lundi 9 mars 2020

Petit pays

Petit pays,

Gaël Faye,
Ed. Grasset, 2016


Mot de l'éditeur :

En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel  voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…
Avec un rare sens du romanesque, Gaël Faye évoque les tourments et les interrogations d’un enfant pris dans une Histoire qui le fait grandir plus vite que prévu. Nourri d’un drame que l’auteur connaît bien, un premier roman d’une ampleur exceptionnelle, parcouru d’ombres et de lumière, de tragique et d’humour, de personnages qui tentent de survivre à la tragédie.



Dealer : Bibliothèque de Sibiril


Ma lecture :

La sortie de Petit Pays avait fait grand bruit il y a quatre ans, il avait d'ailleurs été couronné par le Goncourt des Lycéens. Il sort ces jours-ci au cinéma, l'occasion, enfin, de le lire...

La guerre au Rwanda, entre les Hutus et les Tutsis a rythmé mon enfance. De loin, de très loin. Ce n'était que des mots qui ne reflétaient qu'une réalité très vague, presque irréelle.
Gaël Faye apporte de la consistance, des âmes à ce drame qui sévissait dans les années 90, la guerre entre les Hutus et les Tutsis, le génocide rwandais. Son personnage, Gaby, n'est autre que son double fictionnel. Il raconte son enfance au Burundi, né d'une mère rwandaise et d'un père français. Ses copains aussi ont des origines différentes : belges, zaïroises, ... mais s'entendent tous autour de leurs jeux d'enfants. Ils se retrouvent dans un vieux combi Volkswagen, fument des cigarettes en cachette, pêchent et se baignent dans le fleuve. Lorsque la guerre éclate et que l'identité, Hutu ou Tutsi, devient source de conflit, son monde s'écroule. Certains de ses amis, encore des enfants, prennent parti puis prennent carrément les armes. Gaby est horrifié et trouve refuge dans les livres prêté par sa voisine grecque. Il ne veut pas grandir et veut rester l'enfant qu'il est. Pourtant, autour de lui, la mort tourne. Ses cousins, ses oncles, tantes disparaissent les uns après les autres. Il est bientôt temps de fuir avant d'être tué à son tour...

Petit pays est un roman fort sur le génocide rwandais. La guerre est vue par Gaby, 13 ans, qui n'y comprend rien car il ne se sent ni Hutu, ni Tutsi, même si sa famille fait partie du second clan, le clan des persécutés. Lui, finalement, est métis et ne se sent pas concerné par la guerre civile, mais est déchiré lorsqu'elle démantèle sa famille et ses amis. Il ne veut pas choisir son camp, il est du côté de l'humain. Mais où dort l'humanité quand un pays, un quartier, une rue se déchire pour des idéologies absurdes ?
L'écriture de Gaël Faye est tendre et poétique, surtout dans ses lettres ou dans son journal. Il n'use d'aucun pathos pour raconter son enfance, il n'y en a pas besoin.
La musique rythme le roman, les sons de la rue aussi ont une importance. Les descriptions de la nature sont bien précises et plantent le décor. L'auteur écrit avec ses tripes et ses sens pour se replonger dans les drames de son enfance.

Comprend-t-on mieux une guerre civile ou un génocide après la lecture ? Non, bien sûr. Mais elle met des images, des âmes sur des mots parfois abstraits. On en ressort bouleversé. Bouleversé par l'humanité mise à mal. Est-il possible de se sortir de ces drames ? Gaby saura faire preuve de résilience, toujours tourné vers l'humain, vers l'absolu.
Merci, Gaël Faye !







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