Swing à Berlin,
Christophe Lambert,Ed. Bayard, 2012
Mot de l'éditeur :
Berlin, 1942. La guerre s'enlise, et les Allemands commencent à sentir que l'issue ne sera pas victorieuse. Joseph Goebbels, ministre de la Propagande, cherche un moyen de remonter le moral de la population. Et quoi de plus joyeux que le jazz ? Mais, considéré comme une « musique dégénérée » ou « musique de nègres », il est interdit par le régime. Le ministre ordonne donc que l'on crée un groupe de « musique de danse accentuée rythmiquement », un jazz qui valoriserait les thèses aryennes. Le vieux pianiste Wilhelm Dussander est à la retraite depuis que les membres juifs de son groupe ont été arrêtés. S'il estime que la politique n'est pas l'affaire des musiciens, il n'a jamais aimé les nazis. Pourtant, lorsque Goebbels le sollicite pour monter le groupe qu'il appelle de ses voeux, Dussander n'a d'autre choix que d'acrécepter... Un hommage à la musique. Un appel à la liberté.Dealer : Médiathèque de Saint-Pol-de-Léon
Ma lecture :
Oui, j'ai chipé ce roman dans la section de ma bibliothèque. Mais qui aurait pu résister face à cette jolie couv' aussi évocatrice qu'énigmatique ?Dans leur obsession de la propagande, les Nazis se sont également tournés vers la musique. Dans les années 30, un rythme venu des États-Unis émerge en Europe : le Jazz. Les big bands font swinguer la jeunesse. Ah oui mais non, disent les Nazis. Le Jazz, cette musique de noirs américains est surtout ultra dégénérée ! Pourtant, admettent-ils, c'est vrai qu'elle est sympa, Goebbels se dandinerait bien sur des airs de Django Reinhart. Ah oui mais non, c'est une musique de dégénérés. Allez, se dit Goebbels, créons un big band de "musique de danse accentuée rythmiquement" bien nazillard et remontons le moral des troupes!
C'est ainsi que Christophe Lambert ce penche sur un pan moins connu du IIIème Reich : ils ont détourné le Jazz pour en faire une musique joyeuse de propagande. Ou de joyeuse propagande, cela marche aussi. Un vieux professeur de musique est chargé de recruter des jeunes musiciens pour former un big band convaincant. Hélas, beaucoup de jeunes sont embrigadés dans les jeunesses hitlériennes et leur formation formatage militaire n'est pas compatible avec les improvisations et les belles embardées du jazz, pardon, de la "musique de danse accentuée rythmiquement". Difficile de trouver des esprits libres animés par la musique. Néanmoins, il déniche quatre jeunes hommes : Thomas, Max, Ruppert et Hermann. Commence alors une aventure humaine à la Cercle des Poètes Disparus où le professeur leur enseigne l'histoire et la pratique du Jazz. Les adolescents, malgré leurs différences, vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser. Ils entament alors une tournée nationale, adulés par le peuple allemand. Mais l'Histoire va les rattraper et tous, un à un, devront faire des choix...
Sans nul doute, Swing à Berlin est un véritable coup de cœur ! Ce roman jeunesse explore avec tact et brio la Seconde Guerre Mondiale et la propagande nazie. Christophe Lambert mêle fiction et vérités historiques pour mieux servir son histoire et l'Histoire.
A lire, pour se replonger dans les sombres années de notre Histoire récente et pour ne plus se laisser embrigader par une quelconque propagande nauséabonde...
Avis des lecteurs:
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