootshaven, dans le nord de l'Allemagne, pour la lecture du testament. A sa grande surprise, Iris hérite de la maison et doit décider en quelques jours de ce qu'elle va en faire. Bibliothécaire à Fribourg, elle n'envisage pas, dans un premier temps, de la conserver.
Mais, à mesure qu'elle redécouvre chaque pièce, chaque parcelle du merveilleux jardin qui l'entoure, ses souvenirs se réveillent, reconstituant l'histoire émouvante, parfois rocambolesque, mais essentiellement tragique, de trois générations de femmes.

Katharina Hagena nous livre ici un grand roman sur le thème du souvenir et de l'oubli.
Roman traduit de l'allemand par Bernard Kreiss.


Dealer : Un bouquiniste au hasard de mes pérégrinations


Ma lecture :

J'ai acheté ce roman par hasard : la couverture retro m'a tapée dans l'œil et j'étais contente de creuser ma curiosité dans la littérature allemande. 

A la mort de sa grand-mère, Iris hérite de la maison familiale. Elle n'était pourtant pas l'héritière directe puisque sa mère et ses tantes sont encore de ce monde. C'est donc ensemble qu'elles commencent par parcourir la maison. Une marche qui grince, un accroc dans un mur, un tiroir, une porte fermée : les souvenirs affluent. Mais que sont les souvenirs, au fond ?
Dans un style très lent, poétique et délicat, Katharina Hagena pose ses mots au rythme de la redécouverte de la maison de famille. C'est une exploration intime qui déroule trois générations de femmes, avec chacune, des secrets et des douleurs mal pansées. On erre dans cette maison à la recherche de fantômes et le lecteur déambule dans une mémoire bancale. Les souvenirs se mêlent et s'entremêlent, ressurgissent ou s'effacent. Un souvenir peut-il s'oublier ?

L'autrice livre un travail remarquable sur la mémoire et l'oubli et offre des réflexions enrichissantes qui m'ont beaucoup touchée. L'idée de la maison familiale, gardienne de la mémoire familiale me plaît beaucoup. Chaque pièce a ses souvenirs que les murs ne veulent pas toujours murmurer. Les secrets, parfois, restent tapis dans la mémoire embuée. Beaucoup de douceur pour évoquer l'histoire familiale parfois rude.

J'ai beaucoup aimé cette exploration de la maison, au gré des souvenirs, butant sur un secret, ou un oubli, ici où là. Le style m'a fait penser à la langueur anglaise, à ce temps qui s'étire et se confond.
Une histoire d'amour pimente ces effluves de souvenirs, elle aussi très douce.

Un beau moment de lecture hors du temps. Avec son titre et le style, c'est une lecture idéale à l'automne.


L'oubli ne tenait-il qu'à l'incapacité de retenir les choses?
Peut-être que les vieilles gens n'oubliaient rien mais se refusaient simplement à retenir ceci ou cela.
À partir d'une certaine quantité de souvenirs, chacun devait finir par en être saturé.
L'oubli n'était donc lui-même qu'une forme de souvenir.
Si l'on n'oubliait rien, on ne pourrait pas non plus se souvenir de quoi que ce soit.
Les souvenirs sont des îles qui flottent dans l'océan de l'oubli.
 Il y a dans cet océan des courants, des remous, des profondeurs insondables.
 Il en émerge parfois des bancs de sable qui s'agrègent autour des îles, parfois quelque chose disparaît. Le cerveau a ses marées.

Avis des lecteurs:

Et vous, qu'en pensez-vous ?

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