A l'encre russe,
Tatiana de Rosnay,
Ed. Héloïse d'Ormesson, 2013
Mot de l'éditeur :
L'Enveloppe a valu au jeune romancier Nicolas Kolt un succès international et une notoriété dans laquelle il tend à se complaire. C'est en découvrant la véritable identité de son père et en fouillant jusqu'en Russie dans l'histoire de ses ancêtres qu'il a trouvé la trame de son premier livre. Depuis, il peine à fournir un autre best-seller à son éditrice. Trois jours dans un hôtel de luxe sur la côte toscane, en compagnie de la jolie Malvina, devraient l'aider à prendre de la distance avec ses fans. Un week-end tumultueux durant lequel sa vie va basculer ...
Dealer : Médiathèque de Saint-Pol-de-Léon
Ma lecture :
Après ma lecture bien mitigée de Son carnet rouge, et toujours éblouie par Elle s'appelait Sarah, j'ai eu envie de, vite, renouer avec Tatiana de Rosnay.
A l'encre russe nous emmène dans les tourments intérieurs de l'écrivain. L'écrivain, c'est Nicolas Duhamel, jeune, séduisant et fort du succès de son premier roman, L'enveloppe, qui lui ouvre toutes les portes et tous les bras. On le découvre en week-end en Toscane, en compagnie de son amour du moment. Il la délaisse d'ailleurs pour d'autres bras, d'autres désirs. Il plaît, il est connu, et il en profite. Évidemment, au sommet de sa gloire, Nicolas Duhamel a pris la grosse tête. Il vit sur son succès et repousse sans cesse la page blanche de son prochain roman. Tout tourne autour de sa personne orgueilleuse et il n'a plus guère le temps de de prendre soin de sa famille et de ses amis. Vous l'aurez compris, ce Nicolas est terriblement agaçant, entre le Marcus de La vérité sur l'affaire Harry Québert et Frédéric Beigbéder. Voyez le genre ?
Pourtant, lorsqu'il a écrit L'enveloppe quelques années plus tôt, avant ce tourbillon médiatique, il a rendu hommage à son père disparu en mer et questionnait la notion d'identité. Ce roman était basé sur son histoire familiale. A l'occasion d'établir un nouveau passeport, Nicolas a découvert que son père ne s'appelait pas Duhamel, mais Koltchine. Koltchine ? Né en Russie dans les années 60, d'une mère adolescente et d'un père inconnu, il aurait été adopté par Lionel Duhamel, le grand-père de Nicolas. Le jeune homme, bouleversé par ce secret, parcourt Saint-Pétersbourg à la recherche de ses origines, de ce sang russe. C'est avec ce sang et le Mont-Blanc de son père qu'il écrit son premier roman, un ultime hommage. Fictionner la réalité pour lui donner plus de sens. Et l'identitié dans tout ça ? Nicolas compose avec, entre ce sang parisien et ce rang russe.
Tatiana de Rosnay explore deux facettes, deux histoires, d'un même personnage, Nicolas Duhamel. Un seul personnage ? Le fils orphelin Nicolas Duhamel devient l'écrivain Nicolas Kolt. Ce nom choisi en hommage à ce sang russe. Ce nom qui lui donnera l'identité d'un écrivain, finalement, très orgueilleux. Trop orgueilleux pour pouvoir écrire de nouveau. Elle aborde des thèmes comme l'écriture et l'identité avec excès et pudeur. L'excès des frasques de l'écrivain pris dans le tourbillon de la jet set, et la pudeur de l'écrivain dans le processus de l'écriture. Le choix du schéma narratif est particulier car le temps du récit est celui de ce week-end dans cet hôtel prestigieux de Toscane, et la découverte de son secret familial se fait en flash-back, en second plan. Pourtant ce secret tient en haleine et tient même le roman car il rend tout de suite le méprisable Nicolas Kolt plus sympathique et donc plus empathique.
Quant à la fin... je l'ai trouvée formidable, elle clôt parfaitement cette dualité.
Je sais que vous lirez ces mots, Tatiana, alors, j'ai une question, un conseil de lecture :
A quel roman de votre plume voudriez-vous offrir plus de lecteurs ?
Avis des lecteurs:
Et vous, qu'en pensez-vous ?