jeudi 17 mars 2016

Maus (T1)

Maus : Mon père saigne l'histoire,
Art Spiegelman,
Ed. Flammarion, 1987  (1994 pour la présente édition)


Mot de l'éditeur :
Maus raconte la vie de Vladek Spiegelman, rescapé juif des camps nazis, et de son fils, auteur de bandes dessinées, qui cherche un terrain de réconciliation avec son père, sa terrifiante histoire et l'Histoire. Des portes d'Auschwitz aux trottoirs de New York se déroule en deux temps (les années 30 et les années 70) le récit d'une double survie : celle du père, mais aussi celle du fils, qui se débat pour survivre au survivant. Ici, les Nazis sont des chats et les Juifs des souris. 



Dealer : Médiathèque de Saint-Pol-de-Léon



Ma lecture :
Maus, je me souviens le voir dans le bac de quelques BD présentes dans le CDI de mon lycée. Souvent je l'ai pris entre mes mains, intéressée par le sujet de la Déportation, mais troublée par le dessin, je l'ai toujours rapidement reposé et jamais lu.
Une dizaine d'années plus tard, Maus a de nouveau croisé mon chemin, et je l'ai enfin emprunté pour le lire.
Au départ, le dessin est austère, abrupte, en noir et blanc ; et le traducteur a gardé la syntaxe d'origine, c'est-à-dire que pour nous, le texte est monté à l'envers. Pour être plus explicite, voici comment sont tournées les phrases : "On nous a mis dans des jolies maisons en bois, et de la soupe et du pain on a eu." Mais si tout ceci déroute au début de la lecture, ces détails stylistiques, dessin et texte, donc, aident beaucoup à créer une ambiance terrible, effroyable. J'ai senti la peur des personnages, traqués, à juste titre, comme des chats (Nazis) traquent les souris (Juifs) dans leur propre pays.
Dans ce premier tome (sur deux au total), nous suivons la famille de Vladek Spiegelman, rescapé d'Auschwitz, qui raconte sa vie depuis les années 30 à son fils, dessinateur de BD. L'occasion de briser des tabous, l'occasion pour un fils de renouer avec son père toujours un peu ailleurs, l'occasion de croiser l'histoire et l'Histoire. Nous nous attachons aux personnages de Vladek, souvent drôle d'ailleurs, de sa femme Anja et de leurs familles.
Un très bel ouvrage saisissant mais qui ne sombre pas dans le pathos. Vladek raconte son histoire dans l'Histoire sans véritable rancœur, il la raconte comme s'il était un personnage de roman, ou de BD ici. Cela a dû être moins douloureux pour l'auteur, Art Spiegelman, de transposer les hommes en animaux, ils devenaient alors pour lui moins concrets, mais pour le lecteur, pour le coup, vraiment plus concrets. L'intention et les moyens mis en œuvre par l'auteur pour retranscrire cette sombre partie de l'histoire de l'humanité sont extrêmement louables et le rendu est effroyablement réussi !
Je suis passée à côté de ce chef d’œuvre pendant des années, je suis contente d'avoir réussi à franchir le pas et passer outre ce visage de souris qui me faisait, je l'avoue, tant peur sur la couverture.
Bravo Art Spiegelman pour ce travail !

Avis des lecteurs:

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